Maurice/Madagascar : sous le signe du renouveau

La présence à Maurice du président nouvellement élu de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, en tant qu’invité d’honneur du gouvernement à l’occasion du 51e anniversaire de l’indépendance, a permis de placer les relations entre Maurice et la Grande île sous le signe du renouveau.

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Le Premier ministre et le président malgache ont d’ailleurs eu l’occasion, à plusieurs reprises, solennellement pris l’engagement d’approfondir les relations bilatérales. Le symbole le plus probant de cette volonté a été le tableau illustrant un bateau battant aussi bien pavillon mauricien que celui de Madagascar, et imprimé dans le verre qui, sur l’insistance du président malgache, a été placé à l’entrée du Centre de conférence international Swami Vivekananda, lors du banquet donné en son honneur. Il devait plus tard expliquer dans son discours que ce tableau démontre que les peuples mauricien et malgache naviguent sur le même bateau vers l’avenir.

Cette visite a été intelligemment placée dans le contexte historique. Madagascar est en effet reconnue comme étant un des cinq pays de peuplement de Maurice, avec l’Inde, la Chine, la France et le Mozambique. Andry Rajoelina est allé plus loin en rappelant l’histoire des esclaves malgaches, qui ont été parmi les premiers arrivés à Maurice. Il a ainsi tenu à souligner que l’aventure malgache à Maurice a commencé un 7 décembre 1722 lorsqu’un premier groupe d’esclaves de 65 Malgaches – soit 27 hommes, 20 femmes et 18 adolescents (garçons et filles) – a débarqué du navire Rubis, de la Compagnie des Indes. «

Aussitôt débarqués, ils se sont révoltés et se sont cachés dans les montagnes pour devenir des esclaves marrons », a-t-il observé, comme pour bien souligner l’attachement des Malgaches à la liberté. C’est d’ailleurs un malgache, en l’occurrence Ratsitatane, qui symbolise dans l’imaginaire mauricien la lutte contre l’esclavage. Par ailleurs, le marronnage, qui symbolise la lutte de l’esclave pour la liberté, devait rendre célèbre la montagne du Morne, aujourd’hui patrimoine mondial. Le président malgache n’a pas non plus manqué de rappeler que des Malgaches en nombre significatif ont, pendant longtemps, contribué à la prospérité de Maurice au temps de l’Isle de France. Comme pour rappeler l’attachement de la grande sœur malgache à la petite sœur mauricienne.
Au-delà des déclarations, des symboles et de l’histoire, la visite du président malgache aura aussi permis de prendre des engagements concrets. Ainsi, la personne initialement désignée pour occuper la fonction d’ambassadeur a été remplacée par un autre diplomate, qui sera plus à la hauteur des relations étroites que nos deux pays souhaitent développer.

Alors que l’ancien gouvernement malgache avait fait des difficultés pour permettre à Maurice d’aider au développement d’une zone industrielle à Fort Dauphin, le nouveau gouvernement, lui, a décidé de mettre 80 hectares de terres dans la zone de 800 hectares que le gouvernement malgache veut développer à Moramanga, situé entre Antananarivo et la côte orientale malgache.

Il a par ailleurs été annoncé qu’Air Mauritius pourra effectuer une septième fréquence dans la Grande île, laquelle pourrait être desservie par un avion-cargo. Des dispositions seront également effectuées pour harmoniser les visas d’entrée à Madagascar et à Maurice. Le ministère du Travail à Maurice travaille actuellement sur des accords standards afin de permettre l’arrivée à Maurice d’un apport diversifié de main-d’œuvre étrangère, ce qui facilitera l’accès aux travailleurs malgaches. À noter qu’ils sont déjà quelque 7 500 professionnels de ce pays à travailler à Maurice.

Des possibilités de coopération existent désormais dans plusieurs secteurs, que ce soit agricole, maritime, aérien, sanitaire, voire en matière de sécurité alimentaire. Sur le plan géopolitique, tout désormais est mis en place pour que le trio Maurice-Madagascar-Seychelles se présente comme une force de frappe économique et politique dans la région de l’Indianocéanie.

 

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