NEW SPORTS BILL : Débats à l’Assemblée Nationale, Les députés jouent aux prolongations

Ce n’est pas terminé et il faudra encore s’attendre à une soirée sport à l’Assemblée Nationale ce mardi. En effet, les députés jouent aux prolongations dans les débats après la présentation en première lecture du Sports Bill 2013 par le ministre de la Jeunesse et des Sports. Sept orateurs ont pris la parole mardi dernier autour de cette loi. Si, comme le veut la coutume le ministre des Sports a présenté sa loi, la première réplique de l’opposition a été donnée par le Leader de l’Opposition Paul Bérenger et qui fut suivi dans l’ordre par le ministre du Travail, Shakeel Mohamed, le leader du MSM, Pravind Jugnauth, le PPS Dhiraj Khamajeet, le responsable du dossier sport au sein du MMM, Franco Quirin, le PPS Abdullah Hossen et le député de Rodrigues, Francisco François. Pour la fin du débat de ce mardi, 14 intervenants sont attendus…soirée longue en perspective.
Comme il fallait s’y attendre, le ministre des Sports Devanand Ritoo est venu défendre son texte de loi autour de deux thèmes. Primo le combat contre les clubs et les fédérations fictifs et secundo accorder plus d’autonomie aux fédérations. D’entrée de jeu cependant, le ministre a touché un point important qui gravite autour de cette loi à savoir le soutien du Comité International Olympique et du Comité Olympique Mauricien. «Cette loi, dit-il, est le résultat d’une large consultation avec tous les stakeholders en particulier le comité olympique mauricien  et plus important le Comité International Olympique avec lequel les discussions ont été animées par moment», a soutenu Devanand Ritoo.
Dans ses explications, ce dernier a soutenu que cette loi vient (a) abolir le Regional Coordinating Committee qui ne fut jamais fonctionnel, (b) faire des provisions contre la prolifération des clubs et fédérations fictifs (c) mettre en place un framework pour création des clubs semi-professionnels et associations semi-professionnelles, (d) donner plus d’autonomie aux fédérations (e) remplacer le Mauritius Institute for Drug Free Sports par la Commission National Anti-dopage (f) donner une entité légale à la Commission Nationale du Sport Féminin (g) créer l’Institut National des Sports et (h) donner la possibilité pour la mise en place d’une unité d’arbitration au niveau  des fédérations nationales, le Comité Olympique Maurice et le Sports Arbitration Tribunal.
Pression sur les clubs
Le ministre devait aussi souligner que cette nouvelle loi permettra la mise en place d’un Ombudsperson for Sports tout comme une nouvelle unité qui conseillera le ministre et qui sera appelé le Sports Development Council. Dans son intervention, le ministre devait confirmer son intention de mettre la pression sur les nouveaux clubs, tout comme les nouvelles fédérations qui doivent obligatoirement passer par son ministère pour avoir la reconnaissance avant d’aller se faire enregistrer auprès du Registrar of Association. «Il a été observé que certains leaders du sport à Maurice capitalisent sur les faiblesses pour prendre le contrôle du management des fédérations.  Des ruses et des  subterfuges ont souvent été utilisées pour consolider le pouvoir au sein des fédérations au détriment du sport», a rappelé le ministre.
Parlant de l’autonomie aux fédérations, le ministre devait faire ressortir que ces dernières auront, sous la nouvelle loi, une autonomie complète.
Reste la question des clubs semi-professionnel, notamment en football, que la nouvelle législation va permettre la création. «Loin de basculer dans le communalisme, nous allons cultiver le concept de vivre ensemble via le sport. Et le football en particulier doit évoluer avec la societé. Les clubs semi professionnels seront appelés à souscrire à un cahier des charges pour pouvoir bénéficier de l’aide du gouvernement. Ce cahier des charges définit les engagements à respecter afin de garantir la paix sociale», a expliqué Devanand Ritoo qui a énuméré les différents garde-fous qui sont mis en place. Le ministre devait aussi reconnaître que la loi actuelle a des failles et que le New Sports Bill sera appelé à couvrir ces manquements.
