ME PATRICIA ELIAS SMIDA:Une candidate indépendante

Pour la première fois dans l’histoire de la République française, les Français de l’étranger seront appelés à élire, en juin prochain, onze députés qui les représenteront au Parlement français. Pour ce faire, le monde a été divisé en onze circonscriptions géographiques que des candidats sillonnent depuis quelques mois pour faire campagne. Maurice fait partie, avec un certain nombre de pays d’Afrique, du Moyen-Orient et des îles de l’océan Indien, de la dixième circonscription des Français de l’étranger. Celle où Me Patricia Elias Smida est candidate indépendante. Voici son portrait.
Combien y a-t-il de ressortissants français qui vivent à l’étranger ? Selon les dernières statistiques, ils seraient plus de 2.5 millions répartis sur les cinq continents et divisés en deux grandes catégories : ceux qui vivent dans des pays dont ils ont acquis la nationalité — les binationaux ayant deux passeports — et ceux qui résident à l’étranger pour des raisons surtout professionnelles. Ces Français vivant hors de la France affirment depuis des années qu’ils ne sont pas représentés — ou le sont très mal — en France. Mais est-ce qu’il n’existe pas des instances qui sont les porte-parole des cette catégorie de Æ’rançais et dont on parle de temps en temps des activités dans la presse locale ? « Il y a les conseillers des Français de l’étranger qui font partie d’un organisme qui n’a qu’un pouvoir consultatif. Il y a les sénateurs des Français de l’étranger qui ne sont pas assignés à des pays particuliers. Les Français de l’étranger avaient besoin de représentants pour défendre leurs droits et leurs intérêts en France, au Parlement. C’est suite à une longue campagne que l’Etat français a finalement décidé de faire voter une loi instituant des députés représentants les Français de l’étranger qui seront élus pour la première fois aux élections législatives françaises qui auront lieu en juin de cette année. Avec ces nouveaux députés, responsables de régions à travers le monde, la boucle est bouclée et les Français de l’étranger auront leur porte-parole au Parlement, comme tous les autres Français. » Pour mettre en place cette addition au Parlement français, le monde a été divisé en onze circonscriptions en dehors de la France et de ses DOM et TOM. Chaque circonscription est une zone géographique où vivent entre 100 000 et 140 000 ressortissants français qui auront a élire un député aux élections législatives françaises de juin 2012. Me Patricia Elias Smida pense avoir le profil idéal pour représenter les Français de l’étranger de sa circonscription. « J’ai failli naître en Afrique où mes parents travaillaient mais c’est finalement au Moyen-Orient que je suis née et où j’ai vécu vingt ans, avec des allers et retours en France. Ensuite, par mon mariage de suis retournée vivre en Afrique, au Cameroun, puis au Gabon, où mon mari a ouvert une entreprise. Nous y vivons depuis dix ans. Par ailleurs, j’ai une formation d’avocate internationale qui m’a donné une expérience des lois et des négociations qui sont des qualités professionnelles de premier plan dans la députation. » A ces qualités professionnelles Me Patricia Elias Smida ajoute, et souligne ce qu’elle affirme être son principal argument électoral. « Je suis une Française de l’étranger. Une de ces citoyennes du monde qui tout en ne reniant pas ses origines, a choisi de vivre ailleurs. Je sais comment vivent ces Français, quelles sont leurs problèmes, leurs difficultés, comment ça se passe sur le terrain. Je ne suis pas une candidate parachutée d’un des grands partis, mais une candidate du terrain, qui veut défendre les intérêts des Français de l’étranger qui sont méconnus, voire mal considérés en France. »
Pour Patricia Elias Smida il existe en France un mauvais amalgame entre Français de l’étranger et exilés fiscaux. « Il y a 30 milliardaires français qui se sont exilés en Suisse pour ne pas payer des impôts. On a tendance à les confondre avec les 2 millions et demi de ressortissants français qui vivent à l’étranger et que l’on a tendance à visualiser allongé sous les cocotiers devant la piscine avec des boys leur servant des boissons fraîches. » L’image est sans doute caricaturale, mais est-elle fausse à cent pour cent ? N’existe-t-il pas de ces Français de l’étranger qui vivent extrêmement bien et qui ont parfois tendance à retrouver — pour ne pas dire à faire revivre — les travers des colons du temps passé ? « Ce n’est pas ainsi que vivent la majorité des Français de l’étranger. Il y a une petite minorité qui vit comme ça et elle n’a pas besoin d’être défendue ou représentée. Moi, je veux représenter la majorité, ceux qui travaillent, sont honnêtes, sont arrivés grâce à leurs sueurs et dont les droits