NAVIN RAMGOOLAM, LA CHUTE : Du Droit à l’Information à «  Schadenfreude »

Entre Dominique Strauss-Kahn dont le procès du Carlton a lieu ces jours-ci à Navin Ramgoolam, notre ex-Premier Ministre, toutes proportions gardées, nous pourrions trouver quelques points communs : mégalomanie, pulsions exacerbées, des « story telling » qui défraient la chronique et tiennent le public en haleine, l’arrogance et le sentiment d’impunité, des épouses érigées en « icônes» de femmes, Anne Sinclair pour son professionnalisme, Veena Ramgoolam pour sa discrétion et son soutien silencieux  à un homme public dont l’honneur ne fut pas au rendez-vous, la chute par le biais de femmes.
« Vous étiez l’un des hommes les plus puissants du monde… ? » demandait-on à DSK à son procès. Traqué, sans cravate, assis au banc des accusés devant un tribunal new-yorkais en mai 2011, et face en ce mardi 10 février 2015 au tribunal correctionnel de Lille,  Dominique Strauss-Kahn n’est plus ce qu’il fut : l’homme puissant dont la chute pathétique a été retransmise en mondiovision. « Disons que j’ai sauvé la planète d’une crise qui aurait pu être plus grave que celle de 1929 ». Réponse de DSK, à la mode d’un hubris,  l’hybris étant une notion grecque que l’on peut traduire par démesure. C’est un sentiment violent inspiré par les passions, et plus particulièrement par l’orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance, et la modération. Divorcé aujourd’hui, DSK a vu son étoile pâlir depuis la faillite de sa société financière LSK et le suicide de son associé. « J’y ai perdu du temps, de l’argent, et sans doute de la réputation », dit-il.
Navin Ramgoolam, se croyant au-dessus de tout, aura aussi donné dans la démesure, perdu un proche associé en la personne de Rakesh Gooljaury, vu son image déchoir à la rue Desforges en ce vendredi 6 février 2015 face à une meute, trop prête pour un lynchage public. Il est trop tôt pour prédire ce qu’il perdra encore. L’argent, son image, du temps pour son parti politique ? Sûrement. Son épouse ? On ne peut émettre ce genre de souhait.
Et nous, public, bon ou mauvais, nous nous réjouissons de leur chute. Jamais les médias n’ont été tant sollicités : Argent et Sexe sont les plus grands moteurs de l’histoire des ambitions et des histoires à la petite semaine. Notre curiosité est titillée ; à notre désir légitime d’information se glisse imperceptiblement du « Schadenfreude », un terme allemand qui désigne le sentiment de joie face au malheur de quelqu’un surtout si on ne l’apprécie pas. Et pour alimenter ce « Schadenfreude », un voyeurisme, léger ou  malsain ne serait pas à exclure.

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