Bérenger et ses qualités d’historien
Le Leader de L’Opposition qui a donné en premier lieu la réplique au ministre de Sports a beaucoup joué sur l’histoire pour dire son opposition à l’arrivée des clubs ‘longtemps’. Paul Bérenger a déployé toutes ses connaissances de l’histoire de Maurice, surtout les événements à caractère racial pour dire pourquoi le football communal à travers les clubs ‘longtemps’ ne devait pas avoir le droit de cité . Le leader des mauves a notamment évoqué la période de 1936, 1959, 1963-65  et 1963. «Le parti que je dirige, le MMM, prit naissance en 1969 avant tout pour barrer la route au démon communal et pour refaire l’unité du peuple mauricien telle qu’elle avait été réalisée en 1936 par le parti travailliste d’alors.  Après ces explosions communales, M. le président, plus près de nous, il y eut, à cause de l’existence du sport communal, des heurts répétés après les matchs.  Dans certaines régions de l’île, quand il y avait un match de football, les gens se terraient chez eux dans la terreur.  La liste est longue, d’affrontements à caractère communal qui accompagnaient le développement du sport communal dans ces années-là», a soutenu Paul Bérenger.
«Nous cacher à la Réunion»
Pour ensuite ajouter «Nous n’avons même pas pu affronter une équipe étrangère tellement la situation communale était pourrie, nous n’avons même pas pu – l’équipe mauricienne – affronter une équipe étrangère africaine, sur notre sol national.  Nous avons été nous cacher à l’île de la Réunion. Sans précédent !  Nous avons dû nous cacher, à cause de la situation communale, à La Réunion.  Ça c’est l’île Maurice d’avant hier et d’hier. Si je parle avec émotion, c’est qu’il faut se rappeler de tout cela.  Il faut faire revivre tout cela dans nos têtes pour que cela ne se reproduise pas  dans notre pays». Mais  l’ex-Premier ministre a soutenu que le football communal ne passera pas en raison de la quasi unanimité qui existe autour de cette loi, puisque dira-t-il en 1999, le pays est passé à deux doigts d’une troisième explosion communale.
Dans la foulée, le Leader de l’Opposition dit placer «chacun devant sa conscience et l’histoire jugera». pour ensuite dire son opposition au texte de loi, surtout ce qu’il considère comme «une mainmise du ministère et du ministre.» Pour ensuite évoquer le «feu vert du CIO» sur le texte de loi et a demandé au ministre de déposer sa copie. Le Leader de l’Opposition devait même citer les propos tenus par Philippe Hao Thyn Voon dans les colonnes de Week-End la semaine dernière. Quant à la mise en place d’un Ombudsperson for Sports, Paul Bérenger a suggéré que sa nomination soit faite par le président de la République après consultations pour ensuite tirer à boulets rouges sur la section 44 de la loi qui parle d’une amende de Rs 100 000 ou six mois de prison.
Mohamed ou l’apologie du football communal
S’il faut reconnaître qu’à chaud, l’intervention du ministre du Travail, Shakeel Mohamed, peut convaincre,  après une analyse approfondie de ses arguments, on n’arrive qu’à une seule conclusion: l’apologie du football communal. Le ministre du Travail s’est tellement engagé dans ses convictions qu’il est allé dire d’une part que si en 1999 Marie-Claude Arouff Parfait était ministre en Angleterre aujourd’hui il n’y aurait plus de Liverpool ni de Manchester United en action. «Had Mrs Arouff-Parfait been Minister in the United Kingdom, we would no longer see Liverpool; we would no longer see Manchester United.  Instead of going to the core of the problem, having a national committee, analyse what is the real problem, we have had a knee-jerk reaction; find a responsible person, blame it on someone, and let us kill the sport in the process.  So, yes, at that point, I agree with Sir Anerood Jugnauth: la regionalisation, dès 1999, a tué le sport.  Hon. Mrs Arouff-Parfait could have, in those days, put the football in a coma, but hon. Ravi Yerrigadoo in 2001, with his Bill, pulled the plug», a soutenu l’orateur, qui a marqué cependant un point important sur la question de la souveraineté de Maurice vis-à-vis du CIO comme en témoigne le jugement du Juge Domah.
