MEDPOINT : en plein zones de turbulence !

Bientôt l’enquête de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) sur le scandale du siècle de MedPoint entamera sa 40e semaine. Et des zones de forte turbulence politique se précisent pour cette période où les limiers du commissaire Anil Kumar Ujoodha s’attelleront à « tie the loose ends »des dessous du rachat de la clinique MedPoint au coût de Rs 144,7 millions. A ce stade, trois aspects du dossier retiennent toujours l’attention, soit le volet des confidences alléguées du Premier ministre, Navin Ramgoolam, à l’ancien ministre MSM, Shawkutally Soodhun, au sujet des problèmes générés par l’affaire MedPoint, la valse-hésitation de l’ICAC autour du prochain interrogatoire formel de l’ancien vice-Premier ministre et ministre des Finances et leader du MSM, Pravind Jugnauth, et encore les options ouvertes pour l’audition du Dr Krishan Malhotra, l’homme par qui le scandale est arrivé et qui est depuis le 29 décembre dernier en possession d’un chèque de Rs 144 701 300 émis par le ministère de la Santé avec le feu vert des Finances. En marge de ces zones d’ombre à élucider, les dernières convocations formelles du secrétaire financier, Ali Michael Mansoor, et du directeur du Budget, Patrick Yip, ont suscité une ambiance « mouche jaune » et d’énervements au sein de ce ministère littéralement à la veille de la présentation du budget 2012.
Depuis l’interrogatoire le 16 août dernier de Shawkutally Soodhun au sujet des allégations portées à l’encontre du Premier ministre par rapport au deuxième exercice d’évaluation de la clinique MedPoint, très peu de détails ont transpiré quant aux développements intervenus ou envisagés par l’ICAC dans cette affaire.
A ce stade, Week-End n’a pas été en mesure de confirmer officiellement auprès de l’ICAC si le Premier ministre a déjà été confronté formellement aux faits allégués par l’ancien ministre Soodhun au sujet de ce deuxième exercice d’évaluation. Les recoupements d’informations effectués indiquent que lors de son passage à l’ICAC, le président du MSM avait cité le nom de Navin Ramgoolam au centre de ces mêmes confidences.
De manière systématique, en public ou dans sa déposition du 14 juillet dernier à l’encontre du leader du MMM, Navin Ramgoolam avait rejeté catégoriquement toute ingérence de sa part dans les procédures pour la réalisation du projet de National Geriatric Hospital. A ce stade, le Chief Government Valuer, Yodhun Bissessur, a déjà été entendu au sujet de cette affaire, alors que le Dr Malhotra attend toujours d’effectuer le déplacement à Maurice pour confirmer la teneur d’un communiqué démentant toute rencontre avec le Premier ministre.
Les informations parvenues à la rédaction de Week-End en fin de semaine établissent la séquence des confidences présumées du Premier ministre avec l’ancien ministre Soodhun et également celle des deux conversations entre le président du MSM et le Dr Zubair Joomaye, l’intermédiaire de Paul Bérenger. Dans sa déposition à l’ICAC, Shawkutally Soodhun affirment que les deux rencontres avec le Dr Joomaye s’étaient déroulées dans une clinique privée des Plaines-Wilhems le 24 juin et à son ancien bureau de ministre le 1er juillet à 15 heures 45. « Mo fine dire Dr Joomaye ki Bérenger pe fer fos route. Mo kwar ku li pa conne la vérité : séki Pravind Jugnauth zamé li fin intervenir et pa fine mêle li ditout dan zafer MedPoint », aurait-il fait comprendre en guise de préambule à la conversation avec le Dr Joomaye. « Paul pe fer meme errer ki certains membres du Ptr ki pe fer kwar ki sé Pravind ek Maya ek MSM ki responsab de tou bann zafer ki pe kozé lor MedPoint. Dimoune ki konne tout démars pe reste trankil et pe laisse zette la boue lor nous. Sa dimoune là c’est le Premier ministre », a-t-il poursuivi lors de la conversation du 24 juin dernier à la clinique privée.
