NATIONS UNIES | Droits humains—LGBT, pauvreté à Rodrigues et créole au menu des échanges

Maneesh Gobin au Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies : « Les discours de haine ne sont pas tolérés à Maurice »

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Le comité des Nations unies évoque des mesures de discrimination positive envers les personnes d’ascendance africaine

Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies sur les droits humains a examiné mercredi le rapport périodique de Maurice. La délégation mauricienne, dirigée par le ministre Maneesh Gobin, a dû ainsi répondre aux questions relatives à la discrimination envers la communauté LGBT et les créoles, la pauvreté à Rodrigues, le mariage des mineurs et les conditions des travailleurs étrangers, entre autres. Le comité n’a pas manqué de féliciter Maurice au sujet de l’Advisory Opinion de la Cour internationale de Justice en sa faveur sur les Chagos. Abordant la discrimination raciale, il a argué que « les discours de haine ne sont pas tolérés à Maurice, le gouvernement étant attentif à tout ce qui pourrait menacer l’harmonie ethnique dans le pays. » 

Dans sa présentation initiale, Maneesh Gobin a souligné la volonté du pays de devenir une nation inclusive. Il a cité en exemple l’introduction du salaire minimum ainsi que le plan Marshall contre la pauvreté. « Maurice œuvre constamment à la consolidation de l’État providence, en maintenant la pension universelle aux retraités, veuves et handicapés, ainsi que la santé et l’éducation gratuite, entre autres », a-t-il fait ressortir.

La délégation mauricienne était également composée de représentants des ministères de la Santé, des Finances, de l’Intégration sociale, des Affaires étrangères et du Commerce international, entre autres. Elle a dû ainsi répondre aux questions des membres du comité sur la situation des travailleurs étrangers dans le pays, de même que sur les employés domestiques, l’embauche des personnes handicapées, la maltraitance des personnes âgées, la lutte contre la pauvreté, et sur le filet de protection social mis en place en faveur des populations vulnérables.

Les membres du comité se sont aussi intéressés au décrochage scolaire des jeunes, à l’enseignement du créole à l’école, à la pauvreté à Rodrigues et chez les créoles de manière générale, l’impact du Youth Employment Programme, ainsi qu’à la méthodologie utilisée pour calculer le salaire minimum. Le comité a une nouvelle fois exprimé sa préoccupation concernant la discrimination envers la communauté LGBT et les créoles, à Maurice.

Le comité n’a pas non plus caché son étonnement concernant l’absence de représentants d’Ong. Il souhaite une concertation étroite entre le gouvernement et la société civile sur les droits humains.

Maneesh Gobin a énuméré une série d’initiatives du gouvernement, allant des mesures pour favoriser l’investissement aux projets d’infrastructure comme le Metro Express et la construction de la piste d’atterrissage à Agalega, de même que l’augmentation du congé de maternité et de paternité. Concernant l’emploi des jeunes, il a indiqué que 22 000 d’entre eux ont trouvé un emploi entre 2013 et 2018, grâce aux initiatives du gouvernement.

Au sujet des travailleurs étrangers, il a précisé qu’un plan d’action contre la traite des personnes est en cours d’élaboration. De même, une brochure sera publiée le mois prochain pour aider les travailleurs étrangers à mieux connaître leurs droits. Pour ce qui est de l’emploi domestique, la délégation a répondu « qu’il est difficile d’exercer un certain contrôle » étant donné que les domiciles sont privés, donc difficile d’accès.

L’Attorney General est aussi revenu sur le programme national de la lutte contre la drogue, la réforme de l’éducation, la création d’une autorité spéciale pour l’éducation des enfants handicapés, la subvention des centres culturels « visant à préserver le patrimoine culturel et linguistique de la population », la mise sur pied d’un musée de l’esclavage, « dans un proche avenir ».

Un expert du comité a attiré l’attention sur les plans économique et social, précisant que « si Maurice se classe au vingtième rang sur le plan des facilités commerciales du pays pour attirer les investissements, il existe un risque de faire passer les droits sociaux au second plan. » L’expert a aussi demandé si Maurice envisageait de renforcer les lois sur la discrimination en fonction du genre. Dans la foulée, il s’est prononcé en faveur de mesures temporaires spéciales – discrimination positive – envers les personnes d’ascendance africaine.

Une experte a voulu avoir plus de détails sur les intentions de Maurice avec le projet d’inscrire le viol conjugal dans la loi sur la violence domestique.

Un autre membre est revenu sur l’utilisation du kreol à l’école, soulignant qu’elle reste « facultative » et notant du même coup « le plus fort taux d’abandon scolaire et d’échec chez les enfants créolophones. » 

Dans les réponses fournies, la délégation a mis en avant les efforts de Maurice pour l’égalité, notamment à travers l’éducation. Le tertiaire public gratuit a été mis en avant, pour soutenir cela. S’agissant des droits des personnes transsexuelles, elle a laissé entendre que « le Gouvernement se devait de prendre en compte le degré d’acceptation de la population dans son ensemble.» 

Au chapitre de la violence domestique, il a été indiqué que la définition de la violence intrafamiliale a été précisée récemment, en y incluant le droit de refuser des rapports sexuels, sans toutefois,  que la notion de viol conjugal ne soit spécifiquement mentionnée dans la loi. La délégation a également répondu aux questions sur le mariage des mineurs, précisant que l’âge minimal du mariage est fixé à 16 ans, sous réserve de l’accord des parents. Un expert s’étant étonné que la loi permette à des enfants de se marier, la délégation a noté qu’il y avait lieu d’obtenir un double consentement, à la fois des principaux intéressés, à savoir les futurs époux, et leurs parents.

Concernant Rodrigues, la délégation a déclaré que pour « désenclaver l’île », un câble sous-marin a été récemment installé, ce qui permettra des développements et la création de nouveaux emplois. Elle n’a pas manqué non plus que Maurice a accordé une enveloppe de Rs 35M à Rodrigues, suivant le passage du cyclone Gelena, récemment. Pour ce qui est de l’utilisation du créole à l’école, la délégation a d’abord précisé que tous les Mauriciens en parlent, et que son enseignement à l’école est progressif.

Olivier de Schuter, membre du Comité chargé du rapport de Maurice, a dit son appréciation que la délégation mauricienne a répondu aux questions « avec franchise » et à l’aise à la fois en anglais et en français. Les « concluding observations » seront connues le 8 mars prochain.

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