Message de Noël de Mgr Ian Ernest

Chers frères et soeurs Bonsoir et Joyeux Noël
Que la paix de Dieu et la bonne volonté que la naissance du Christ nous offre habitent vos coeurs.
Merci de m’accueillir chez vous en ce soir de Noël. Je voudrais partager avec vous tous le message qui exalte la puissance de l’Amour de Dieu – Père, Fils et Esprit.
Nous, Mauriciens, de différentes appartenances religieuses, sommes familiers avec les “Carols” que nous chantons à Noël. Bien que ces “Carols” aient pris au fil du temps une dimension culturelle ou parfois folklorique, ils évoquent le récit historique de la naissance de Jésus à Bethléem.
Ces chants et des passages de la Bible que nous utilisons pour cette belle célébration de Noël nous amènent à découvrir l’accomplissement du plan de Salut de Dieu qui a marqué l’Histoire de toute l’humanité.
L’histoire de la naissance de Jésus n’est pas une fable ni un mythe mais bien un vrai récit qui nous parle de l’intervention divine ici-bas influençant définitivement l’histoire des hommes et des femmes de toutes générations confondues.
Cette histoire est aussi celle de la bienheureuse Vierge Marie, jeune fiancée de Joseph, dont la vie va être bouleversée par l’appel de Dieu. Chers amis, l’intervention de Dieu dérange parfois nos plans mais elle est toujours porteuse de nouvelles perspectives et de possibilités qui transforment notre quotidien.
En acceptant l’invitation de Dieu à porter en son sein celui qui mènerait le plan de Dieu à sa réalisation, Marie révèle par un des plus beaux chants des Saintes Écritures, Le Magnificat, la promesse de changement de notre destinée par Dieu en Jésus. Ainsi, la célébration de Noël a une portée différente car elle vient des promesses de Dieu faites à son peuple bien aimé.
Ce chant nous parle d’une foi vécue et Marie en est le modèle parfait. Par sa conviction religieuse elle déclare que la grâce de Dieu qui lui est accordée est aussi offerte à toutes les nations de la Terre. Marie nous enseigne donc à reconnaître la présence d’un Dieu qui agit et dont l’oeuvre est accomplie à travers les individus les plus modestes.
Et là, ceci m’amène à évoquer la place et le rôle de la femme, pilier de toute société humaine, souvent méprisée, mise à l’écart et dépourvue de toute dignité. Dieu, en cette belle célébration de Noël, redonne à la femme sa place et un rôle important à assumer. Écoutons ce que dit la Vierge Marie dans le Magnificat : « Parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante, car voici toutes les générations me diront bienheureuse. »
La réalité mauricienne m’interpelle et m’afflige. Quoi que beaucoup ait été fait pour permettre à la femme mauricienne de s’exprimer et d’assumer des responsabilités importantes, les récentes élections régionales en sont un exemple, je constate avec regret qu’en 2012 que beaucoup d’entre elles souffrent énormément car elles font toujours face à une société dominée par une mentalité archaïque. Marie, mère de Jésus a été choisie par Dieu pour être un instrument de transformation dans la vie des plus vulnérables et des exploités en soumettant sa vie à Dieu.
L’intervention de Dieu est concrètement mise en chantier par les rêves et la Foi de cette jeune femme qui a accepté d’être la mère du Messie, le Sauveur du Monde, Jésus.
Écoutons ce que dit ce chant : « Il a élevé les humbles, il a rassasié de biens les affamés. »
Cette action de reconnaître la femme pour ce qu’elle est devrait nous interpeller. Toutefois, il est important de souligner que les femmes mauriciennes mènent déjà un combat non seulement pour valoriser leurs droits et privilèges mais pour continuer à être de plus en plus des instruments de progrès, d’unité, de justice et de tendresse dans nos familles et dans l’ensemble de la société mauricienne. En rencontrant des familles mauriciennes de différentes cultures et religions, j’ai eu le privilège de parler aux femmes qui m’ont fait part de leurs frustrations, de leurs colères et des meurtrissures qu’elles subissent. J’essaye de comprendre, la violence grandissante dans les familles mauriciennes m’inquiète.
