Mode de transport alternatif — Metro-Express : 28% de manque à gagner pour Rose-Hill Transport

La UBS enregistre un trou de 12% dans ses recettes sur le corridor Rose-Hill/Port-Louis

- Publicité -

Les répercussions de l’entrée en opération de la première phase du projet Metro Express se font déjà ressentir sur les opérations des principales compagnies d’autobus desservant le corridor Port-Louis/Rose-Hill. Face à cette situation, les responsables de l’United Bus Service (UBS) et de la Rose-Hill Transport (RHT) ont décidé de sortir leurs calculettes pour un constat. Résultats : UBS estime que le manque à gagner sur cette route est de 12% tandis que RHT dit voir une réduction de plus de 28% de ses recettes. Toutes deux ont attiré l’attention du ministère du Transport dans une lettre conjointe.

Dressant un état des lieux, Swaley Ramjane, directeur général de l’UBS, estime irréfutable le fait que l’entrée en opération du Metro-Express a une incidence sur ses opérations, car il s’agit maintenant de partager les passagers des compagnies d’autobus avec ce nouveau moyen de transport. « Cela a une incidence sur la vente des tickets d’autobus, et donc les recettes de la compagnie. Pour l’heure, il n’y a que les Feeders Buses qui nous permettent d’avoir une bouffée d’air frais. Mais lorsque le Metro-Express fera le trajet Curepipe/Port-Louis et vice-versa, il est clair que l’incidence sur nos opérations sera encore plus conséquente », fait remarquer le directeur général de l’UBS.
Du côté de RHT, on parle de « perturbations » des opérations. Depuis le lancement du Metro-Express, le 22 décembre, et ce jusqu’au 6 janvier, RHT dit avoir subi une baisse de 20% en termes de nombre de passagers. Selon la compagnie, ce recul est susceptible de se creuser une fois que tous les paramètres seront mis en place et que le système intégré de transport arrivera à son point d’équilibre.

Par ailleurs, RHT a été autorisée à mettre en service 17 Feeder Buses opérant sur huit lignes entre Rose-Hill et Port-Louis, soit les routes 506, 508, 509, 511, 512,513, 514 et 517. Elle se voit donc contrainte de transférer presque 20% de sa flotte régulière pour satisfaire cette demande à très court terme, provoquant des perturbations et une réorganisation de ses activités en termes de gestion de ses équipements et ses ressources humaines, et ce, selon la compagnie, pour satisfaire une demande « très aléatoire et pas garantie ». Pour redresser la barre, RHT procédera à l’acquisition de bus électriques supplémentaires. En outre, les horaires imposés – de 6h à 22h – pour le métro se traduisent chez RHT par des horaires réels de 5h30 à 23h par jour. « Ces changements d’horaire ont gonflé notre poste d’heures supplémentaires (“overtime”), d’où une charge financière additionnelle réelle. »

Manque de main-d’oeuvre

La compagnie éprouve aussi des difficultés pour recruter à court terme des chauffeurs qualifiés afin de compléter les équipes supplémentaires nécessaires. « Les Feeder Buses effectuent de petits trajets dans des conditions difficiles et les coûts d’opérations sont plus conséquents en comparaison avec les lignes traditionnelles en termes de consommation de carburant », fait-elle ressortir. En outre, la gratuité des Feeder Buses imposée par Metro Express Ltd (MEL), et ce contre une rémunération compensatoire fixe, pendant les deux mois de lancement « ont fait que les usagers qui se trouvent sur la route de nos “feeders” les empruntent pour se déplacer sans aucune intention de prendre le métro, provoquant d’importants manques à gagner pour RHT ».

Les clients de RHT se souviennent du retrait progressif de la carte électronique Filao depuis octobre 2019, en prévision de l’introduction de la Me-Card de MEL. Cette nouvelle carte électronique utilise fort heureusement la même technologie que celle de TMSL, à savoir l’Automatic Fare Collection System, ce qui permettra au consortium composé de RHT, UBS et TBS (tous trois opérateurs des “feeder buses”) d’installer les bornes nécessaires dans les 30 “feeder buses” en service en prévision de l’intégration avec la carte désormais payante de MEL. Toutefois, RHT estime que l’installation de ces nouvelles bornes dans les bus pourrait engendrer des coûts de plusieurs millions de roupies. À noter que les étudiants et les personnes âgées seront, comme d’habitude, exemptés, mais comptabilisés à travers la Me-Card de MEL.

La mise en opération du Metro-Express, le 22 décembre dernier, a par ailleurs ouvert un chantier des plus complexes pour les opérateurs, car ils sont appelés à collaborer par la mise en place d’un système de Feeder Buses afin d’assurer le taux de fréquentation (“load factor”) du nouveau moyen de transport. Cette mesure a eu pour RHT et les opérateurs concurrents des conséquences sérieuses sur leurs méthodes d’opération. D’autant plus que cette demande, qui devait être discutée et planifiée avec l’ensemble du secteur et l’État, est arrivée « avec un délai très court », fait-on ressortir. RHT estime d’ailleurs qu’elle est « la plus touchée » puisque le métro, dit-elle, s’est installé sur ses lignes d’opération, provoquant « des bouleversements dans la planification » de ses lignes principales .

————————————
Gessiyka Frivet (receveuse de bus) : « L’impact sur les travailleurs du transport sera réel »

« L’arrivée du métro aura définitivement un impact sur les travailleurs de l’industrie du transport à l’avenir. Cet impact ne se fait pas trop sentir actuellement en raison de la présence des “feeder buses”, dont les tarifs sont toujours gratuits actuellement. Selon moi, lorsque les “feeder busers” deviendront payants, on ressentira l’impact réel. Il faut faire ressortir que depuis l’arrivée du métro, aucune compagnie d’autobus se trouvant sur le trajet Curepipe/Port-Louis ne peut investir dans l’achat de nouveaux autobus. Il est donc clair que leurs flottes de véhicules diminueront. On nous a dit que nous ne perdrons pas nos emplois, mais nos conditions de travail, elles, vont certainement changer, avec moins d’heures supplémentaires et plus de “shift system”. Le plus gros problème auxquels font face les travailleurs du transport a trait au “feeder buses”. Il n’y a pas de sécurité, car ils ne sont pas équipés de caméras de surveillance. Nous sommes à la recherche d’une rencontre avec le nouveau ministre du Transport pour parler de nos craintes. Nous lui avons déjà adressé des lettres en ce sens. Nous allons en tout cas tenir notre assemblée générale très prochainement pour décider de la marche à suivre », soutient Gessiyka Frivet, qui compte 17 ans de service comme receveuse d’autobus.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -