Metro : Cap des premiers 100 000 voyageurs

  • L’exploitation du réseau de “Feeder Buses” perçue comme une bouée de sauvetage en termes de passagers transportés

Avec le cap franchi des premiers 100 000 passagers ayant pris les Urbos 100 de Metro-Express Limited depuis le début de l’exploitation commerciale de ce moyen de « Mass Transit », soit 101 000 exactement à jeudi soir, l’heure pour les traditionnelles compagnies d’autobus opérant sur la ligne Rose-Hill/Port-Louis est au « Monitoring » du « Shift ». Les compagnies d’autobus qui desservent cette ligne appréhendent en effet l’impact du service de Metro Express sur leurs opérations. La compagnie Rose-Hill Transport Limited, qui doit faire face à la concurrence directe de la desserte assurée par Metro-Express Limited, concède que l’impact se fait déjà sentir. Toutefois, du côté des deux autres « Majors » dans le transport en commun, en l’occurrence l’United Bus Service et la Corporation Nationale de Transport (CNT), le sentiment initial est des plus mitigés, en attendant la vérité des chiffres fin janvier. C’est du moins le sentiment qui se dégage chez des principaux opérateurs en fin de semaine. Pour l’heure, les responsables de ces compagnies d’autobus suivent de près l’évolution de la situation et soutiennent que les « “feeder buses” amortissent pour le moment le mouvement des passagers vers les trams de Metro Express ».

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Swaley Ramjane, directeur général d’UBS, interrogé par Le Mauricien à ce sujet, laisse entendre que c’est peut-être dans une semaine ou deux qu’on aura une idée de l’impact réel du métro sur le trajet conventionnel entre Rose-Hill et Port-Louis. « Nous sommes en train de compiler nos chiffres journellement pour avoir une comparaison entre les deux systèmes. Pour le moment, on n’a pas réellement noté un “Shift” drastique vu que nous opérons aussi des “Feeder Buses” pour le Metro Express. Cela a tendance à compenser le mouvement des passagers. Moi, je pense que l’impact sera ressenti lorsque le métro sera complété le long du corridor urbain entre Port-Louis et Curepipe », a déclaré le directeur général de l’UBS.

Du côté de la CNT, on partage un peu le même avis. « Il est encore trop pour mesurer l’impact du métro sur les opérations de la corporation. Avant l’entrée en opération du métro, la CNT s’était lancée dans un exercice de projection pour prendre par la suite des mesures correctives. Depuis l’entrée en opération du service commercial de Metro-Express, nous avons démarré un autre exercice sur le comportement des passagers. Nous sommes en train de compiler nos chiffres quotidiennement pour comparer l’impact sur nos revenus. Ce n’est que dans un mois qu’on saura, car il y a aussi l’élément du “tout nouveau, tout beau” que nous sommes en train d’analyser », déclare un porte-parole de la corporation.

Du côté de la compagnie Rose-Hill Transport Ltd, la direction soutient que l’entrée en service de Metro Express Limited a eu un impact sur les opérations. Mais à travers le service des “feeder buses”, la compagnie essaie d’intégrer ce nouveau mode de transport et de rééquilibrer ses opérations.

L’appréhension a également gagné les employés de l’industrie du transport opérant sur le trajet Port-Louis/Rose-Hill. Pour Gessika Frivet, chef de gare et ancienne receveuse à l’UBS, il y a un besoin urgent de revoir la sécurité des employés autour des “feeder buses”. « Il faut savoir que le métro termine normalement ses opérations à 22h. Mais les “feeder buses” continuent à rouler dans différents endroits au-delà de 22h, car ils doivent assurer un service intra-urbain. Même si les “feeder buses” ne sont pas payants, toujours est-il que durant la nuit, on rencontre beaucoup de passagers peu coopératifs à des heures tardives dans les autobus. Il faut donc protéger les travailleurs des compagnies d’autobus la nuit », a-t-elle déclaré.

En sa qualité de présidente du Front commun des syndicats du transport, elle a signifié ainsi son intention de faire part de ses appréhensions au nouveau ministre du Transport, Alan Ganoo. En ce qui concerne des horaires de travail, elle dira que c’est grâce au “shift system” que les “feeder buses” peuvent rouler le soir. « Je n’ai pas a priori relevé de  changement s’agissant du nombre d’heures de travail que nous sommes appelés à faire. On n’a pas noté une hausse ou une diminution dans le nombre d’heures supplémentaires. Ce que nous souhaitons, c’est que tous les “feeders buses” soient équipés de caméras de surveillance. Au début, les “feeder buses” allaient être un système de “one man operator”. Mais ce n’est pas le cas pour le moment », a souligné Gessika Frivet.

