MMM : Quatre nouvelles démissions mardi

La liste de démissions du MMM depuis le début de l’année s’allonge avec les départs de Lysie Ribot, Dev Ramnah, Soodesh Roopun et Bernard Marie. Tous des anciens membres du bureau politique (BP) ayant occupé des postes de responsabilité au sein du parti, les trois premiers cités sont surtout connus du grand public pour avoir été membres de l’Assemblée nationale, dont Dev Ramnah en tant que Speaker, et Soodesh Roopun en tant qu’adjoint au Speaker.
Au cours d’un point de presse ce matin à l’Hôtel St-Georges, à Port-Louis, les quatre démissionnaires ont avancé que « les valeurs fondamentales du parti sont bafouées et il n’existe plus de démocratie dans les instances dirigeantes ». Dans la même lignée que Jean-Claude Barbier, Joe Lesjongard et Raffick Sorefan, les nouveaux démissionnaires déclarent qu’ils ne comptent rejoindre aucun parti politique pour le moment, mais ajoutent que ceux ayant pris leurs distances du MMM depuis le début de l’année sont en discussions pour voir de quelle manière ils pourraient poursuivre leur engagement politique.
Selon les quatre démissionnaires, le malaise au sein du parti s’accentue principalement à cause de la manière de faire de Paul Bérenger qui, d’après leur constat, ne tolère plus la différence d’opinions. « Malheureusement les valeurs fondamentales du parti ont été reléguées au second plan. Nous notons avec tristesse que le communalisme scientifique et le castéisme sont devenus les guiding principles de la nouvelle direction. Exprimer une opinion différente de celle du leader constitue un délit pour la direction du MMM. Il n’y a plus de liberté de parole, c’est la dictature. Jean-Claude Barbier en a fait les frais », a déclaré ce matin Dev Ramnah, ancien vice-président du MMM et ancien speaker de l’Assemblée nationale. Il a ajouté qu’il y avait beaucoup d’espoir parmi les militants afin de redonner un nouvel élan au parti dans le sillage des dernières élections du comité central et celles du Bureau politique. Cependant, il y a aujourd’hui une déception généralisée parmi les militants dans l’ensemble du pays.
Lysie Ribot, ancienne députée de Stanley/Rose-Hill, concède qu’elle est très mal à l’aise avec la manière de fonctionner de la nouvelle direction. Elle s’est attendue à une « vraie réforme » dans le fonctionnement des différentes instances dirigeantes après ces élections internes. Elle est surtout remontée contre cette décision prise « unilatéralement » par le leader du MMM pour la mise sur pied d’une « intelligence collégiale » qu’elle considère comme « une insulte à l’égard de tous les membres du BP », et qui l’a poussée, dit-elle, à prendre sa décision à quitter le parti. « Certaines personnes ont essayé de faire entendre raison à Paul Bérenger pour ne pas aller de l’avant avec la création de cette “intelligence collégiale”, mais elles ont été rabrouées. Pour justifier sa décision, Paul Bérenger nous a dit qu’il y a des choses qu’il ne peut discuter au sein du BP parce qu’il y a des fuites d’informations dans la presse. Il a fait comprendre qu’il n’a pas confiance en certains membres et il a même utilisé le terme “traître au BP”. Comment continuer à travailler au sein d’un parti quand le leader dit ouvertement qu’il n’a pas confiance ? Par principe et pour être en paix avec ma conscience, je préfère m’en aller », a-t-elle expliqué ce matin.
Selon cette dernière, plusieurs membres du BP se posent des questions sur leur rôle à l’avenir au sein de cette instance en raison de l’existence de cette « intelligence collégiale ». « Si ce sera un “Super BP”, quelle est la raison d’être d’un BP ? Est-ce pour prendre connaissance des décisions du “Super BP” ? En tout cas les réunions du CC et du BP depuis quelque temps sont devenues une farce. Les gens sont là pour prendre connaissance de décisions unilatérales du leader. Et point de débat possible puisque le leader intervient à chaque fois pour dire : “Mo pa dakor ditou” », a ajouté ce matin l’ancienne présidente de la Commission femmes du MMM au sujet du manque de liberté d’expression au sein du parti.
Les deux autres intervenants, à savoir Soodesh Roopun et Bernard Marie, ont abondé dans le même sens que Lysie Ribot et Dev Ramnah et sont « tristes », disent-ils, que le MMM après 40 ans d’existence « ait dévié de ses principes et de ses valeurs ».
Selon les quatre démissionnaires, au vu de la frustration grandissante dans presque toutes les branches, la direction du parti sera confrontée dans les jours qui viennent à d’autres départs. Ils ajoutent qu’il ne sera pas étonnant de voir des personnes à des postes de responsabilités parmi les prochains démissionnaires. « Des personnes au plus haut niveau de la hiérarchie du parti, y compris des membres de l’intelligence collégiale, envisagent de venir nous rejoindre », a déclaré ce matin Dev Ramnah. Il a ajouté qu’il y a des contacts réguliers entre tous ceux qui ont quitté le parti ces derniers jours pour voir de quelle manière ils peuvent continuer le « militantisme » et faire revivre les valeurs du MMM.
Les démissionnaires envisagent-ils de rejoindre le Mouvman Liberater ou un autre parti, ou même de créer un nouveau parti ? « C’est vrai qu’il y a un point commun entre tous ceux qui ont quitté le MMM. Nous sommes partis pour les mêmes raisons. Nous réfléchissons à toutes les options possibles, mais aucune décision n’a été prise », ont répondu Lysie Ribot et Dev Ramnah.
Les quatre démissionnaires avaient le soutien ce matin des députés Barbier, Lesjongard et Sorefan. Ces derniers les attendaient dans le hall de l’Hôtel St-Georges.

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