Mgr Ian Ernest : « Devenons des pèlerins de paix pour une société plus juste »

  • L’évêque de Maurice : « Les récentes agressions mortelles survenues dans nos familles et le port d’armes blanches dans les écoles ne sont que le reflet de tristes réalités sociales »

Après 18 ans comme chef de la communion anglicane, Mgr Ian Ernest a fait ses adieux hier en tant qu’évêque de Maurice lors d’une “Thanksgiving Ceremony” à la cathédrale Saint James. Dans son homélie, il s’est attardé sur la dimension de la paix, devant selon lui être davantage un état d’esprit chez chaque individu plutôt qu’une obligation, et qui est essentielle dans toute société pour avancer dans la direction d’un « monde meilleur ».

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L’ancien évêque de Maurice avait choisi le thème “Être un missionnaire pour Jésus” pour le rassemblement d’hier, thème qui résume aussi sa vie sacerdotale. Et c’est ainsi que dans l’ensemble, il a orienté son homélie vers la vocation missionnaire de l’Église dans un monde qu’il trouve par moments « dur et indifférent aux souffrances des autres ». « J’ai réalisé au fil de ces 18 ans passés comme évêque que l’espace de la tente qu’est l’Église s’élargira seulement si nous agissons comme des missionnaires pour Jésus et comme lui. » La principale mission de l’Église est « d’œuvrer en faveur de la paix » en amenant chaque personne « à devenir un pèlerin de paix », en soulignant l’exigence de paix à laquelle le pape François avait appelé les Mauriciens et les peuples des îles de l’océan Indien à vivre lors de sa récente visite à Maurice. Cependant, a fait remarquer Mgr Ernest, la paix n’est possible « que s’il y a le pardon et la réconciliation, de même qu’un langage de vérité ».

Mgr Ernest a alors dénoncé ce qu’il observe comme une « culture du mensonge » chez certaines personnes : « Malheureusement, beaucoup de personnes cultivent le mensonge et nous le constatons à tous les niveaux de la société, dans nos familles et dans le milieu social, politique et économique. Cela donne lieu à des situations d’exclusion car par le mensonge, nous ne voulons que protéger nos propres intérêts et satisfaire notre appétit gourmand et irrespectueux des autres. » 

En insistant sur l’importance de mettre en pratique les enseignements de Jésus dans leur vie quotidienne, Mgr Ernest n’a pas manqué de faire allusion à certains maux qui gagnent du terrain, citant la violence au sein des familles et dans le milieu scolaire, et qu’ils qualifient de « tristes réalités sociales ». Il poursuit : «Cette situation donne naissance à un climat de peur, de frustration et d’impatience. Les récentes agressions mortelles survenues dans nos familles, contre les femmes et devant nos enfants, nous font frémir. Le port d’armes blanches dans les cours de nos écoles n’est que le reflet de tristes réalités sociales devant lesquelles nous nous trouvons » a-t-il encore.

En parlant de son épiscopat, il a reconnu que le parcours n’a « pas été sans obstacle » et qu’au départ, il s’était demandé s’il « était sûr d’être au bon endroit » et si le diocèse anglican avait fait le bon choix. « Aujourd’hui, en regardant dans le rétroviseur de ma vie d’évêque et de prêtre, je ne peux que rendre grâce à Dieu d’avoir été pour le peuple que je sers un bon berger, malgré les défis, les épreuves et les difficultés rencontrés.»

En attendant l’élection d’un nouvel évêque, le révérend Sténo André occupe depuis hier la fonction d’administrateur du diocèse anglican. Il a aussi à sa charge tous les droits et les responsabilités d’un évêque.  Après la cérémonie, Mgr Ernest a lancé un ouvrage intitulé Un brin d’histoire, qui retrace la vie du diocèse anglican pendant ses 165 ans d’existence.

Cette “Thanksgiving Ceremony” présidée par Mgr James Wong, archevêque de la Province anglicane de l’océan Indien, s’est déroulée en présence du cardinal Maurice Piat, de Mgr Alain Harel, évêque de Rodrigues et vice-président de la Conférence épiscopale de l’océan Indien (CEDOI), et d’autres représentants des églises chrétiennes et d’autres religions. Le président de la République par intérim, Barlen Vyapoory, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le ministre mentor, sir Anerood Jugnauth, ainsi que plusieurs autres membres du gouvernement étaient aussi présents.

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