Alain Kistnen, porte-parole de l’Union of Bus Industry Workers, dit, lui, regretter que le métro n’ait pu résoudre le douloureux problème de la congestion routière. « Les passagers continuent à passer beaucoup de temps dans les autobus. D’autres sont en retard au travail chaque jour. Pour moi, l’impact se fera sentir sur les heures supplémentaires des travailleurs, qui vont diminuer considérablement à l’avenir. C’est sûr que les autobus qui roulent entre Port-Louis et Rose-Hill vont enregistrer une baisse du nombre de passagers qu’ils transportent et cela va se traduire sur les recettes. Nous sommes donc dans une mauvaise passe vu que l’accord collectif garantissant les conditions d’emploi dans cette industrie a tiré à sa fin. Est-ce que la situation des compagnies d’autobus va peser lourd dans la balance lors négociations pour la signature d’un nouvel accord ? » s’est-il demandé.

2 problèmes techniques ralentissent le service de Metro-Express

La desserte de Metro Express Ltd a connu deux problèmes techniques provoquant un ralentissement hier, dans un premier temps peu après 13h et par la suite vers 15h15, soit à l’heure de pointe, avec des passagers se retrouvant sans explication sur ce qui se passait avec l’Urbos dans lequel ils se trouvaient. En effet, le premier problème technique a surgi vers 13h alors que des passagers qui se rendaient en direction de Beau-Bassin ont été bloqués pendant de longues minutes à la station de Richelieu. « Nous avons attendu plus de 15 minutes à la station vers 13h. On a appris que le métro avait eu un problème à Port-Louis. Finalement, c’est avec 35 minutes de retard que le métro a fait son apparition à la station. Le hic, c’est que le métro était en retard dans les deux sens », relate un passager.

Ce retard inexpliqué a provoqué des grincements de dents à la station, selon certains passagers sur place. L’un d’entre eux, ayant raté son rendez-vous chez un médecin, explique : « L’officier sur la plateforme nous a expliqué que ce genre de petits
problèmes lié au fonctionnement du système est normal, surtout au début du projet. Il a expliqué que cela prendra environ trois mois
avant que les opérations ne se fassent normalement. »

Puis c’était au tour de l’Urbos quittant la gare de Rose-Hill à 15h15 de connaître un autre ralentissement. Le métro était à cette heure précise bondé de passagers dont une bonne partie d’écoliers. Un des passagers qui était à bord relate que le trajet vers Port-Louis « a connu des arrêts inexpliqués », notamment à la hauteur de la station de Barkly. Selon lui, l’Urbos s’est arrêté pendant plus d’une dizaine de minutes sans bouger. « Nou pa finn kone ki pe arive. Train Captain osi pan dir nanyen ki pe pase », laisse-t-il entendre. Par la suite, affirme-t-il, le métro s’est arrêté à 200 mètres de l’Operation Command Centre de Richelieu et c’est à ce moment-là que le Train Captain aurait indiqué qu’il y avait un problème technique à régler. Les passagers ont commencé, selon lui, à se plaindre du retard qu’ils allaient accuser pour arriver à leur destination. « Deza ti pe fer extra so e nou pa ti pe kone ki pe arive », a-t-il ajouté. Ce n’est que vers 16h10 que le métro est arrivé à la station de Victoria où d’autres passagers s’impatientaient. Bon nombre parmi eux y étaient déjà depuis 15h30 croyant que l’Urbos les ramenant en direction de Rose-Hill allait démarrer vers 15h45.

« Mo finn vinn pran metro 15h30 e mo ti panse ki nou pou ale ver 15h45. Personn pan dir nanyen. Kan ler inn depase lerla bann responsab inn dir nou ki finn gagn enn ti problem e ki metro pou tarde », fait part un des passagers habitant Beau-Bassin. Selon lui, les passagers qui y étaient à cette heure ne comprenaient pas ce qui se passait et le personnel de Metro Express Ltd qui s’y trouvait ne pouvait pas non plus fournir des explications. Finalement, dira le passager, l’Urbos est arrivé vers 16h10. « La osi zot inn dir nou ki se enn lexpres Rozil e ki li pa pou aret oken stasion », a-t-il ajouté. Et d’affirmer que c’est finalement à 16h20 qu’il a quitté la station de Victoria.

Du côté de Metro Express Ltd, on avance que des failles techniques ont été détectées au niveau de l’Operation Command Centre et que cela a suscité l’intervention des techniciens qui ont été dépêchés pour les vérifications. Au niveau de MEL, on ne s’aventure pas à donner plus de détails sur la nature de ces soucis techniques, refusant de confirmer pour l’heure s’il s’agissait de coupure électrique comme avançaient certains des passagers un peu plus tôt.

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