Ensuite, le Dr Joomaye avait sollicité un rendez-vous au téléphone avec l’ancien ministre du Commerce pour la confirmation de ces éléments. Dans ses explications à l’ICAC, Shawkutally Soodhun a fait état des circonstances, qui l’ont poussé à de telles déductions. Il révèle qu’elles font suite à un échange entre lui et le Premier ministre après ses déboires à l’Assemblée nationale sur le scandale Bétamax, dont l’un des principaux actionnaires est des proches du ministre Rajesh Jeetah.
« C’était au début de juin. J’avais vu mes attributions ministérielles complètement modifiées. Le Premier ministre m’avait convoqué à son bureau. Je ne me rappelle pas de la date exacte. Au tout début, la conversation était axée sur mes nouvelles responsabilités ministérielles. C’est lui-même qui a abordé l’affaire MedPoint lors des échanges », a déclaré en substance Shawkutally Soodhun.
« Li (Ramgoolam) fine dire mwa tou kitsoz ti pe alle bien. Sa zafer MedPoint là pe kréer problem. Lerla PM fine dire moi : mo mari regrette et sa mo fine fer errer. Kan ti évaluer MedPoint lor Rs 75 millions mo ti bizin arrête sa en plas. Mo pa ti bizin intervenir », a ajouté le président du MSM dans sa déposition à l’ICAC.
La suite de la conversation au Prime Minister’s Office était axée sur les relations entre Pravind Jugnauth et son beau-frère, Krishan Malhotra. « Kan mo fine dir li ki Pravind pa fin zwen so bofrer pendant 10 ans, PM dire : Ha bon ! », a déclaré Shawkutally Soodhun en ajoutant que c’est à ce stade des échanges que la question de rencontre avec le Dr Malhotra a été évoquée.
En analysant les réactions et les réponses de Navin Ramgoolam, Shawkutally Soodhun était arrivé à la conclusion de la « rencontre alléguée ». Il ajoute ce détail que le Premier ministre aurait tiré une bouffée de son cigare en laissant échapper « aine baize sa ».
La déposition de Showkutally Soodhun porte également sur les circonstances du deuxième exercice d’évaluation. Pour étayer ses dires, il s’est appuyé sur un commentaire présumé attribué à Navin Ramgoolam lors de cette réunion à l’effet que « pou nanyen mo fine intervenir. Mo ti bizin arrête tout en place. Pa ti bizin alle lor sa deuxième évaluation Bissessur là ».
La conversation entre Navin Ramgoolam et Soodhun se serait poursuivie sur le dossier MedPoint avec un consensus entre les interlocuteurs à l’effet qu’il n’y aurait pas pu avoir d’ingérence, ni de Pravind Jugnauth, ni de Maya Hanoomanjee dans l’affaire MedPoint. La détérioration des relations entre les deux principaux partenaires de la défunte Alliance de l’Avenir a figuré également à l’agenda des préoccupations.
Bientôt ce sera un mois que ces allégations de Soodhun à l’encontre de Navin Ramgoolam auront été versées formellement dans le dossier à charge de l’ICAC. Mais jusqu’ici, un épais mystère entoure la démarche adoptée par les enquêteurs pour élucider cet aspect de l’enquête. Ce match s’avère être une confrontation entre la parole du Premier ministre à l’effet qu’il n’a pas rencontré le Dr Malhotra au cours de ces dix dernières années et qu’il n’a donné aucune directive pour un deuxième exercice d’évaluation pour la clinique MedPoint et celle d’un ancien ministre au sujet de la teneur d’un tête-à-tête avec ce même Premier ministre.
Dans un premier temps, l’ICAC devrait être en mesure de confirmer le déroulement de cette rencontre au bureau du Premier ministre après le downgrading du ministre Soodhun. Le message pour la réunion avait été communiqué au ministre concerné par le truchement d’un principaux conseillers de Navin Ramgoolam, alors que ce chapitre de l’enquête MedPoint n’est pas encore clos…

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