MEURTRE À LA BASTILLE : L’étau se resserre à la Prison centrale

L’auteur de l’instruction de l’Immediate Transfer du détenu Jean Caël Permes de Beau-Bassin à Phoenix entendu à la MCIT incessamment

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Des « droplets » de sang relevées dans la cellule occupée par la victime au Block B de la prison de Beau-Bassin
Le garde-chiourme, responsable des caméras de surveillance, Manohur Totha, 47 ans, en détention en vue de son inculpation provisoire aujourd’hui

Plus d’une semaine après l’exécution sommaire à la prison de La Bastille du détenu Jean Caël Permes, âgé de 29 ans, l’étau se resserre de manière irrémédiable à la Prison centrale. L’auteur des instructions pour l’Immediate Transfer de ce détenu de Beau-Bassin à Phoenix le mardi 5 mai devra être entendu par les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team dans les plus brefs délais. Hier après-midi, un cinquième Prison Officer, Manohur Totha, âgé de 47 ans, a été placé en détention, en attendant sa comparution en Cour de Curepipe aujourd’hui, pour complicité dans le meurtre de Jean Caël Permes. De son côté, le Superintendent of Prison, Mohen Kumar Bacchoo, qui a été longuement interrogé par les enquêteurs, a pu regagner son domicile non sans avoir laissé son téléphone cellulaire et l’uniforme qu’il portait le jour du meurtre à des fins d’analyses Forensic. Mais le détail le plus troublant est que la MCIT serait en possession des prélèvements de blood droplets dans la cellule qu’occupait la victime au Block B à la prison de Beau-Bassin.

Les séances d’interrogatoire Under Warning de ces deux hauts gradés de la prison, à savoir le surintendant Bachoo et l’officier Totha, responsable des caméras de surveillance à La Bastille, auront permis aux enquêteurs de la MCIT de progresser dans leur enquête. Ainsi, le responsable de la décision de l’Immediate Transfer du détenu le 5 mai détient la clé de l’énigme derrière l’agression mortelle de Jean Caël Permes. La MCIT veut connaître les vraies raisons derrière cette décision pour un détenu On Remand en cette période de confinement.
À partir de l’interrogatoire de ce Top Gun de la prison, l’enquête criminelle devra amorcer un tournant déterminant avec probablement d’autres arrestations plus spectaculaires à la prison. Mais pour l’instant, la MCIT est en présence d’un autre élément troublant, soit des traces de blood droplets dans la cellule occupée par la victime à Beau-Bassin avant son transfèrement, donc la confirmation que Jean Caël Permes avait été agressé bien avant son arrivée à La Bastille. La MCIT est également en présence de CCTV Footage à la prison de Beau-Bassin, montrant le détenu subissant des coups de pied de la part des Prison Officers.
Dans une des versions des faits versées dans le dossier à charge, on a concédé que les officiers de la prison ont dû faire usage de « minimum force » aux termes de la section 46 des Standing Orders de la prison pour ramener à l’ordre tout prisonnier récalcitrant et ne voulant pas obéir aux ordres. La confirmation de ce détail devra donner une nouvelle dimension à cette enquête. En parallèle, le Prison Officer, responsable du monitoring des caméras de surveillance à La Bastille le 5 mai, un habitant de Rose-Belle, a été arrêté par la MCIT. Une caméra se trouvant dans la salle de surveillance l’a enregistré en train d’éteindre les autres caméras de surveillance de la prison. Mais il aurait oublié celle braquée sur lui ayant enregistré toute la scène.
Cela s’est déroulé peu avant l’arrivée du van 130 RM 10 transportant le détenu Jean Caël Permes. Interrogé aux Casernes centrales jeudi, ce Prison Officer n’a pu justifier son acte, les enquêteurs voulant savoir à tout prix la source de ces instructions. Ainsi, la police a aussi sollicité un Judge’s Order, d’un juge siégeant en référé, pour décrypter les différents échanges téléphoniques de cet officier ce 5 mai en vue d’établir le réseau opérant à la prison en toute impunité, ou encore la responsabilité des Prison Officers de la Correctional Emergency Response Team (CERT) assurant le transfert de Jean Caël Permes.
D’ailleurs, deux détenus, qui se trouvaient dans ce van, ont signifié leur intention à la MCIT de donner des détails sur ce trajet entre la prison de Beau-Bassin et La Bastille à Phoenix. Le détenu Michael Vincent Hosseny a laissé entendre dans une première déclaration verbale aux enquêteurs que des éléments du CERT dans le van l’ont agressé physiquement, aussi bien que le détenu Caël Permes durant le trajet. Sa version pourrait apporter un éclairage sur les circonstances de ce crime. Michael Hosseny a laissé entendre qu’il ne connaît pas la victime. Auparavant, il était détenu à la prison de Petit-Verger et avait été surpris par les gardiens avec un cellulaire. Il devra consigner sa version des faits officiellement en présence de Me Rama Valayden.

Quant à Christopher Perrine, récidiviste notoire, qui avait cambriolé la maison d’une Deputy Commissioner of Prisons (DCP) en octobre 2018 à Roches-Brunes, en utilisant un revolver factice, il devra lui aussi être interrogé par la police, ayant été présent dans le van 130 RM 10. Son témoignage est jugé important car il confirmera, ou pas, la version de Michael Hosseny. Entre-temps, l’équipe de l’ASP Seebaruth a prévu un exercice de reconstitution des faits à La Bastille pour les détenus Siddick Islam et Kusraj Lutchigadoo. Siddick Islam avait affirmé aux enquêteurs avoir entendu quelqu’un se faire agresser dans la cellule No 1.
Cependant, la MCIT prend sa version avec des pincettes pour le moment car il aurait donné des détails « trop précis » comme l’heure de l’agression présumée alors qu’il ne dispose pas de montre ni d’une horloge, ou encore de l’identité de certains gardiens qui auraient insulté Caël Permes. Sauf que la MCIT estime que le trafiquant de drogue avait déjà été autorisé à faire sa marche dans la cour plus tôt et donc, il a pu savoir quel Prison Officer était de service le 5 mai. Cependant, le fait que son épouse Naserah Vavra a « vendu » une Audi décapotable rouge à la compagne de Caël Permes, fait sourciller les enquêteurs.
De son côté, Kusraj Lutchigadoo a déclaré aux enquêteurs qu’il a vu les Prison Officers s’acharner sur Caël Permes car sa cellule se trouve juste en face de celle de la victime. Mais lors d’une première inspection, les enquêteurs ont noté que la visibilité était assez réduite de là où il se trouvait. Ils n’écartent pas le fait que Kusraj Lutchigadoo utilise le décès de Caël Permes en vue de se faire transférer dans une autre prison car le régime à La Bastille est « très strict », avec les détenus placés dans des Isolation Wards 23 heures sur 24.

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