NÉCROLOGIE—DÉCÈS DU DR PHILIPPE FORGET: Le journalisme mauricien perd un tribun

Avec le décès du Dr Philippe Forget lundi à l’âge de 85 ans, le journalisme mauricien a perdu un tribun respecté. Il est décédé peu de temps après avoir célébré les 50 ans du journal l’express, dont il a été le directeur et rédacteur en chef entre 1963 et 1984.
Médecin de formation, le Dr Philippe Forget a choisi d’exercer le métier de journaliste en participant au lancement du journal l’express en avril 1963. Dans une interview accordée à l’express en mai dernier et citée par le quotidien hier, le Dr Forget affirme que « ma phase de journaliste était conçue comme un devoir de diriger la pensée mais je reconnais qu’avec l’éducation montant de nos jours, il doit y avoir une osmose plus présente entre le public, le lecteur et le journalisme ».
En fait, le Dr Forget a formé toute une génération de journalistes. Plusieurs d’entre eux ont ensuite exercé dans d’autres journaux. Ces derniers parlent de lui comme d’un journaliste passionné, méticuleux, d’une droiture morale. Il avait à travers son journal soutenu la lutte de Maurice pour l’indépendance et avait beaucoup encouragé les petits entrepreneurs et l’autosuffisance économique. Il avait soutenu beaucoup de jeunes entrepreneurs qui sont aujourd’hui à la tête d’importants conglomérats. Après l’indépendance, il n’avait pas hésité à critiquer les écarts du gouvernement avec un langage franc parfois violent, voire vitriolique.
Alors que la presse passait par des moments difficiles avec l’amendement de Newspapers and Periodicals (Amendment) Bill qui menaçait de disparition plusieurs publications voire la presse écrite d’alors, le Dr Philippe Forget s’est joint aux autres confrères venant de tous les journaux sauf un pour mener une campagne à travers le pays contre ce projet de loi. À une époque où les radios privées n’existaient pas encore, il expliquait avec beaucoup de pertinence le rôle de la presse comme source d’information mais aussi comme élément unificateur de la population mauricienne. « Grâce à la presse écrite (pour bien faire la différence avec la radio et la télévision publiques), un habitant de Grand-Baie était en mesure de savoir ce qui se passait à Souillac et un habitant de Rivière-Noire apprenait ce qui se passait à Flacq. » On le retrouve d’ailleurs au premier plan de la photo mythique des journalistes faisant un sit-in devant l’hôtel du gouvernement qui leur a valu de passer une journée en prison aux Casernes centrales.
Le Dr Forget s’est retiré de la presse en 1984 pour se consacrer à la culture d’anthurium à Nouvelle-Découverte et à l’écriture. Il est l’auteur de plusieurs livres.
À son épouse Huguette, ses enfants et ses petits-enfants, Le Mauricien présente ses plus sincères condoléances.

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