ne sont pas défendus. La plupart des Français de l’étranger sont dans des situations précaires. Ils sont des bosseurs qui travaillent à la sueur de leur front, qui travaillent plus que les 35 heures qui ont cours en France et payent leurs impôts dans les pays où ils vivent. Nous sommes le rayonnement de la France à l’étranger et sa force économique. Je milite pour la reconnaissance des Français de l’étranger avec leur spécificité qui est souvent méconnue en France. Nos intérêts ne sont pas les mêmes que ceux des Français de France. Il y a eu beaucoup de projets de loi pour imposer encore les français de l’étranger car on considère qu’il y a de l’argent a récupérer de nous, sans contrepartie. Nous, Français de l’étranger, payons tout : nos impôts, nos soins, nos charges sociales, nos écoles et de temps à autre on veut inventer une nouvelle taxe. Nous avons besoin d’être défendus contre ces menaces au plus haut niveau. En tant que Française vivant à l’étranger, je sais que nous sommes ignorés, mal compris et parfois maltraités par les Français de France. Je veux défendre nos intérêts et nos droits. » C’est pour ces raisons que Me Patricia Elias Smida a décidé de se présenter aux élections de juin 2012. « Je suis candidate indépendante dans la dixième circonscription, une des plus grosses qui comprend l’Afrique — hors Afrique du nord — le Moyen-Orient dont Madagascar, les Seychelles, les Comores et Maurice. » Quels sont les moyens financiers dont doit disposer une candidate pour faire campagne dans une circonscription d’une telle envergure, pour se faire connaître de l’électorat ? « Ils sont dérisoires. Je ne dispose que des moyens mis à la disposition des candidats par le loi électorale française : 38 000 euros pour la circonscription — plus 56 pays — plus 4 centimes d’euros par votant. Je dois avancer la somme puisqu’elle est remboursée après la campagne. Le candidat qui arrive à obtenir plus de 5% des voix de sa circonscription est remboursée de 50% de ses dépenses électorales. Ce qui vous prouve que je ne me suis pas engagée dans cette bataille pour de l’argent. Je suis une candidate indépendante, c’est-à-dire que je ne suis pas une parachutée des états-majors des grands partis et que je ne dispose pas de leurs ressources financières. » Pour faire campagne tant mal que bien, Me Elias Smida compte sur son capital sympathie, travaille beaucoup sur internet et sur des réseaux sociaux. Elle soutient, une fois encore, que sa principale qualité réside dans le fait qu’elle est une Française de l’étranger, qu’elle vit comme eux, parle leur langue, connaît leurs besoins : une sécurité médicale, une bonne scolarité pour les enfants, une assurance médicale, un système de rapatriement en cas d’urgence.
Maurice est le quatrième pays par nombre de ressortissants de Français de l’étranger de la dixième circonscription. Elle est précédée du Liban, de Madagascar et du Gabon. La moitié des Français de l’étranger résidant à Maurice sont des binationaux, c’est-à-dire de détenteurs de la double nationalité. A la fin de l’année dernière, ils étaient 9000 enregistrés auprès du consulat et 6 300 inscrits sur les listes électorales françaises. Mais ce nombre a dû augmenter puisque de nouvelles inscriptions ont eu lieu jusqu’en décembre 2011. Me Elias Smida a tenu des réunions à Maurice pour inciter les Français à aller se faire inscrire et surtout à se préparer pour aller voter en masse en juin. Elle se dit très satisfaite de ces rencontres et demeure convaincue que « les ressortissants français vivant à l’étranger ne sont pas des moutons de Panurge, mais des gens éclairés qui vont lire les programmes et élire les candidats qui sont comme eux et sauront défendre leurs intérêts et choisir au lieu de laisser choisir pour eux par les grands partis ». Dans quel courant idéologique se retrouve la candidate indépendante ? « Dans ces élections-là, je n’ai pas besoin d’idéologie de droite ou de gauche pour défendre mes concitoyens. Je suis au service de tous les Français de l’étranger de ma circonscription queless que soient leurs convictions politiques. » Et pour la présidentielle pour quel candidat votera Me Elias Smida ? « J’attends la liste définitive des candidats pour faire mon choix, mais je voterai pour le meilleur candidats pour les Français de l’étranger et les français en général.’ Me Patricia Elias Smida n’a pas souhaité répondre à une question sur le Front National. Elle sait sans doute qu’aussi paradoxal que cela puisse être dans un pays multiracial comme Maurice, pas mal de Français de l’étranger résidant ici avaient voté Front National aux dernières élections. Etre candidate indépendante n’empêche pas de faire preuve de prudence électorale…

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