MMM: Une reproduction record

C’est probablement parce que c’est une idée,  un mouvement et qu’il n’appartient à personne en particulier que le MMM a, en 45 d’existence, engendré tant de petits. Le dernier né qui verra le jour au forceps était annoncé pour ce matin à l’Auditorium Octave Wiehe. Au commencement était le club des étudiants, qui était avant tout une plate-forme de réflexion, mais il s’est vite mu en Mouvement Militant Mauricien, un parti électoraliste qui, au fil des années, a donné naissance à de nombreux groupes et formations. Si dans la vraie vie ce sont les unions qui ont été les plus reproductrices, au MMM ce sont les désunions qui ont été les plus prolifiques.
La première dissidence sera animée par Dev Virahsawmy, celui qui aura été le tout premier député du MMM, élu en septembre 1970 dans le fief de Ramgoolam père. Il ira créer le Mouvement Militant Mauricien Socialiste Progressiste (MMMSP), souvent désigné comme le MMM Sans Paul, avec un accent beaucoup plus sur la culture, la langue kreol plutôt que la poursuite d’une stratégie électorale. Le groupe va se dissoudre et rejoindre le MMM à la fin des années 1970.
Jack Bizlall s’éloigne déjà du MMM alors qu’il est député depuis 1976 et adjoint au maire à Beau Bassin/Rose Hill. En 1981, Lalit de Klas, qui est alors une tendance au MMM, celle qui veut rester aux sources initiales, part sans fracas parce que résolument opposé à un rapprochement avec le PSM, qu’il considérait alors comme une formation opportuniste sans véritable idéologie. C’est ensemble d’ailleurs que Lindsey Collen et Paul Bérenger vont faire le tour des rédactions pour annoncer leur divorce à l’amiable.
Lalit de Klas, qui devient Lalit, aura eu l’analyse juste en se méfiant du PSM puisque quelques mois après le 60/0 de juin 1982, les contradictions les unes plus flagrantes que les autres vont rapidement naître, au point où le MMM quitte le gouvernement en mars 1983. C’est alors que naît le MSM, un collage des dissidents du MMM et du PSM qui va entrer en alliance avec le PTr et le PMSD pour affronter les élections de 1983.
Les putschistes de 1993
En 1990, supputant que le MMM de Paul Bérenger discute alliance avec le PTr de sir Satcam Boolell, sir Anerood Jugnauth utilise les bons contacts qu’il a gardés avec les Prem Nababsing, Jean-Claude de l’Estrac et Cassam Uteem pour faire torpiller ce projet et travailler à un rapprochement MSM/MMM. Le projet se concrétise assez rapidement, SAJ éjectant le PTr après que le PMSD de sir Gaëtan Duval a, lui, déjà claqué la porte du gouvernement depuis 1988.
Bien que ce ne soit pas «doing», Paul Bérenger se laisse convaincre et accepte l’alliance avec le MSM, qui remporte haut la main les élections de septembre 1991. Mais les choses ne se passent pas comme prévu. SAJ révoque le leader du MMM et une bonne partie du MMM le suit, tandis que les ministres Prem Nababsing, Jean-Claude de l’Estrac, Dharam Fokeer, Amédée Darga et quelques autres restent au gouvernement et tentent même un coup d’état en s’appropriant le MMM.
L’affaire est portée en Cour par le MMM, qui gagne son procès devant le juge Vinod Boolell qui, dans son jugement, fustige les «putschistes». Les dissidents n’auront d’autre choix que de créer le RMM, le Renouveau Militant Mauricien, qui va très vite se désagréger après la défaite du tandem de l’Estrac-Auymeeruddy-Cziffra face à celui composé de Paul Bérenger et de James Burty David à la partielle de janvier 1995 à Rose Hill/Stanley. C’est la partielle avant la générale qui se soldera par un 60/0 pour l’alliance PTr-MMM.
Entre 1995 et 2000, la situation reste plutôt stable au MMM, même si un ou deux éléments comme Rashid Beebeejaun choisissent de rester dans le gouvernement de Ramgoolam après l’affaire Macarena et la révocation de Paul Bérenger en juin 1997. Les événements qui vont s’enchaîner vont mettre à mal la gestion du leader du PTr, l’attentat meurtrier de Gorah Issac, les émeutes de février 1999, l’acte terroriste de mai de la même année qui vise L’Amicale.
Le MSM et le MMM qui s’allient dans le cadre d’une fédération en 1998 vont se séparer après la défaite de Françoise Labelle face à Xavier Duval à la partielle de Beau Bassin/Petite Rivière de septembre 1999 suivant la démission de Joceline Minerve   qui ira créer son Nouvo Lizour de brève existence.
Après cette mauvaise expérience, le MMM, qui est frileux sur les alliances, décide d’aller seul aux élections de 2000 mais les intermédiaires seront à la manoeuvre pour tout entreprendre en vue de faire partir Navin Ramgoolam et son allié le PMXD. L’alliance MSM-MMM qui se conclut quelques jours avant le Nomination Day du 26 août 2000 remporte un 54/6 et constituera un gouvernent très stable.
Les choses sont moins évidentes lorsque SAJ s’installe à la State House en 2003 et qu’il est reconduit en 2008 par Navin Ramgoolam revenu aux affaires en 2005 avec son «Alliance sociale».
Le MSM finit par se jeter dans les bras du PTr pour faire élire Pravind Jugnauth au N°8, où sa photo avec un drapeau rouge entre les mains va rester un puissant symbole de cette symbiose entre PTr et MSM. En alliance en 2010, la coalition PTr-MSM-PMSD remporte les élections mais elle éclate avec l’affaire Med-Point en juillet 2011.
Moins d’une année après cette rupture PTr-MSM, SAJ va démissionner pour favoriser le Remake 2000 avec le MMM. L’affaire semble pliée, jusqu’à ce que Navin Ramgoolam entre en négociations avec le MMM par le biais de deux protagonistes, Alan Ganoo et Shaffick Hamuth, mais aussi Rakesh Gooljaury. Une alliance est conclue dans la désapprobation générale et elle est sévèrement battue.
Après la débâcle aux élections générales, le MMM va connaître de grosses secousses à l’issue de l’exercice interne d’élection de ses dirigeants. Estimant avoir été injustement sanctionnés, ils sont plusieurs à démissionner: Jean-Claude Barbier, Raffick Sorefan, Joe Lesjongard, Kavi Ramano, Atma Bumma, Lysie Ribot et Alan Ganoo. Et c’est tout ce beau monde qui annoncera le nom de cette formation dissidente du MMM ce matin. Rassemblement des Frères Mauriciens (RFM), Mouvement du Renouveau Militant (MRM) ou Mouvement Progressiste Militant (MPM), les paris sont ouverts sur le nom de ce nouveau bébé du MMM

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