Médaillé d’or aux Jeux d’Afrique de la Jeunesse : Aftab Battun : sa mère, son roc

Aftab Battun bénéficie du soutien indéfectible de sa mère dans sa carrière sportive

Aftab Battun s’est rapidement fait un nom dans le petit monde de la pétanque mauricienne. Médaillé d’argent au tir de précision (10 m) aux derniers Jeux de la CJSOI à Djibouti, le jeune bouliste de 17 ans a crevé l’écran récemment aux derniers Jeux d’Afrique de la Jeunesse (JAJ) à Alger en décrochant l’or dans sa discipline de prédilection, tout en s’offrant le bronze en doublette et à la boule lyonnaise. Même si la vie ne lui a pas toujours fait de cadeaux, Aftab Battun veut croire en des lendemains meilleurs.

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Issu d’une famille de quatre enfants, il a dû mettre un terme à ses études voilà trois ans, afin de subvenir aux besoins de sa famille. S’essayant à la maçonnerie, il aide également sa mère dans la vente de briyani. D’ailleurs, si ce jeune originaire de Grand-Baie a pu trouver sa place au soleil dans le domaine sportif, il le doit en grande partie au soutien indéfectible et à la complicité de sa mère, Faranaz. Celle qui ne regrette pas aujourd’hui les nuits blanches a offert à son fils ses premières boules de pétanque qui lui servaient plutôt de loisir, car rien ne prédestinait le fils prodige à une telle montée en puissance.  Un malheureux incident devait ainsi bouleverser son orientation sportive.

« Lors d’une partie de football avec des amis, je me suis cassé le bras. Je me suis dit qu’à partir de là, je ne pratiquerai rien d’autre que la pétanque. L’atmosphère y est plus posée et on se sent plus en sécurité. Je n’ai plus jamais joué au foot de toute ma vie », confie Aftab Battun en riant. À partir de là, il a participé à de petits tournois de quartier, jusqu’au moment où il a été repéré par des membres de l’Association de pétanque de l’île Maurice (APIM). Sa mère fait revivre des souvenirs. « Au début, nous avions des reproches du voisinage vu que mes fils et leurs cousins, qui jouaient dans la cour familiale, abîmaient souvent les plantes et faisaient beaucoup de bruit. »

Elle poursuit. « Plus tard, ils se rendaient dans des régions assez éloignées par moments. Je regardais l’heure plusieurs fois pendant la nuit en attendant que mon fils et son cousin reviennent des sessions d’entraînement. Mais je ne regrette rien, je suis si fière de lui. Il fait honneur à son pays et à sa famille »,souligne Faranaz Battun. Cette dernière ajoute qu’elle s’adonne également à la pétanque de temps en temps avec ses enfants et quelques membres de la famille, sur un terrain de la localité, où beaucoup de familles viennent se détendre de la même façon. « Aftab est maintenant très connu à Grand-Baie. Tant que je serai vivante, je serai toujours là pour le soutenir et le pousser plus loin, peu importe son âge. »

Une passion longue de quatre ans

Aftab Battun a donc fait de la pétanque sa passion depuis 2014. Il revient sur son parcours. « Pour ma première compétition sous l’égide de l’APIM, j’avais atteint les demi-finales face aux meilleurs éléments locaux à Goodlands. J’ai certes souvent perdu, mais je n’ai pas baissé les bras », fait-il ressortir. Durant cette même période, ce sport a pris graduellement une place importante dans sa vie. Après un tournoi interîles organisé à Maurice, le comité régional de pétanque de l’île de la Réunion l’a invité, alors qu’il n’avait que 15 ans, dans le cadre d’un tournoi et d’un stage de deux semaines. « J’avais peur de laisser partir mon enfant, surtout que c’était la première fois et que moi j’étais seule. Toutefois, c’était sa chance et je ne pouvais pas l’en priver. Il était déjà doué », avoue sa mère.

Aftab Battun n’avait pas réalisé de grosses performances à l’île sœur, mais il est retourné pour se perfectionner pendant deux ans, en intégrant le club de Vacoas et en remportant plusieurs compétitions locales. Par la suite, il a été sélectionné pour représenter Maurice cette année aux Jeux de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’océan Indien (CJSOI). Il se contente de la médaille d’argent suite à sa défaite face à un champion du monde d’origine malgache en finale. « Dès que j’ai commencé la pétanque, je me suis lancé dans le tir de précision. J’ai le sentiment que cette discipline n’a aucun secret pour moi. Pour cela, je serai toujours reconnaissant à mon cousin Artaf Sooroup, qui m’y a initié », soutient-il.

Par la suite, le Nordiste décroche trois médailles aux JAJ à son palmarès. Toujours est-il que ce n’est qu’une dizaine de jours avant son départ qu’il a été informé de sa sélection. Aftab Battun s’est donc entraîné pendant deux heures, quatre fois par semaine, sous la férule de Salim Sookharry. « J’ai évolué face à des joueurs talentueux en Algérie et c’était une grande expérience pour moi. La pression était énorme et je n’avais pas de contact avec mon pays. J’ai beaucoup appris et gagné en confiance. Je souhaite participer aux championnats du monde bientôt », soutient-il. Et d’expliquer que pour le tir de précision, il ne faut pas pour autant s’entraîner tous les jours, au risque de « perdre son tir. » « La pétanque est une discipline qui demande de la pratique, mais aussi de la concentration. J’entraîne également des jeunes qui s’y intéressent. » 

À l’issue des JAJ, des pointures mondiales de France et de Libye lui ont proposé d’évoluer dans leurs clubs. Toutefois, il n’a pris aucune décision. « Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais tant que cela concerne la pétanque, je me donnerai à fond. Si je peux également aider ma famille de cette façon, je n’abandonnerai pas », confie Aftab Battun.

Mieux comprendre le tir de précision

Cela fait déjà 18 ans que le tir de précision est devenu une épreuve incontournable des championnats du monde de pétanque. C’est une branche de cette discipline qui se joue sur 6 m ou 10 m. Il est également appelé « la nouvelle pétanque ». Le tir de précision oppose deux équipes (A et B) de un, deux ou trois joueurs. Chaque équipe dispose de trois boules, de trois différentes valeurs : 1, 2 et 3 points. L’équipe A place ses trois boules sur le terrain à 6 ou 10 m du point de lancer, sur une ligne perpendiculaire au point de lancer et à environ 50 cm les unes des autres. L’équipe B doit alors, boule après boule, tenter d’éliminer, en les déplaçant d’au moins 20 cm, chacune des trois boules de l’équipe A. À chaque lancer, l’équipe B choisit une des boules à sa disposition, ainsi que la boule adverse qu’elle va viser. Après chaque tir, si le tir est réussi, la boule lancée est considérée gagnante. Par contre, si le tir est manqué, c’est la boule visée qui est considérée gagnante. L’équipe ayant atteint au minimum 27 points et le plus haut score à la fin d’une double mène remporte la partie. Le score final s’évalue obligatoirement à la fin d’une double mène. En cas d’égalité, une autre double mène est alors disputée.

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