Monde du travail – Business Mauritius : « Changements nécessaires aux lois du travail »

Vidia Mooneegan, président : « Avec les deux mois de confinement, l’impact sur l’économie et le risque sur les emplois ont augmenté considérablement »

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Le secteur privé, par le truchement de Business Mauritius, est monté au créneau pour justifier les amendements à la Workers Rights Act dans le cadre de la COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Act, votée en urgence à l’Assemblée nationale, vendredi dernier. « Ces amendements sont nécessaires pour protéger l’emploi et la pérennité des entreprises », soutient Pradeep Dursun, Chief Operating Officer de Business Mauritius. De son côté, le président de l’organisation patronale, Vidia Mooneegan, tente de rassurer, estimant que « la flexibilité des lois du travail sera temporaire en attendant que la situation économique et sociale retourne à la normale ».

Pour Vidia Mooneegan, avec l’étape de déconfinement graduel, l’économie commence à reprendre lentement mais sûrement. « Avec les deux mois de confinement, l’impact sur l’économie et le risque sur les emplois ont augmenté considérablement. Il faut protéger les entreprises et les emplois au maximum. Il y a aussi la solidarité de Business Mauritius à aider les familles les plus vulnérables », déclare-t-il. Et de rappeler que « Maurice n’est pas le seul pays qui fait face à ce genre de problèmes et que la situation est grave dans le monde entier ». Il poursuit : « Les mesures pour sauvegarder les entreprises et les emplois au maximum sont très importantes. Ni les employeurs ni les entrepreneurs ne souhaitent des licenciements. Ce qu’ils veulent, c’est de générer de la valeur ajoutée et créer des emplois. Malheureusement le contexte est difficile. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin du soutien du gouvernement pour qu’il garantisse des prêts aux entreprises de manière à ce que celles-ci continuent à grandir et qu’il y ait une forme de Burden Sharing des salaires entre l’Etat et l’entreprise », poursuit-il.

Le président de Business Mauritius s’appesantit sur le fait que « la flexibilité des lois du travail sera temporaire en attendant que la situation économique ne retourne à la normale. » Il concède qu’en Europe et aux États-Unis, malgré tout le soutien qu’offrent les gouvernements il est malheureux qu’un pourcentage des employés ait été licencié. « C’est parce que les entreprises n’ont pas d’autre choix. Il est mieux de préserver le maximum d’emplois que de fermer les portes », laisse-t-il entendre.

Commentant les mesures introduites par le gouvernement dans la COVID-19 (Miscellaneous Provisions), il reconnaît que ces amendements donnent lieu à beaucoup d’anxiété et d’incertitude mais que dans la conjoncture la flexibilité est importante.
Pour ce qui est de l’imposition du Levy de 15% sur les profits introduite par le gouvernement en vue de procéder au recouvrement du Wage Assistance Scheme, il a fait remarquer qu’il n’y a que « quelques entreprises qui vont faire assez bien pendant cette période mais pour la majorité ce sera très difficile ».

De son côté, Pradeep Dursun a annoncé qu’une Information Note portant sur les amendements aux Workers Rights Act et Employment Relations Act a été préparée par Business Mauritius.  « Ces changements sont nécessaires afin de protéger l’emploi et d’assurer la pérennité des entreprises. Ces changements sont temporaires et bien définis dans la loi. Après la reprise, les entreprises pourront mieux protéger l’emploi », estime-t-il.
« Business Mauritius a à cœur la santé et la sécurité des employés dans les entreprises et a demandé à ses membres de prendre toutes les dispositions pour protéger les employés », ajoute Pradeep Dursun qui affirme attendre que le gouvernement publie les Regulations appropriées.

Pour sa part, Madhavi Ramdin Clark (Ressources humaines) a souligné la nécessité que la reprise se fasse dans la vigilance afin de sauvegarder la santé de la population, les entreprises et les emplois. Elle indique que 40% des entreprises ont repris dans le calme ainsi qu’une bonne partie des Self-Employed.

Pour Kevin Ramkaloan, il est essentiel que le budget soit un exercice de résilience et de relance inclusif avec l’humain au centre. Il a annoncé avoir soumis au gouvernement un document intitulé « Preparing for economic recovery » renfermant des propositions de Business Mauritius axées autour de quelques points saillants.

Pour lui, le budget est « an opportunity for a safe, transparent and sustainable Mauritius ». Et de mettre en exergue que le gouvernement a proposé des mesures pour soutenir les entreprises les plus affectées par la pandémie. La BM s’attend à ce que le budget propose des mesures autour des « Loan Guarantees » et un soutien au budget salarial des entreprises les plus affectées. « Le maintien d’un niveau de soutien reste important », souligne Kevin Ramkaloan par ailleurs.

Les propositions du secteur privé portent également sur le Work From Home, la Fintech, le pôle santé et l’Import Substitution, qui permettra de promouvoir la production locale que ce soit notamment dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie. Le secteur de la construction aura également besoin d’un soutien certain, ajoute-t-il. Et de mettre l’accent sur le marché régional et africain « qui offre des opportunités très fortes ». « Le budget doit pouvoir aider les entrepreneurs locaux et internationaux qui ont une vision à long terme pour investir dans le pays à travers des incitations », propose Business Mauritius. Les suggestions concernent également le secteur des PME.

Kevin Ramkaloan a aussi évoqué la décision de la Commission européenne d’inclure Maurice sur la liste noire de l’UE à compter du 1er octobre. « Nous sommes en instance de collaboration avec l’État pour affronter ce défi énorme, d’autant plus qu’il se présente à un moment où les secteurs publics et privés mobilisent ses ressources pour sortir du contexte de COVID-19. Si Maurice se retrouve sur cette Black List européenne, l’impact ne sera pas uniquement sur le secteur financier mais touchera aussi d’autres secteurs économiques du pays. La réputation du pays doit être préservée à tout prix », déclare-t-il.

Invité à commenter l’appel du leader de l’opposition, Arvin Boolell, concernant la protection des acquis des travailleurs, notamment dans le secteur touristique, Pradeep Dursun avoue que l’hôtellerie et le tourisme passent par des moments difficiles. « Tous les hôteliers et les opérateurs du tourisme ont fait des efforts pour préserver l’emploi malgré le fait qu’il n’y ait pas d’activité. Les hôtels ont été convertis en zones de quarantaine. Cela a permis de travailler un peu sinon en termes touristiques il n’y a pas grand-chose. Beaucoup d’hôtels ont gardé leur personnel intact. Le WAS a été d’une aide considérable. Ce que nous demandons aujourd’hui, et ce que les opérateurs sont en train de faire, c’est de trouver des arrangements à travers des accords tripartites », avance-t-il en mettant l’accent sur des mesures budgétaires et qu’à ce jour très peu de cas ont été référés au Redundancy Board.

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