MEURTRE DE BARTHELEMY AZIE : Des arrestations en série

L’enquête sur le meurtre de Barthelemy Azie, commis il y a 14 ans de cela à Rodrigues, a vu des arrestations en série depuis le jour de Noël. À hier après-midi, l’équipe de l’inspecteur de police Rajen Moorghen, qui se dit être victime d’un transfert punitif à Rodrigues, a procédé à l’interpellation de 13 suspects, dont 2 femmes dans cette affaire, alors que Georges Emilien, également placé en état d’arrestation à un certain moment, a été remis en liberté depuis le 31 décembre, vu qu’il n’a aucune implication dans ce meurtre. Les dernières arrestations, celles de Yoyo Bégué et d’Alex Jolicoeur, habitant Montagne Cabris, sont intervenues hier après-midi. Les relations entre la victime, habitant Roche Bon-Dieu, et une dénommée Vivienne Edouard, sont en toile de fond de ce sinistre règlement de compte. Ctte dernière et d’autres membres de sa famille (son frère Jean-Michel Jolicoeur, le premier suspect arrêté; son beau-frère et sa belle-soeur, Jenna Bégué) sont en détention policière dans cette même enquête.
En ce début d’année, le travail abattu par l’équipe de l’inspecteur Moorghen – qui comprend également le sergent Grazile Félicité, les constables Amable Adélaïde, Caroline Momus, Perrine Laval, Christian Casimir et Fano Flore – est salué à Rodrigues et est également le Talk of  the Island. Pendant ces 14 dernières années, le père de la victime, Simon Azie, n’avait pas baissé les bras en vue de faire la lumière quant à la disparition mystérieuse de son fils. Des séances de prière ont succédé à des lettres aux autorités pour réclamer que ce dossier ne soit pas classé, faute de preuves. Et l’inspecteur Moorhen a eu raison d’insister auprès de ses supérieurs pour que la réouverture de cette enquête criminelle lui soit confiée.
Des recoupements d’informations effectués par Week-End auprès de sources concordantes à Rodrigues indiquent qu’un des éléments majeurs de la relance de cette enquête est une rédaction d’une étudiante de 15 ans en Form IV où elle fait état de détails sur le déroulement de ce crime. Pourtant, au moment des faits, elle n’avait qu’un an. Des milieux proches des enquêteurs avancent qu’elle a relaté dans cet exercice scolaire ce qu’elle a entendu raconter quelque part. Ils n’ont pas voulu en dire plus, tout en se disant convaincus que la teneur de la lettre de dénonciation anonyme et attribuée au suspect Richard Casimir avait pour seul objectif de dérouter les enquêteurs du poste de police de Grande-Montagne.
Avec les quatre dernières arrestations – soit celles de Nicol Potiron, habitant Montagne Malgache, de Vivienne Edouard, vendredi, de Yoyo Bégué et d’Alex Jolicoeur –, hier, l’escouade de l’inspecteur Moorghen aura appréhendé quasiment tous les complices présumés de ce meurtre. Vivienne Edouard constitue un maillon déterminant dans cette affaire.
Des éléments de l’enquête accréditent la thèse que le mobile du crime était un règlement de comptes car certains des suspects ne voyaient pas d’un bon oeil les relations entre Barthelemy Azie et Vivienne Edouard, qui projetaient de se marier. Ils n’appréciaient pas, non plus, la présence régulière de la victime dans la région de Montagne Malgache, avec des allégations qu’ils étaient même en relation avec Vivienne Edouard.
Et le passage de Barthelemy Azie dans la soirée du 1er août 1999 du côté de la boutique Dada Missier, appartenant au père de Jean-Marc Jolicoeur, décédé en 2012, n’a été qu’un prétexte pour cette agression sauvage. Des suspects avancent que la consigne de « donne li ène koreksyon » avait été donnée par le même Dada Missier, qui ne peut être confronté à cet élément crucial de l’enquête. De son vivant, le dénommé Dada Missier était reconnu pour son caractère provocateur, voire violent.
De leur côté, deux des principaux suspects, Merge Jolicoeur et Jean-Marc Augustin, ont déjà participé à la reconstitution des faits sur l’agression mortelle d’il y a 14 ans. Le 30 décembre dernier, Merge Jolicoeur est revenu sur les lieux du crime pour indiquer aux policiers les différentes étapes, soit de la boutique où Barthelemy Azie avait été roué de coups, à la grotte où le cadavre avait été disposé sous des feuilles de Bois d’Oiseaux.
Ce même jour, Jean-Marc Augustin devait participer à un exercice similaire. Toutefois, la démarche fut abandonnée parce que le suspect avait été victime  d’hallucinations et ne cessait de répéter le nom de son père Dada Missier. Il fut admis à l’hôpital Queen Elizabeth II à Crève-Coeur. Toutefois, vendredi, il devait confirmer tous les détails révélés par Merge Jolicoeur sur le terrain, précédemment.
Jean-Marc Augustin a révélé que Barthelemy Azie avait été mortellement agressé devant la boutique de son père. Il a également avoué aux policiers qu’après avoir accompli leur forfait, les suspects étaient revenus devant la boutique, dans les parages du centre communautaire de Montagne Malgache pour consommer des boissons alcoolisées.
« Apré, nou ti asté nef butey rhum dan sa labutik-là (Dada Missier) ek nu ti bwar », a déclaré Jean-Marc Augustin, catégoriquement. Cette version corrobore avec celle de Merge Jolicoeur qui avait soutenu, précédemment, que « kan nou ti fini zette lekor là dans bwa, nou ti alle bwar kot sant Montagn Malgas à koté labutik ziska nou saoul. Apré nou ti alle lakaz. »
Dans la journée d’hier, l’équipe de l’inspecteur Moorghen a enregistré sur vidéo au poste de police de Port-Mathurin la déposition et l’interrogatoire du suspect Merge Jolicoeur sur les événements du 1er août 1999 à Montagne Malgache. Dans la matinée, les suspects Potiron et Edouard ont comparu devant l’Island Chief Executive siégeant au tribunal de Port-Mathurin, en l’absence de la magistrate Boghun ayant fait le déplacement à Maurice. Ils ont été maintenus en cellule policière jusqu’à mardi.
L’enquête policière se poursuit en vue de situer la responsabilité et le rôle de chacun des suspects en détention policière. À Rodrigues, le mérite de l’équipe de l’inspecteur Moorghen dans cette enquête est reconnu vu qu’en 2006, une escouade de la Major Crime Investigation Team (MCIT) et du Central CID menée par Prem Raddhoa avait débarqué à Rodrigues en vue d’élucider ce meurtre. Elle dut rentrer à Maurice sans aucun résultat alors que l’inspecteur Moorghen annonce déjà la couleur avec des rebondissements dans une autre affaire criminelle non-élucidée jusqu’ici et impliquant un gros bras de l’île…

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