NÉGLIGENCES MÉDICALES ALLÉGUÉES : « Les Health Care assistants ne peuvent être tenus responsables »

L’annonce du ministère de la Santé de la mise sur pied d’un tribunal pour traiter les cas de négligence médicale a suscité la réaction de la Ministry of Health Employees Union (MHEU). D’autant que dans un passé récent, des allégations de négligence médicale ont été faites à l’encontre de leurs membres, les Health Care Assistants (HCA). Or, pour le président de la MHEU, Amaljeet Setohul, ceux-ci « ne peuvent être tenus responsables ». Il pointe du doigt « les failles dans le système qui en sont la cause » et évoque un « problème majeur de conflit d’intérêts ». Car, alors que les HCA ne sont pas reconnus comme infirmiers, c’est le département des infirmiers qui leur impose certaines tâches ne relevant pas de leurs compétences. Et c’est le même département qui entend leurs plaintes… Ce qui les met, dit la MHEU, dans une situation « dangereuse ».
L’annonce d’un tribunal qui s’occuperait des cas de négligence médicale « n’est pas une priorité, du moins dans un premier temps », estime la MHEU. Il importe, pour son président, « de trouver d’abord une solution aux failles dans le système », qui engendrent des négligences médicales. « Les diverses allégations faites à l’encontre des HCA n’ont finalement pas été prouvées. De plus, ce ne sont pas les HCA qui en sont responsables. Ces derniers n’ont qu’une formation de six mois qui a été étendue à un an. Mais, même là, il n’y a rien de concret dans le cours qui soit venu renforcer leurs compétences », argumente-t-il.
Amaljeet Seetohul évoque un « shift of responsibilities » sur les HCA, notamment à cause d’un manque de personnel infirmier. « Les HCA ne sont pas censés donner des médicaments ou faire des injections. Mais ils sont souvent contraints d’accomplir des tâches qui ne leur reviennent pas, ce qui les met dans une situation dangereuse. C’est très grave d’autant qu’ils sont sans défense dans le système ». À titre d’exemple, dit Amaljeet Seetohul, « les HCA sont souvent appelés à accompagner les patients dans l’ambulance alors qu’ils n’ont pas la formation voulue pour cela. Si le patient est cardiaque, les HCA n’auront pas les compétences nécessaires pour lui venir en aide s’il fait une crise ».
La MHEU parle d’un manque de 2 000 infirmiers dans le secteur public alors que « la demande venant des patients ne cesse d’augmenter. C’est une autre raison du “shift of responsibilities” ». Pour corser le tout, « il y a un manque de 300 HCA depuis une dizaine d’années ».
Une structure nette réclamée
La MHEU estime que les médecins et les infirmiers sont tout aussi concernés par les cas de négligences médicales. La différence c’est qu’ils ont une structure bien cadrée, le “medical cadre” et le “nursing cadre”, pour les défendre. « Ils disposent d’une hiérarchie bien définie. Les infirmiers ont à leur tête un Director of Nursing alors que les HCA n’ont aucune hiérarchie. C’est le département des infirmiers qui s’occupe d’eux alors même qu’ils ne sont pas reconnus comme des infirmiers. Ils travaillent sous la supervision du département des infirmiers. Si un infirmier lui a demandé de faire une tâche qui ne lui revient pas, un HCA ne pourra se plaindre car il aura affaire à ce département. C’est un conflit d’intérêts majeur dans le système », relève Amaljeet Seetohul. Est aussi évoqué le Performance Management System (PMS) introduit par le ministère de la Fonction publique pour évaluer la performance des fonctionnaires. « Mais qui évaluera la performance des HCA ? Des infirmiers toujours… L’évaluation peut être mal faite, ce qui risque de refléter sur l’increment des HCA ».
Il importe dès lors, selon la MHEU, de créer une structure hiérarchique pour les HCA. « Nous avons alerté le ministère en 2011 lors d’une réunion mais il est demeuré évasif. En 2012, nous nous sommes tournés vers le PRB pour demander une structure séparée, en vain. Nous avons mentionné à nouveau ce problème dans le rapport “Errors and Anomalies” que nous venons de soumettre. Nous espérons que le PRB prendra note et apportera une structure séparée », souligne-t-il.
La MHEU est d’avis qu’il faut dispenser un cours de License Practice Nurse de deux ans aux HCA afin de régler le problème en partie. « Pour nous, le tribunal n’est pas une priorité. Il faut une structure hiérarchique avant tout », insiste Amaljeet Seetohul.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -