MUSÉE DE L’ESCLAVAGE—L’UoM promet son soutien au ministère des Arts et de la Culture

L’Université de Maurice (UoM) accordera tout son soutien au ministère des Arts et de la Culture dans le cadre de la création d’un musée de l’esclavage, a promis la vice-chancelière de l’Université, Romeela Mohee, à l’ouverture de l’atelier consultatif sur ce projet gouvernemental approuvé jeudi dernier par le Conseil des ministres. C’était hier, sur le campus de Réduit en présence du ministre des Arts et de la Culture, Santaram Baboo, qui procédait à l’ouverture de cet atelier. Le projet de musée de l’esclavage émane d’une recommandation de la Commission Justice et Vérité (2011).
Romeela Mohee, vice-chancelière de l’UoM, a fait l’historique de cette institution qui, au fil du temps, a su s’adapter aux changements importants dans le pays pour l’accompagner dans son développement. Elle cite la création de la faculté de l’économie océanique, qui date de deux ans, ayant pour but de générer des ressources humaines et de renforcer les capacités de recherches dans ce nouveau secteur économique. Romeela Mohee souligne que, souvent, « les travaux universitaires semblent être enfermés au sein de l’institution ». Or à l’UoM, depuis l’année dernière, « nous souhaitons que les recherches appliquées dans divers secteurs soient rendues visibles ».
Santaram Baboo devait longuement s’appesantir sur ce projet approuvé par le Conseil des ministres. « Ce projet de musée est plus qu’un musée. Il a une portée symbolique : celle du devoir de mémoire. Un hommage à ceux qui ont jeté les premières bases de l’île Maurice, ceux qui ont contribué pendant plus de deux siècles à faire de ce pays ce qu’il est aujourd’hui. » Pour le ministre de la Culture, après l’inscription de l’Aapravasi Ghat et du paysage culturel du Morne sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, la création d’un musée des esclaves et un autre consacré au marronnage ne peut être qu’« une suite logique dans notre devoir d’honorer les victimes de l’esclavage ». « Ce musée permettra de conserver vivante la mémoire de la traite négrière, l’exil forcé de ces milliers de personnes qui ont bâti pierre par pierre notre île, laquelle est aujourd’hui une République, une nation à part entière. Il est impératif que les générations futures sachent comment les descendants d’esclaves ont contribué à la construction de Maurice et sont devenus de grands fils du sol en contribuant à l’avancement du pays », affirme Santaram Baboo. Il souligne que le Conseil des ministres a approuvé la création du musée dans l’ancien bâtiment de la Development Work Corporation (DWC), bâtiment qui date de la colonisation et qui faisait office d’hôpital militaire – Le Labourdonnais Military Hospital.
« Ce bâtiment fut construit par des esclaves à l’époque de Mahé de La Bourdonnais dans les années 1740. Les soldats et les esclaves y recevaient des soins. C’est pour dire que ces bâtisses ont joué un rôle important dans la traite négrière », explique-t-il. Le ministre a salué tous ceux qui participent à cet atelier en les désignant « artisans de la mémoire ».
Pour sa part, Vijaya Teeluck du Centre for Research on Slavery and Indenture (CRSI) à l’UoM, à qui revient l’initiative d’organiser cet atelier, rappelle que la mission de ce centre est de poursuivre les recherches et de soutenir la concrétisation des recommandations de la Commission justice et vérité, dont elle a été une des vice-présidentes. Elle a mis l’accent sur l’importance de la participation communautaire à la création d’un tel projet.
Expédition scientifique
La journée d’hier a vu la participation de Jimmy Harmon, directeur du centre Nelson Mandela pour la culture africaine. Il a fait une présentation succincte des recommandations de la Commission justice et vérité et axée sur l’Intercontinental Slavery Museum. Vikash Rupear et Deoraz Ramrachaya, directeur de musée sous le Mauritius Museums’s Council, ont fait une présentation des différents artefacts, liés à l’esclavage, faisant partie de la collection du MMC et qui peuvent être vus dans les musées nationaux, dont la plupart se trouvent au musée de Mahébourg. Le père Alain Romaine, lui, a fait une présentation du Saturne, un navire impliqué dans la traite négrière et un des rares, sinon le seul, à pouvoir fournir des informations complètes sur ses activités. Il en a fait un film qui a été projeté hier à Réduit. Le responsable du département d’histoire de l’Université de Toamasina, Chaplain Toto, a parlé de la Baie d’Antongil et de ses liens avec l’histoire de l’esclavage. Il a fait un plaidoyer pour que l’Unesco soutienne un projet d’expédition scientifique pour établir le lien entre la baie d’Antongil et Maurice dans le cadre de la traite négrière. Jayshree Mungur-Mehdi, du CRSI, devait quant à elle parler du concept d’un « open air and living museum », au Morne. Dans l’après-midi, Benjamin Mootou, membre du Morne Heritge Trust Fund, devait parler de Rivière-Noire comme un lieu de réminiscence de l’esclavage et du marronnage, et l’Associate Professor Beningna Zimba de l’Université d’Eduardo Mondlane devait faire une présentation intitulée « Mozambique in the route to Mauritius : diasporas and memories of the slave trade ».
Aujourd’hui, un atelier consultatif était prévu dans le village du Morne et demain une rencontre similaire aura lieu à Mahébourg.

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