Neuer, « yes he Kahn »

Le N.1 de la Nationalmannschaft est encore jeune pour son poste, 28 ans. Mais le rendez-vous contre l’Argentine se présente évidemment pour lui comme un défi grandiose au pays du « futebol »; à quitte ou double.
Lot de chacun des acteurs engagés sur la scène du stade mythique de Rio, certes; un peu plus pour les gardiens: leur métier est ainsi fait que la moindre erreur, quelques centimètres ou dixièmes de seconde par ci, un faux rebond par là, peut ruiner des heures d’excellent labeur.
Kahn peut en témoigner. Retour en 2002, à la Coupe du monde nippo-coréenne. Le capitaine allemand multiplie les exploits dans ses cages et porte à bout de bras sa sélection jusqu’en finale, n’encaissant qu’un petit but en six matches.
Kahn est même élu meilleur joueur du Mondial, cas unique pour un gardien.
Le jour où le « Titan » a craqué 
Mais le grand jour, ce 30 juin 2002 à Yokohama, à la 67e minute, le « Titan » craque: il ne bloque pas le ballon sur une frappe anodine de Rivaldo et le relâche dans les pieds de Ronaldo qui ouvre le score et met le Brésil sur la voie de son cinquième titre (2-0).
« Quand on a fait la Coupe du monde que j’ai fait, quand on a guidé et poussé l’équipe comme je l’ai fait et qu’on est justement celui qui fait une telle erreur… pour les autres c’était comme un choc », s’est souvenu l’ancien gardien dans le livre « Brazil 2014, die WM im Land der Fussball-Verrückten » (Brésil 2014, la Coupe du monde au pays des fous de football).
C’est tout le risque que court Neuer. Lui aussi a fait des miracles sur le chemin de la finale. S’il a encaissé quatre buts en six matches, aucun ne lui est imputable, et deux sont d’ailleurs anecdotiques puisque simplement des réductions du score sans conséquence, en 8e de finale contre l’Algérie (2-1 a.p.) et en demi-finale face au Brésil (7-1).
Le Bavarois a constamment rassuré ses coéquipiers, notamment dans les moments difficiles, comme contre le Ghana (2-2) et à un degré moindre les Etats-Unis (1-0), et surtout face à l’Algérie par ses sorties en dehors de sa surface, tel un Franz Beckenbauer ganté.
Le gardien a réalisé un total de 25 arrêts, dont quelques-uns mémorables comme face à Benzema dans les dernières minutes du quart remporté contre la France (1-0) ou devant le Brésilien Paulinho à bout portant.
N°1 des N°1 
La Coupe du monde a été riche en révélations au sein de la corporation des portiers, du Mexicain Ochoa au Costaricien Navas en passant par l’Américain Howard, voire l’étonnant remplaçant néerlandais Krul seulement entré en jeu pour une séance de tirs au but réussie. Mais l’Allemand en est sans doute le N.1.
« Il prouve dans cette Coupe du monde qu’il est actuellement le meilleur gardien du monde, a estimé Kahn sur la chaîne ZDF après les quarts. Tout le monde sait que c’est un superbe footballeur, qui peut bien participer. Mais c’est décisif d’être présent dans les situations importantes et de sauver son équipe. Au bout du compte, c’est là dessus qu’on le juge ».
Et donc, si c’était lui, Neuer, le meilleur joueur du tournoi? Il pourrait disputer ce titre avec un de ses coéquipiers, l’attaquant Thomas Müller, auteur de 5 buts et deuxième meilleur buteur derrière le Colombien James Rodriguez (6).
Interrogé après sa performance de haut vol contre les Bleus, il avait lâché: « mais vous savez beaucoup de mes arrêts, c’est juste des automatismes. L’équipe me couvre au milieu et moi je n’ai qu’à surveiller vers les poteaux ».
Tout en notant: « et si le ballon rentre, c’est une erreur du gardien ». Neuer connaît la chanson. Au moins depuis 2002.

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