Mukwege, Mourad le mentor et la meneuse

République démocratique du Congo, vous avez vite oublié votre passé colonial. Ceux qui vous ont fait tant souffrir, qui ont pris plaisir à mutiler vos enfants, à humilier vos femmes et vos hommes jusqu’à la venue de Patrice Lumumba. Il vous a rendu votre dignité mais on l’a assassiné.

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BRINDA RUNGHSAWMEE

À l’époque, il gênait les investisseurs étrangers qui convoitaient votre immense richesse. Aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé dans votre beau pays ? Vous vous bagarrez entre vous-mêmes, non c’est plus grave que ça – vous vous entretuez et une des méthodes que vous avez choisies – c’est le viol de la femme pour affaiblir une communauté, un groupe ennemi, une méthode barbare qui cible la femme dans sa dignité la plus intime. Souiller le corps d’une femme, c’est la dépouiller de tout ce qui la fait femme : porteuse d’enfants, femme nourricière, symbole d’abnégation, de courage et l’apogée de l’amour le plus pur. Un jour, une femme a fièrement porté un fils en son sein. Elle n’a pas pensé qu’un jour un autre fils d’une femme-sœur l’outragerait. Dans ton beau pays, où respire Dame Nature à pleins poumons, les hommes ont étouffé cette voix qui a bâti leur enfance où le respect, les vertus, la noblesse d’âme ont nourri leurs esprits et purifié leurs cœurs. Ils ont vite oublié les valeurs inculquées par la mère biologique et la mère nature. Comment des jeunes gens peuvent commettre l’ignominie à l’encontre des femmes de leur pays, des femmes qui les ont toujours nourris ?

Dans tes magnifiques forêts, les milices capturent et violentent les femmes, les jeunes filles et les petites filles. Leurs cris, leur agonie et leur terreur font fuir la faune et défl orent la fl ore. Depuis vingt ans, la femme congolaise a repris un peu goût à la vie sans pour autant avoir foi en l’homme de son pays excepté Denis Mukwege et son équipe dévouée qui les réparent. Retrouver sa dignité est très importante pour la femme congolaise. Aussi qui peut mieux la comprendre que la digne Nadia Mourad, ancienne prisonnière de l’État islamique, celle qui avec tant d’autres femmes du peuple yézidi, ont souffert horriblement aux mains de ces bourreaux. Sinjar, éventrée et éclatée comme une pomme-grenade, continue à pleurer ses morts mais Nadia avec son amie et compatriote, Lamiya Aji Bashar, décident de se battre pour aider les femmes yézidis victimisées et le peuple yézidi.

Les blessures profondes se cicatrisent avec le temps. Cependant, il y a d’autres blessures ; voire des plaies qui ne se cicatriseront jamais. Nadia et Denis, deux combattants du viol comme arme de guerre, sont symbole d’espoir pour femmes abusées dans leur pays, au sein de leur communauté, dans le monde entier et aussi dans notre petite île Maurice. Ils inspirent mais ils ne peuvent pas endiguer toute cette violence. D’une part, il y a les investisseurs étrangers qui convoitent le coltran congolais, indispensable élément du téléphone portable. D’autre part, il y a l’or noir, encore inexploité dans la Syrie/Iraq étripée que convoitent d’autres investisseurs. Si Nadia et Denis mènent le bon combat, ceux qui fi nancent les multinationales, ceux qui dénoncent la violence, sont les mêmes qui vendent des armes aux exécutants de la violence à l’égard des femmes.

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