MEURTRE STACEY HENRISSON: L’heure de vérité pour Béatrice Rouillon-Sookur

Bientôt quatre semaines depuis le meurtre de Stacey Henrisson, âgée de 16 ans, au Myassa Healing Centre de Bonne-Mère, à Flacq : l’enquête policière confiée à la CID de la Western Division abordera dans les prochaines heures une étape délicate, à savoir la convocation et l’audition Under Warning de la mère de la victime et de l’épouse du meurtrier présumé, Béatrice Rouillon-Sookur. Cet interrogatoire, qui pourra s’étendre sur plusieurs séances, devra s’articuler sur deux axes majeurs, le séjour effectué en Inde entre le 2 avril et le 3 mai par des membres de la famille Sookur avec pour raison officielle le traitement médical de Béatrice Rouillon-Sookur, et ensuite la teneur d’un affidavit juré par celle-ci et déposé en Cour suprême à peine huit jours après le décès de Wills Henrisson dans une tentative de prendre le contrôle de l’héritage, évalué entre Rs 30 millions et Rs 50 millions, légué à Stacey Henrisson. En attendant de franchir cette étape, le chef enquêteur, l’assistant surintendant de police Daniel Monvoisin et ses hommes tentent de boucler le volet de l’enquête au sujet des meubles et équipements appartenant à Wills Henrisson et vendus à des tierces parties par le suspect Ramdassen Tany.
Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès des sources concordantes indiquent que de son vivant et sous la pression constante de ses proches, dont le meurtrier présumé, Jayraj Sookur, la jeune Stacey Henrisson s’est rendue au poste de police de Flacq au cours de la période précédant le déplacement en Inde le 2 avril dernier. Dans sa déposition consignée, elle avait fait état des menaces de Jayraj Sookur pour vendre la propriété immobilière de Pointe-aux-Canonniers, comprenant un complexe commercial et résidentiel et deux autres bungalows sur une superficie de 33 1/3 perches et évaluée entre Rs 12 millions et Rs 15 millions.
Stacey Henrisson affirme dans cette déposition formelle à la police et dans ses confidences à des proches que pour la convaincre à vendre le complexe de Pointe-aux-Canonniers, son beau-père ne cessait de lui répéter « de toute façon, il n’y a plus d’argent ». Ce à quoi, la jeune fille avait catégoriquement soutenu que « jamais, je ne signerai quoi que ce soit ». Des proches de la famille Henrisson s’interrogent sur les mesures prises par la police de Flacq suite à la déposition de la mineure contre son beau-père. « Nous nous demandons si la police avait au moins convoqué le beau-père après cette déposition ; Stacey Henrisson n’aurait pas subi le tragique sort qu’elle a connu entre les mains de son bourreau », disent-ils.
À ce stade de l’enquête, Le Mauricien n’a pas été en mesure de confirmer si cette pièce à conviction sous forme de déposition de Stacey Henrisson a été versée au dossier à charge de Jayraj Sookur ou encore si les virulentes disputes au sein de la famille Sookur à Bonne-Mère sur la vente des maisons en présence de Béatrice Rouillon-Sookur ont été abordées dans les précédentes séances d’interrogatoire du meurtrier présumé. Jayraj Sookur, le Master Healer, qui de nouveau interrogé en fin de semaine, pourra être confronté à ces graves incidents.
En tout cas, le chef enquêteur Daniel Monvoisin détient une carte maîtresse pour l’étape de l’audition Under Caution de Béatrice Rouillon-Sookur. Elle est sous la forme d’un affidavit rédigé par les soins de Me (Mme) S.B. Jaddoo, avouée, et jurée par la mère de Stacey Henrisson en date du 27 octobre de l’année dernière, soit à peine la prière des huit jours pour le repos de l’âme du défunt bouclée.
Béatrice Rouillon-Sookur avait sollicité une injonction de la Cour suprême pour geler les comptes de Stacey Henrisson, notamment à la Mauritius Commercial Bank, à la Barclays Bank, à la State Bank of Mauritius, à la Banque des Mascareignes. L’enjeu porte également sur une police d’assurance-vie souscrite à la British American Insurance Co. Ltd. Dans cette même demande d’injonction, elle avait demandé à la Cour d’émettre un ordre interdisant à l’oncle paternel de sa fille, Clude Herbert Henrisson et à Bhavic Ramful, l’ex-bras droit de Wills Henrisson dans la gestion des ateliers, de se tenir à l’écart.
L’affaire avait été appelée devant le Senior Puisne Judge Keshoe Matadeen le 28 octobre de l’année dernière. Mais aucun ordre ne fut émis ce jour-là car une nouvelle séance en Cour suprême avait été fixée au vendredi 4 novembre. Toutefois, à cette date, le tribunal de Pamplemousses devait ordonner, à la demande de Béatrice Rouillon-Sookur, de placer des scellés sur la propriété de Pointe-aux-Canonniers.
L’un des principaux objectifs des limiers de la CID de la Western Division est de déterminer si Béatrice Rouillon-Sookur avait agi de son propre gré en tant que « mother and legal administrator of minor Jessica Winny Stacey Henrisson » ou si le cerveau présumé derrière ces démarches légales n’est autre que Jayraj Sookur plus intéressé à s’approprier l’héritage de la jeune fille qu’autre chose. La séance de Questioning risque d’être extrêmement serrée sur la base des informations et preuves recueillies jusqu’ici.
Le chef enquêteur Daniel Monvoisin et la Detective Inspector Quenette sont également intéressés à consigner les raisons pour lesquelles Béatrice Rouillon-Sookur avait pris pour cible dans son affidavit l’oncle paternel et l’ancien bras droit de son premier époux en demandant à la Cour de leur interdire tout accès à la propriété de Pointe-aux-Canonniers.
Un détail dans l’affidavit du 27 octobre de l’année dernière et qui n’a pas échappé à l’attention des limiers de la police demeure les confessions de la mère quant à ses relations avec sa fille. « We took the child to attend the funeral services of his late father on the 19th October 2011. She decided to stay at her late father’s place for a few days in order to receive the relatives and family friends », soutient Béatrice Rouillon-Sookur qui ajoute que « the child is refusing to return to my place and I have reason to believe that Bhavic Ramful is actually behind the change of attitude on behalf of Stacey Henrisson .»
Les derniers développements intervenus dans l’enquête tendent à confirmer les soupçons de la police que la mise à l’écart de Bhavic Ramful et de l’oncle paternel ainsi que l’affaire des scellés ne relèveraient que d’une stratégie pour le pillage des biens de la famille Henrisson. Tout semble indiquer que Jayraj Sookur et Ramdassen Tany avaient accès à la propriété de Pointe-aux-Canonniers malgré les scellés apposés par le tribunal de Pamplemousses.
L’opération de récupération des meubles, outils et équipements se trouvant dans le complexe de Pointe-aux-Canonniers s’est poursuivie ce matin pour accréditer la thèse du pillage. Un troisième habitant du village de Gokoolah a été amené ce matin au QG de la CID de Rose-Hill. Des équipements se trouvant dans l’atelier de feu Wills Henrisson, notamment des machines pour des travaux de soudure et un Grinder, ont été saisis à son domicile. Dans ses explications à la police, cet habitant du Nord a soutenu que ces équipements lui ont été proposés et vendus par le dénommé Ramdassen Tany, le complice présumé de Jayraj Sookur dans le meurtre de Stacey Henrisson le samedi 5 mai dernier.

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