MEURTRE AZIE : Ti-Antoine se rétracte et joue à l’amnésique

Pour la 4e semaine consécutive, le meurtre de Barthelemy Azie, commis le 1er août 1999 à Montagne Malgache, continue à défrayer la chronique à Rodrigues. En fin de semaine, l’un des principaux protagonistes, Jean-Marc Augustin alias Ti-Antoine, 46 ans, s’est rétracté, jouant à l’amnésique lors de la 4e reconstitution de la série menée par l’inspecteur Rajesh Moorghen, affecté au poste de police de Grande-Montagne. En parallèle, son épouse, Antoinette Augustin, a été entendue pendant trois heures par les enquêteurs de la police au sujet des événements de la soirée du 1er août 1999 aux abords de la boutique de Dada Missié. Elle a été relâchée sans aucune autre procédure alors qu’il se confirme de plus en plus que Dada Missié, le propriétaire de la boutique en question et père de Jean-Marc Augustin, serait l’instigateur de cette agression mortelle. Mais il ne pourra être entendu car il est décédé il y a deux ans environ.
Grosse frayeur, vendredi, lors de la descente des lieux du suspect Ti-Antoine à Montagne-Malgache. Pendant les trois précédentes journées, ce suspect a révélé dans les moindres détails la séquence des événéments menant à l’agression de Barthelemy Azie, 17 ans, et à la décision de se débarrasser de la dépouille de la victime dans une grotte à côté de Caverne Victoire. Au moment crucial de la reconstitution des faits, il devait se rétracter et jouer à l’amnésique devant le Chief Investigating Officer, l’inspecteur Moorghen. Néanmoins, auparavant, il avait fait des révélations sur les contacts de Dada Missié au sein de la police dans l’île et des rencontres régulières à cet effet.
Le problème s’est posé quand l’inspecteuir de police avait attiré l’attention du suspect qu’il avait emprunté une autre voie que celle indiquée dans ses dépositions et confirmée précédemment par le complice Joseph Merge Jolicoeur. « Mo pa koné kot ti alle zette lékor-là, mwa. Mo fine amène lekor ziska pié vacoas-là. Après, mo pa rappel narnyen… Ziska ler, mo fine koz la vérité », devait répondre de manière catégorique Ti-Antoine aux interrogations du responsable de l’enquête policière.
Au loin, sur le flanc de la montagne Port Sud-Est, des témoins pouvaient voir des officiers de police parlementer avec le suspect en vue de reprendre l’exercice de reconstitution. Mais ce fut en vain car tout le groupe allait rebrousser chemin pour regagner les véhicules de police en stationnement et regagner le poste de police de Grande-Montagne. Il devait partager ses nouvelles inquiétudes suite à sa collaboration avec les policiers engagés dans cette enquête avec 13 suspects pour un meurtre commis il y a 14 ans.
Pourtant, tout avait bien démarré un peu plus d’une heure auparavant. Ce vendredi, Jean-Marc Augustin était arrivé à Montagne Malgache sous forte escorte policière alors qu’une petite foule de badauds s’était rassemblée pour suivre les événements. D’abord, Ti-Antoine a identifié sa maison aussi bien que le lieu où se tenait le groupe de présumés agresseurs consommant des boissons alcoolisées.
Ce groupe comprenait sept personnes: Joseph Mario Ravina alias Baby; Joseph Morel Potiron, aussi connu sous le nom de Nicole; Merge Jolicoeur, Jean-Karl Casimir (Richarde), Jean Daniel Gaspard aussi connu sous le nom de Bobotte, Antonio Ravina (Lololle) et Ti-Antoine. La victime, Barthelemy Azie, qui attendait Vivianne Edouard, se tenait à une vingtaine de mètres de cette bande.
Quand ces deux derniers se sont rencontrés pour parler, le dénommé Baby quitta le groupe et se dirigea vers eux pour avoir des explications. Visiblement, il n’approuvait pas la rencontre entre B.Azie et V.Edouard. Le suspect Ti-Antoine confirme qu’à ce moment précis, V.Edouard prit ses distances pour rentrer chez elle. Le ton était monté entre Baby et B.Azie, alors que d’autres membres de la bande des sept se joignirent à la dispute.
