Meetings

— Tu as fini par te décider finalement ?
— Pour faire quoi ?
— Aller faire un tour dans les meetings du 1er Mai, pour estimer la foule.
— Non, toi. Mon bonhomme n’a pas voulu.
— Ah bon. Il ne s’intéresse plus à la politique maintenant ? Première nouvelle.
— Non, il est toujours un mordu de la politique et du football, mais cette année il m’a dit qu’il valait mieux éviter d’aller dans les meetings.
— Mais pourquoi ?
— Je vais te dire une affaire, mais promets-moi de garder ça juste pour toi.
— Tu fais comme si j’avais l’habitude d’aller raconter les affaires des autres. Je ne suis pas une palabreuse comme ta cousine, moi.
— Eh toi, tu n’as besoin de monter sur tes grands chevaux. C’était juste une remarque.
— Comme disait ma grand-mère, il y a parfois des remarques qui sont plus insultantes que des insultes.
— Bon. Je vais te dire : mon bonhomme va avoir un petit contrat avec le gouvernement pour son business. C’est à cause de ça même qu’il ne veut pas aller regarder les meetings. Tu sais comment les gens sont à Maurice.
— Mais il n’avait qu’à aller au meeting du gouvernement pour se faire voir. Comme ça il aurait eu le contrat, banker !
— Oui, mais les gens de l’opposition l’auraient su. Et ma chère cousine aurait fané partout dans la famille que nous avons viré mam. On préfère éviter.
— Du coup, tu n’as pas été aux meetings alors. Ça ne t’a pas manqué ? Avant, jamais tu aurais raté ça.
— Ecoute il y a un temps pour tout dans la vie. Comme dit mon bonhomme, on ne va risquer de perdre un contrat juste pour aller faire un tour des meetings. En plus les meetings d’aujourd’hui ne sont plus comme les meetings de longtemps. C’est plus pareil.
— Comment tu sais ça, puisque tu n’as pas été faire un tour ?
— J’ai regardé un peu le mouvement sur la route Royale, quand même, toi. Avant on faisait nous-mêmes nos pavillons, aujourd’hui on dirait qu’ils ont été faits à l’usine. Avant on mettait l’ambiance nous-mêmes, aujourd’hui il y a des groupes qu’on paye pour faire de la musique, chanter, danser et faire éclater les pétards quand le leader arrive.
— Pour un quelqu’un qui n’a pas été aux meetings, tu es bien informée, on dirait.
— Je ne suis pas allée sur place, mais j’ai écouté et j’ai regardé, toi. Je n’ai rien raté, je te dis.
— Comment tu as fait ?
— J’ai suivi tous les meetings en direct sur les radios privées et les réseaux sociaux en direct live, depuis mon salon.
— Qu’est-ce qu’ils ont dit comme ça dans leurs discours, les leaders ?
— La même chose qu’ils disent dans tous les meetings, toi : qu’ils sont les meilleurs et leurs adversaires les pires. Qu’eux vont sauver la démocratie et éviter la catastrophe économique et sortir le pays du trou où le gouvernement l’a mis. Ils ont critiqué le gouvernement de A à Z et du commencement à la fin. Tout ce qu’il fait n’est pas bon. Et ils ont tous dit que leur parti allait vers une grande victoire aux prochaines élections.
— Ils ont parlé des alliances électorales ?
— Le MMM et le PTr ont dit qu’ils allaient aller seuls aux élections et remporter la victoire.
— Mais on dit que tous les partis sont en train de négocier emba, emba pour une alliance.
— Personne au PTr et au MMM n’a parlé d’alliance, en tout cas. Bérenger a même dit que l’heure du MMM était enfin arrivée.
— Il dit ça avant chaque élection et juste après il va faire une alliance pour sauver le pays. Et le PMSD qu’est-ce qu’il a dit ?
— Le message de Xavier-Luc Duval était le suivant : le PMSD est un parti fort qui sera dans le prochain gouvernement.
— Avec quel parti, dans quelle alliance ?
— Ça il n’a pas dit. Il a seulement dit que le PMSD sera dans le prochain gouvernement.
— C’est un mari programme électoral, ça ! Mais tu as parlé que des discours des leaders des partis d’opposition. Et le leader du MSM qu’est-ce qu’il a dit comme ça, lui ?
— Il a fait un bilan de tout ce que le gouvernement a fait depuis 2014. Et crois-moi la liste est impressionnante. Il a demandé aux Mauriciens de lui donner un nouveau mandat de cinq ans pour continuer le travail commencé. Il a bien sûr dénoncé ses adversaires qui ne font que le critiquer du matin au soir et font une campagne de palabres. En tout cas, mon bonhomme et moi on a trouvé que Pravind a fait un bon discours de Premier ministre pour ce 1er Mai. Il a maintenant l’étoffe du poste…
—… Ok… ok… j’ai tout compris.
— Qu’est-ce que tu as compris ?
— Tu n’as aucun tracas à avoir, ma chère.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Marqué gardé : si tu continues à parler comme ça de Pravind, ton bonhomme aura tous les contrats qu’il veut !

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