Nelson Mandela, un homme pour toutes les saisons

Avec l’abrogation de la Land Act, de la Group Areas Act et de la Population Registration Act en 1991, l’apartheid disparaissait officiellement en Afrique du Sud. Grâce à l’apartheid, dit de développement séparé, – il y avait des écoles, des hôpitaux, des autobus pour les blancs et d’autres pour les noirs : tout était séparé, alors que la population noire confinée à des zones définies de survie, – la minorité blanche avait pu maintenir sa domination sur la majorité noire, souvent dans la répression et le sang. Souvenons-nous des massacres de Sharpeville et de Soweto ! Plus que tout autre, Madiba, son nom en Xhosa, Nelson Mandela, pourtant emprisonné pendant 27 ans, notamment à Robben Island, l’île-prison, a incarné la résistance de l’African National Congress, qu’il avait fondé avec d’autres militants noirs, et de la population sud-africaine à l’oppression du régime de l’apartheid. Lorsque l’apartheid prend fin il y a vingt ans c’est donc surtout l’aboutissement du long  et ardu combat de l’African National Congress, mené par un homme d’exception, charismatique, Nelson Mandela.
Nelson Mandela, — qui accèdera au pouvoir en 1994 en tant que premier président noir d’Afrique du Sud et qui n’acceptera qu’un mandat de cinq ans, — c’est surtout la capacité de pardonner à ceux qui l’ont jeté en prison et de vouloir construire une Afrique du Sud nouvelle, réconciliée avec ses oppresseurs d’hier. Il prononcera un discours mémorable le 10 mai 1994 lors de son accession à la présidence de l’Afrique du Sud, dont ci-après des morceaux choisis :
« De l’expérience d’un désastre humain qui n’a que trop longtemps duré doit naître une société dont l’humanité entière sera fière. Nos actes au quotidien en tant que Sud-Africains ordinaires doivent  déboucher sur une véritable réalité sud-africaine qui renforcera la foi de l’humanité en la justice, affermira sa confiance en la noblesse de l’âme humaine et nourrira nos espoirs d’une vie épanouie pour chacun d’entre nous. » (…) (in Le temps est venu, Edition bilingue, Points.)
« A mes compatriotes, je dis sans hésiter que chacun d’entre nous est aussi intimement attaché à la terre de ce magnifique pays que le sont les célèbres jacarandas de Pretoria et les mimosas de la savane. (…) Cette unité spirituelle et physique que nous partageons tous avec cette patrie commune explique l’intensité de la souffrance que nous avons portée dans nos coeurs lorsque nous avons vu notre pays se déchirer dans un conflit épouvantable, et lorsque nous l’avons vu rejeté, proscrit et isolé des peuples du monde entier, précisément parce qu’il était devenu la base universelle de l’idéologie et de la pratique pernicieuses du racisme et de l’oppression raciale. (…)
« Le temps est venu de panser les blessures. Le temps est venu de combler les gouffres qui nous séparent. Le temps est venu de construire.  Nous avons, enfin, réalisé notre émancipation politique. Nous nous engageons à libérer notre peuple de l’esclavage permanent dû à la pauvreté, à la privation, à la souffrance, au sexisme et à toute autre discrimination. (…)  Nous nous engageons à construire une société dans laquelle tous les Sud-Africains, qu’ils soient blancs ou noirs, pourront marcher la tête haute et sans crainte, assurés de leur droit inaliénable à la dignité humaine, – une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde. » (…)
« Nous dédions ce jour à tous les héros et héroïnes de ce pays et du monde qui se sont sacrifiés de multiples façons et ont donné leur vie afin que nous puissions être libres. Leurs rêves sont devenus réalité. La liberté est leur récompense. Nous nous sentons à la fois humbles et fiers de l’honneur et du privilège que vous le peuple sud-africain, nous avez accordés, en tant que premier président d’une Afrique du Sud unie, démocratique, non raciste et non sexiste, afin de mener notre pays hors de la vallée des ténèbres. Nous comprenons néanmoins que la route vers la liberté n’est pas facile. Nous savons bien qu’aucun d’entre nous en agissant seul ne peut réussir. »
« Nous devons, par conséquent, agir ensemble comme un peuple uni en vue de la réconciliation nationale, de la construction de la nation et de la naissance d’un nouveau monde. Que la justice soit pour tous. Que la paix soit pour tous. Que le travail, le pain, l’eau et le sel soient pour tous. Que chacun d’entre nous sache que son corps, son esprit et son âme ont été libérés afin de s’épanouir. Que jamais, jamais, jamais plus ce magnifique pays ne revive l’expérience de l’oppression des uns par les autres ni ne subisse l’indignité d’être le paria du monde.
Que règne la liberté. Jamais le soleil ne se couchera sur une réussite humaine aussi glorieuse.
Que Dieu bénisse l’Afrique ! »

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