Ti-Antoine allègue qu’il avait tenté d’intervenir en faveur de la victime et qu’il parvint à calmer les esprits. Les amis de Ti-Antoine se rendirent même à proximité de la boutique Dada Missié pour reprendre leur partie de beuverie. Le propriétaire de la boutique se joignit également au groupe.
Une bonne quinzaine de minutes après, B.Azie reprit la route pour rentrer à Roche-Bon-Dieu. Il passa à côté de la bande à Dada Missié et le chemin était assez étroit. « Ler Barthelemy passer zis en fas de nou, simin-là ti bien serré et ti fer mari nwar. Barthelemy fin dir ène mot déplasé. Lerla baby ine envol lor li ek flank li ène kut d’pwin. Li ti pe rod défan ek Dada Missié nek dir: touye sa g…-là, do! », déclara Ti-Antoine dans sa déposition et lors de la reconstitution.
De violents coups furent échangés alors que la victime esseulée ne pouvait opposer de résistance et de défense. B.Azie fut malmené physiquement par le groupe et projeté à terre avec sa tête heurtant lourdement le sol. « So latet ti dan ène position difisil. Ler mo trape so latet ek vire li, li népli ti buz. Ene kut, li larg ène dernye respirasyon ek li nek larguer », se rappelle-t-il encore. Sur ce, il aurait reproché aux autres d’avoir tué cet adolescent.
Sans perdre son sang-froid, Francis Augustin alias Dada Missié prit la décision de se débarrasser de « ce cadavre devenu compromettant. » « Mo papa ine ale dan so store ek ine pran ène sak guni ek li dir nou mett li dan sak. Pou bisin défalké li », ajoute Ti-Augustin en affirmant que Dada Missié mit les pieds de la victime dans le sac en premier. Tous les membres du groupe furent sommés de porter le sac à tour de rôle jusqu’à la grotte.
« Dada Missié fine pran torche pou ékler simin. Nou tou ti amène lekor-là ziska bistop lor anviron 100 mètres. Apré, mo ine pran lekor-là mo tou sel lor mo likou ziska pié vacoas », confirme Jean-Marc Augustin soutenant qu’il n’avait pas le choix dans les circonstances. « Papa ti dir personne pas koz sa. Sinon, mo touye zotte », se rappelle-t-il encore en accusant Joseph Morel Potiron, connu pour être le bras droit de Dada Missié, d’avoir répété ces menaces.
Presque en même temps que cette descente des lieux, la police a procédé à l’audition de l’épouse de Ti-Antoine. Pendant plus de trois heures, Antoinette Augustin a été entendue Under Warning. Satisfaits de ses explications, les enquêteurs l’ont autorisée à rentrer chez elle ans aucune autre formalité.
La semaine écoulée a vu un premier incident entre le principal enquêteur et un homme de loi, assurant la défense de Clanico Edouard. L’inspecteur Moorghen n’a pas apprécié l’insistance et le ton adopté par l’homme de loi pour lui parler au téléphone, alors que l’officier de police était en pleine séance d’interrogatoire. Le ton était monté quelque peu et le Chief Investigating Officer compte saisir les instances appropriées pour un rappel à l’ordre de l’homme de loi.
Les séances d’interrogatoire se sont poursuivies durant le week-end avec au programme l’audition de Joseph Claudino Bègue, aussi connu sous le nom de Yoyo et Charles Alex Ravina. À ce jour, 6 des 13 suspects en détention policière ont déjà subi des auditions formelles et lors de la comparution de demain devant le tribunal de Port-Mathurin, ils pourraient être envoyés en détention à la prison de Pointe-La-Gueule.
Au cours de la semaine prochaine, une nouvelle étape sera également franchie. L’inspecteur Moorghen envisage d’élucider les raisons pour lesquelles les circonstances de ce meurtre n’avaient pas été établies au cours de ces 14 dernières années. Dada Missié aurait entretenu des relations étroites avec des policiers concernés par cette enquête. Sur la base des détails fournis par Ti-Antoine, un premier haut gradé pourrait être convoqué pour interrogatoire dans les jours à venir…

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