NATIONAL DRAMA FESTIVAL : Dans l’antre du théâtre amateur

Plus qu’un simple art, le théâtre amateur à Maurice, traduit par la manifestation annuelle du National drama festival, du ministère des Arts et de la Culture est l’occasion tout indiquée pour les comédiens en herbe de se découvrir, de s’affirmer, d’apprendre la vie en groupe, mais aussi de s’épanouir. C’est ce qu’ils s’accordent à dire au Mauricien qui rencontraient quelques-uns, jeudi dernier au théâtre Serge Constantin à Vacoas, lors de la finale de la catégorie en langue anglaise du concours. Une journée qui a vu la consécration, pour la première fois, du Face to face Drama club de la Morning star school, de Trianon, sur une adaptation de la pièce The Takers de The Brothers Capek par l’enseignante Jeanne Leroux.
Trois groupes étaient en lice pour le prix de langue anglaise. Outre le Morning Star School, la troupe du collège Universal de Rivière-du-Rempart et celle de la SSS de Belle-Rose ont conquis des coeurs dans la salle par leur prestation scénique. Au Mauricien, Vanisha Rookmin, directeur de la pièce A phone call to God qu’elle a adapté pour l’occasion, laisse entendre le collège est bien rodé en ce qu’il s’agit du théâtre : le drama club existe depuis une trentaine d’années et compte 150 membres, élèves et professeurs de l’école. « On travaille dans toutes les langues : anglaise, française, hindi, ourdou… » Mais pour les élèves, le travail a été assidu pour monter la pièce. « Au début, c’était difficile, il a fallu s’organiser pour pouvoir le faire », fait ressortir Yashley Gooroochurn, élève en HSC. Son ami Hurry Krishna qui pratique le théâtre depuis quatre ans a, quant à lui, appris la patience. Malgré ses trois années d’expérience, Ashvan Jeebun, élèves-en HSC également et qui incarnait le rôle d’un mendiant affirme : « Il faut constamment s’améliorer. On a beaucoup travaillé, sur la langue aussi », dit-il. À plus forte raison que la langue anglaise n’est pas très présente à l’oral dans le paysage mauricien.
Même constat chez les filles de la SSS de Belle-Rose. « Au début, c’était pour le fun », lance Tatiana Chinapen, élève en HSC, entourée de ses amies. Celles-ci acquiescent. « Par la suite, cela devenait sérieux. Le véritable challenge était de jouer en anglais. On fait l’anglais à l’école, mais on n’est pas vraiment familier avec la langue, surtout à l’oral. Il fallait travailler la diction, ensuite les expressions corporelles et faciales pour transmettre les émotions de son personnage », poursuit-elle. Azraa Soormally, en HSC également et qui incarnait le personnage principal, « il fallait s’organiser entre les études et la préparation de la pièce et gérer son stress ». Comme Lethicia Augustine du collège Universal, elle a aussi appris à vaincre sa timidité.
Mis en place depuis deux ans, le club de théâtre de la Belle-Rose SSS a pour responsable la professeure d’anglais et de littérature anglaise Anitah Aujayeb. « En début d’année, j’invite celles qui souhaitent faire du théâtre à se joindre au club », affirme notre interlocutrice. Le choix de la pièce présentée dans le cadre de ce concours a été porté sur une adaptation de The Refund de Fritz Karinthy parce que selon Mme Aujayeb, il s’agit d’un thème d’actualité. « Aujourd’hui, il y a beaucoup de personnes qui pensent qu’un certificat ne veut rien dire », dit-elle.
Les élèves de la Belle-Rose SSS ont très bien joué leurs personnages. La plupart d’entre elles en étaient à leur première expérience à l’exception de Joanne Sonahra qui incarne le rôle du professeur de Mathématiques. Elle fait partie du groupe théâtral de l’église Universelle, à Beau-Bassin. Si elle a l’habitude de travailler en groupe, c’est la première fois qu’elle le faisait avec les amies de l’école. Somaiyah Ahmod, régisseuse de la pièce découvre pour la première fois ce métier, ô combien important. « C’est elle qui s’occupe de tout : elle nous cherche quand nous ne sommes pas là, elle nous accueille, elle nous encadre, elle s’assure que tout le matériel technique est en place. Par exemple, hier soir, elle est restée éveillée jusqu’à fort tard à chercher la meilleure musique qui irait avec la pièce. Bref, elle s’assure que tout se déroule sans problème », explique Tatiana Chinapen en sa présence. Un petit sourire au coin des lèvres, elle note qu’au début, elle devait jouer dans la pièce et que par la suite, on lui a confié cette tâche. « J’ai beaucoup appris, mais je dois dire qu’en même temps, c’était un travail d’équipe ». Élève en forme IV, Somaiyah Ahmod semble avoir découvert une nouvelle passion.
Outre la timidité, certains estiment que la scène leur permet de s’exprimer et d’être ce qu’ils sont tout en incarnant un personnage. « On peut crier, on peut parler fort », affirme Angella Couronne qui incarnait le rôle de Mme Criquet. « C’est bien de pouvoir montrer ce qu’on peut ressentir librement », renchérit Sarah Ruhomauly. Des étoiles plein les yeux, les deux filles et Oliver Fitzroy qui incarnait le rôle de M Criquet se font un point d’honneur à relever la réaction du public à quelques reprises. « Cela aide beaucoup lorsque le public rit. Cela nous encourage à faire encore mieux », lance Oliver Fitzroy. Outre leur prestation scénique de cette pièce qui frise le fantastique dans un univers d’insectes, mais qui traite bien des thèmes d’actualités, le décor et les costumes n’ont pas laissé le public insensible. « C’était un travail d’équipe. Chacun a apporté sa contribution. Cela nous a poussés à être créatifs en même temps », fait ressortir Oliver Fitzroy.
Et c’est certainement au plus grand bonheur des participants que le Face to Face Drama Club a été sacré lauréat de l’édition 2015 du English Drama Festival. Le jury était composé de Sobhanund Seeparsad, Thierry Ramasawmy et Manogary Rangasamy

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