NATIONS UNIES : Consultations sur le prétendu retour des Chagossiens aux Chagos

La Premier ministre a accusé la Grande Bretagne de violer grossièrement les droits humains les plus fondamentaux en lançant le « soi-disant exercice de consultation concernant le prétendu retour des Mauriciens d’origine chagossienne dans l’archipel des Chagos ». Sir Anerood Jugnauth, qui s’adressait à l’Assemblée générale ordinaire des Nations Unies, a exhorté celle-ci et la communauté internationale à soutenir les efforts légitimes de Maurice en vue de l’exercice de sa souveraineté sur les Chagos. Il a invité les États-Unis qui utilisent Diego Garcia pour leur défense à engager des discussions avec Maurice concernant les intérêts à long terme du pays. Il a aussi exhorté la France à poursuivre le dialogue avec Maurice en vue du règlement du contentieux sur l’île Tromelin.
Le Premier ministre, qui retournait hier à la tribune des Nations Unies 12 ans après avoir fait ses adieux, a expliqué que c’est le destin et la volonté de la population qui a forcé son retour dans l’arène politique après la victoire remportée lors des élections du 10 décembre dernier. Pour lui, c’est la preuve de l’attachement de Maurice aux valeurs de la démocratie, du respect des droits humains, de l’État de droit et de la coexistence pacifique.
Comme attendu, sir Anerood Jugnauth a consacré une large part de son discours aux efforts de Maurice afin de retrouver sa souveraineté sur l’archipel des Chagos. Il a ouvert ce chapitre en affirmant que conformément aux résolutions des Nations Unies, il est temps de compléter le processus de décolonisation du continent africain. Dans ce contexte, il a estimé qu’il est temps de résoudre la situation qui empêche Maurice d’exercer effectivement sa souveraineté sur l’archipel des Chagos et l’île Tromelin, qui font partie intégrale du territoire mauricien. Après avoir rappelé les circonstances dans lesquelles les Chagos ont été excisés du territoire mauricien par la Grande Bretagne avec l’accession de Maurice à l’indépendance et en violation des résolutions des Nations Unies, il a rappelé que le Tribunal arbitral institué dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur les droits de la mer a accusé le 18 mars dernier la Grande Bretagne de violation des droits internationaux pour avoir pris la décision de créer une aire marine protégée autour de l’archipel des Chagos. « We welcome the Tribunal’s decision that the “marine protected area” purportedly declared by the United Kingdom around the Chagos Archipelago was established in violation of international law. We also welcome the Tribunal’s unanimous recognition that Mauritius has an interest in significant decisions bearing upon the uses of the Archipelago pending its return to the effective control of Mauritius », a-t-il déclaré. SAJ a souligné que c’est la première fois qu’un juge ou arbitre international a considéré les faits historiques qui soutiennent la cause mauricienne concernant sa souveraineté sur l’archipel des Chagos. Deux arbitres ont exprimé l’avis que la Grande Bretagne n’est pas un « Coastal state » en relation avec les Chagos. Ce point de vue n’a pas été contredit par les autres juges siégeant sur l’instance arbitrale. « Cela confirme que les Chagos sont et ont toujours fait partie intégrale du territoire mauricien », a-t-il rappelé. De plus, a dit SAJ, le tribunal a reconnu que la Grande Bretagne a des obligations légales vis-à-vis de Maurice et qu’elle se doit de respecter les droits de Maurice concernant les Chagos. De plus, aucune décision concernant l’utilisation des Chagos ne doit être prise sans l’implication de Maurice.
Sir Anerood Jugnauth a affirmé que malgré cela, la Grande Bretagne a lancé récemment un soi-disant exercice de consultation concernant le prétendu retour des Chagossiens dans leurs îles natales, qu’il a qualifié de « gross violation of their (les Mauriciens d’origine chagossiennes) most basic human rights » avant d’ajouter que « Mauritius rejects unreservedly this purported consultation exercise ». Il a donné la garantie qu’une fois que Maurice aura été en mesure d’exercer son droit de souveraineté sur les Chagos, les frères et les soeurs chagossiens auront la possibilité de s’installer à nouveau sur leurs îles natales dans la dignité et le respect des droits humains. Il a exhorté les États-Unis à ouvrir les discussions avec Maurice concernant les intérêts à long terme du pays par rapport aux Chagos. Il a rappelé dans ce contexte la remarque faite par le président des États-Unis lors de son intervention à la tribune des Nations Unies lundi. Barack Obama avait en effet déclaré que « we cannot stand by when the sovereignty and territorial integrity of a nation is flagrantly violated ».
Le PM a soutenu que Maurice est déterminée à poursuivre tous les efforts conformément aux droits internationaux pour pouvoir exercer son droit de souveraineté sur les Chagos et qu’un recours aux instances judiciaires internationales n’est pas à épargner. L’Assemblée générale a été invitée à soutenir Maurice dans ses efforts. Il s’est dit convaincu que l’Assemblée des Nations Unies devrait créer un mécanisme pour permettre et pour suivre la mise en oeuvre des résolutions adoptées par l’assemblée générale des Nations Unies. Il a exprimé son appréciation pour le soutien de l’Union Africaine du mouvement des non alignés du groupe 77 et de la Chine à Maurice concernant sa souveraineté sur l’archipel des Chagos.
Dans le cadre de son intervention, SAJ a également plaidé en faveur du soutien de la Communauté internationale aux petits États insulaire en développement, qui sont vulnérables. Il a estimé que les organisations internationales ne devraient pas regarder Maurice uniquement par son PIB par tête d’habitant mais devraient prendre en considération sa vulnérabilité en tant qu’État insulaire. Il a aussi plaidé pour la réforme du Conseil de sécurité des États-Unis et estimé que l’Inde devrait avoir un siège permanent au sein de cette instance internationale. Il a estimé que l’Afrique ainsi que le groupe des petits États insulaires en développement devraient également avoir un siège au sein du conseil de sécurité.

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