L’alcool, la violence et la domination d’un pouvoir abusif mettent un frein à leurs rôles de maman, d’épouse et de femme, rôles si importants pour la stabilité familiale et par extension pour le progrès et le développement de notre nation. Ce triste constat de vie ne se limite pas à un contexte précis, il dépasse les générations, les appartenances ethniques et raciales et les disparités économiques de notre pays.
Celles-ci peuvent, vu notre nature égoïste, nous enfermer dans des situations où la vérité et la justice ne sont pas présentes. Chers compatriotes, parler de tout cela en ce soir de Noël peut paraître déplacé, mais tel n’est pas le cas, la naissance de Jésus, rendue possible par l’acceptation d’une femme nous donne la possibilité de renverser les situations déshumanisantes. Grâce à l’humilité de Marie, une ère nouvelle se lève. Dieu remet ainsi ses premières intentions en place. Il nous a créés, comme le dit le livre de la Genèse dans la Bible, homme et femme, à son image et à sa ressemblance. Mais encore à ses yeux, nous sommes tous égaux.
La naissance de Jésus nous rend libres, de notre fragilité, de notre vulnérabilité et de notre inquiétude de satisfaire nos propres besoins. La Vierge Marie, par son exemple, son courage et sa foi, nous fait comprendre le sens même de cette naissance. Elle, jeune fille fiancée se trouvant soudainement enceinte par une intervention divine dépassant la compréhension humaine, décide de braver le rejet, les qu’en-dira-t-on, les palabres, le mécontentement et le mépris de ses proches et son environnement social.
Par sa foi, elle assume le défi que Dieu lui a donné. Et nous découvrons alors que la Fête de Noël que nous célébrons n’est pas un simple anniversaire mais bien la célébration d’un événement libérateur. Le Christ Jésus, dont je vous parle, a vécu parmi nous, il a connu la souffrance mais aussi a été témoin des souffrances subies par les personnes les plus démunies de sa génération. En goûtant à notre pauvreté et à notre fragilité, Dieu en Jésus vient nous donner la capacité de nous surpasser.
Cet enfant, ce nouveau-né, né dans une étable, est devenu le Sauveur du Monde, comme le Chant de Marie exalte dans les Saintes Écritures. Dieu sait donner à celui qui est vulnérable et faible, un avenir et une force. Sommes-nous capables en tant que personnes de bonnes intentions, de donner à ceux qui sont pauvres, faibles et sans défense le potentiel de changer de vie ? Je n’en suis pas sûr. La femme, l’enfant et la personne âgée sont victimes de leurs faiblesses, de leurs fragilités et du complexe de supériorité qui parfois nous domine. Au lieu d’être protégés, aimés et accompagnés, ils sont les cibles préférées des individus sans coeurs et sans scrupules. Au cours de ces dernières années, les chiffres parlent d’eux-mêmes. La violence chez des familles ne cesse de s’accentuer. Dans les dessins faits par les enfants âgés de moins de dix ans de certaines régions de l’île, je découvre avec stupeur/horreur l’alcool, le sang et des armes tranchantes. La vie qui devient de plus en plus difficile est marquée par une montée en force d’un matérialisme séduisant qui sème la pagaille dans les familles.
En évoquant l’histoire de Marie, dans le récit de la naissance du Christ, l’Évangile place la femme comme pilier de la famille. Celle-ci a toute son importance dans le plan du Salut de Dieu réalisé par le Christ. Pendant qu’une certaine culture émerge pour neutraliser le fondement même de la famille humaine, Dieu en ce soir de Noël nous parle de la nécessité d’une communauté d’Amour telle qu’elle est construite en Dieu.
Le Magnificat, le chant de Marie parle du rassemblement de tous ceux qui veulent vivre de l’Amour, le respect des autres et la solidarité. C’est le monde que nous offre le Sauveur qui nous est né – Jésus. Gloire à Dieu au plus haut des cieux Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.

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