MIKE ALAN ANDEE:Carnet poétique d’un métisse

« Je crois qu’avec l’âge et surtout bientôt avec l’arrivée à terme de la rédaction de mon ouvrage je développe une sensibilté vis à vis de ce que j’appellerai ma « natalité », espace de lien, d’affection, espace géographique et symbolique où les relations occupent une place quasi fraternelle au sein de mon affect. » écrit Mike Alan Andee, installé en France.
Son deuxième poème intitulé « Murs et Fenêtres » fait partie d’un ouvrage en préparation. Nous vous donnons à lire en avant-première ce poème.
 
 Murs et Fenêtres
 
J’étais assis face au mur devant ma table de travail,
Reçu de mon père comme un  bail pour une avancée en hauteur,
Était posé comme par hasard sur ma gauche un soupirail
Donnant sur ce qui avait été place de cure, de transit et soudain de terreur
 
La Ville dans sa déclinaison géographique dominait sur les hauteurs
Avec le Dodo, ce club emblématique ou il fallait être blanc pour y entrer,
Tandis que le Racing sur une pente à mi distance était pour les mulâtres
Ce qu’en contre bas sur le port l’équipe des pompiers était pour  les autres
 
C’était avant que l’escalier à trois marches ne devienne celui à sept,
Plus aisé à emprunter avec l’impression que toutes les couleurs sont présentes
Sociale échelle contraire à Chamarel ou elles sont disposés nuptiales à l’horizontal
Le vent me souffle que la terre a le même égard pour tous ses enfants
 
Faut-il que j’accuse avec Zola ou Neruda ceux qui ont envoyé au trépas
Des milliers d’êtres arrachés à pas cadencés de leurs terres pour être cadenassés,
Des palmiers aux coeurs tendres plantés sur des terres absoutes tandis que
 Sous un ciel livide poussent des champs de cannes pourpres et amers
 
Edifices  que de telles pierres soutiendront sans jamais pouvoir y habiter,
Quel est ce comble architectural, ou dedans on est toujours sans Toi
La rivière Tanier est à sec elle ne porte plus vers Port Lui nos larmes de
Rencontre avec grand-mama et nos questionnements : mo dire li ki li faire la
 
Difformité squelettique et glande lacrymale vous faut-il une cure chirurgicale
Devons nous accepter cette paternité de transit comme pierre tombale
Faudrait-il qu’un Danton ou terreur radicale un Robespierre fasse tomber des têtes
Redressant les nôtres, Ô ton Azor,  pour qu’on arrête enfin de murer notre pensée
 
Murs sans fenêtres, pensée sans langue, Chomsky et Piaget discutent toujours
Mais Molière dans cette langue internationale mais aussi de l’internationale,
Fumier et terreau ou la sainte taxe sur scène alimente des ripailles
N’aurait jamais interdit à notre langue de fastes épousailles
 
Des canailles ayant le verbe haut décidèrent de la stérilité irréversible de la mule
Au nom du docte et savant héritage de la mère, le statut quo assassina au galop l’altérité,
Se posa sans conciliation comme pilier de notre instruction pire de notre civilité
La mise sous curatelle de notre langue maternelle est un fait vieillissant
 
Dev avait beau essayé de mettre Lie en scène avec son divin talent littéraire,
Baker avait fait monter le levain  chauffant à vide son four de linguiste,
L’eucharistie progressiste ne parvint pas à ressusciter la langue ni à faire d’émule,
Le vin et le pain comme le corps et l’esprit séparés ne purent rien
 
En attendant  dans le froid hivernal de cette ville loin du Champs de Mars
Le verbe ne s’est toujours pas fait chaire dans une société en  marche
Les fenêtres sont closes et on ne sent plus l’odeur de la terre
Ni le frémissement  du vent, aurions nous perdu notre substantifique moelle…

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