MBC : le compte-à-rebours !

Le compte à rebours dans le bras de fer engagé par l’ancienne présidente de la MBC Staff Association (MBCSA), Rehana Ameer, avec la MBC, entame sa phase finale. La syndicaliste, qui a été limogée de son poste depuis un an exactement, Jane Ragoo et Jack Bizlall, se disent déterminés à mener cette action de protestation si, d’ici vendredi prochain, une issue honorable n’est pas trouvée à ce litige. Rehana Ameer se bat pour sa réintégration à son poste à la MBC sur la base des conclusions du rapport du Fact Finding Committee de l’ex-Senior Magistrate de la Cour intermédiaire, Denis Vellien. Entre-temps, une nouvelle lettre de dénonciations de mismanagement de la MBC, d’abus de pouvoirs et de gaspillage de fonds publics est en circulation depuis au moins la semaine dernière.
Un an après son limogeage abusif, et à une semaine du début de sa grève de la faim, Rehana Ameer affirme être plus que jamais déterminée à poursuivre son action « pour que justice soit rendue ». Elle s’appuie sur la déclaration du Premier ministre, Navin Ramgoolam, en réponse à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Paul Bérenger, pour légitimer sa ligne d’action.
« Les conclusions du rapport soutiennent que les torts sont partagés. Admettons que ce soit le cas. Mais j’estime que, d’une part, j’ai le droit de savoir quelles sont mes fautes. Et d’autre part, pourquoi je suis la seule à payer les pots cassés », a déclaré à Week-End Rehana Ameer. « Au nom de la transparence, le Premier ministre ne peut s’arrêter à mi-chemin, car il est de son devoir de voir que justice is done and justice is seen to be done », confie-t-elle. « Sinon comment peut-on parler de Equal Opportunity Act ? », s’indigne-t-elle.
La grève qu’elle prévoit d’entamer à partir du 9 décembre aux côtés des syndicalistes Jack Bizlall et Jane Ragoo représente ainsi son ultime recours. « Que ce soit dit : ce n’est pas un chantage ni une menace. J’ai frappé à toutes les portes possibles, mais aucune d’entre elles n’a daigné s’ouvrir. Il faudra passer par là pour avoir justice », fait-elle ressortir pour contrer ceux qui osent parler de « chantage » dans cette affaire.
Les préparatifs pour la grève de la faim devront ainsi connaître une accélération dans les jours à venir. Mais à ce stade toutefois, très peu d’indications ont filtré quant à l’endroit où elle se déroulera. « Cette grève sera d’une durée illimitée. Je suis prête à me battre », affirme-t-elle, consciente de l’enjeu de cette décision.
À l’hôtel du gouvernement, ceux qui tentent de trouver une voie de sortie honorable dans cette affaire ne cachent pas le fait que l’équation s’annonce difficile, notamment en ce qui concerne la réintégration de Rehana Ameer à son ancien poste. Le directeur général de la MBC, Dan Callikan, aurait initialement apposé son objection à cette option.
À un certain moment, il avait été même question que la demande de Rehana Ameer pour une rencontre avec le chef du gouvernement puisse être accédée « on purely humanitarian grounds ». Mais, jusqu’à hier après-midi, aucun signe n’est venu du Prime Minister’s Office quant à cette rencontre, où le Premier ministre devait prendre connaissance des points formulés par la syndicaliste limogée.
Néanmoins, la prochaine séance du Question Time à l’Assemblée nationale avec le Whip de l’opposition, Rajesh Bhagwan, interpellant le Premier ministre sur les conditions de service et le contrat du directeur général de la MBC, pourrait donner un avant-goût du Power Game au sein du gouvernement sur le dossier de la MBC, et déterminer la séquence des événements pour la fin de la semaine.
Entre-temps, la direction générale de la MBC est de nouveau accablée, avec un véritable chapelet de dénonciations de mauvaise administration à la maison de la radio et de la télévision nationale. Au bas de la lettre de dénonciations documentée, mention est faite que 27 employés, « épuisés par la dictature de Callikan » y ont apposé leur signature. Ce nouveau développement confirme l’une des principales conclusions du Fact Finding Committee Vellien, à l’effet que les relations industrielles à la MBC demeurent toujours tendues.
Le premier cas de dénonciations porte sur les frasques d’un des responsables de la MBC, bénéficiant de « gros salaires », et qui serait impliqué dans de graves altercations avec recours à des armes tranchantes. La victime serait un autre employé de la MBC.
Les dénonciateurs soulignent qu’alors que Rehana Ameer a été sanctionnée pour une lettre anonyme, l’employé agressif en question n’a nullement été gêné sur le plan disciplinaire. La raison étant qu’il est bien connecté avec la direction générale.
Les autres cas dénoncés sont :
• une autre employée de la MBC pour incompétence professionnelle. Raison de son recrutement : elle bénéficie de la protection d’une haute personnalité du gouvernement ; ou encore
• le frère d’une personnalité influente engagée sur le plan socio-religieux, qui a vu son contrat d’une durée d’un an prolongé de manière indéfinie, même s’il n’a aucune maîtrise dans le domaine concerné.
Par ailleurs, les auteurs de la lettre s’étonnent du fait que même si un employé de la MBC a été suspendu de ses fonctions depuis avril 2009 pour des fautes très graves, aucun comité disciplinaire n’aurait été jusqu’ici institué. Ils se demandent si cet employé interdit de fonction perçoit toujours ses salaires. « Pourquoi la direction de la MBC s’est débarrassée de Rehana Ameer aussi rapidement, alors que ce cas est toujours pending depuis avril 2009 ? » ajoutent-ils.
D’autre part, cette lettre comporte des accusations graves de manipulation d’images « pour montrer le beau visage du gouvernement » pendant la campagne pour les élections générales de mai 2010. Le fait plus grave demeure que ces dénonciations viennent de l’intérieur.

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