Quirin: «A cause du délai du CIO»
L’intervention tant attendue du responsable du dossier sport au sein de l’opposition parlementaire n’a pas déçu. Ce dernier a surtout axé son intervention sur le pouvoir du ministre des Sports dans la nouvelle loi, alors que cette même loi devait se faire en conformité avec la Charte Olympique et dans le respect de l’autonomie des fédérations. «Mais que voyons nous depuis le samedi 24 Novembre 2013, lorsque le new Sports Bill a été rendu public?  Un concert de commentaires négatifs et certains n’ont pas hésité à qualifier cette loi de répressive et dictatoriale», a soutenu l’orateur, qui devait insister sur le fait que si Devanand Ritoo vient avec une nouvelle loi  5 ans après avoir  été nommé ministre de Sports c’est tout simplement en raison du ‘deadline’ qu’a imposé le CIO.
«Cette nouvelle loi n’est pas digne d’une République de Maurice moderne et qui veut se faire respecter par les instances internationales.  Avec le new Sports Bill,  le ministre des sports s’arroge de tous les droits, y compris celui de décider à la place des fédérations et d’imposer son dictat sur ces mêmes fédérations.», avance Franco Quirin qui explique au passage qu’une loi sur le sport devait être avant tout une loi cadre qui permet aux fédérations d’évoluer en toute autonomie et sérénité.
C’est ainsi que le député de la circonscription No 20 devait souligner que le nom du ministre apparaît plus d’une soixantaine de fois dans le texte de loi avec en plus dans des positions où le ministre «may, shall, approve, appoint or suspend». «Comment peut-on parler d’autonomie,  quand c’est le ministre qui décide de tout selon cette nouvelle loi? En fait, le ministre, a trouvé une parade pour avoir un contrôle total sur la vie sportive à Maurice.  Et cette parade, M. le président, c’est sa lutte contre la prolifération ‘of fictitious federations and sports clubs’», soutient Franco Quirin.
Une dictature
Dans son intervention, le député a beaucoup mis en exergue le fait que le CIO a beaucoup discuté avec le ministère des Sports pour avoir la meilleure loi possible. mais au final, dira-il, les propositions du CIO comme ceux du COM et des fédérations n’ont pas été prises en considération. «On pourrait qualifier la démarche de l’honorable ministre des Sports de dangereuse. Sans doute, c’est un mauvais précédent pour le monde sportif, d’autant plus que la loi ne fait aucune provision sur les critères qui seront pris en considération pour donner ce précieux sésame, qui est le certificat de reconnaissance, aux clubs aussi bien qu’aux fédérations», poursuit le député mauve. «Il est clair aussi que le ministre veut se servir de cette nouvelle loi pour régler ses comptes avec certains dirigeants sportifs. Cette démarche a un nom. Une dictature !», a avancé Franco Quirin
Autre point du discours, c’est la création d’une structure pour les clubs semi professionnels. Franco Quirin a estimé que la démarche du ministre de contrôler jusqu’à l’existence de ces clubs est une première à Maurice et sans doute dans le monde. Il devait par la suite proposer que la loi fasse provision que le Mauritius Sports Council soit transformé en le Mauritius Sports and Developpement Council au lieu de créer une nouvelle entité.
Pour conclure, Franco Quirin a parlé des inquiétudes des fédérations. « Je le redis une loi sur le sport n’a pas comme vocation d’imposer des règles internes aux fédérations, ni de contrôler l’avis des clubs. Ce Sports Bill, tel qu’il est libellé est en contradiction avec tout ce qui a été dit par le Comité International Olympique et qui réclame, depuis avril dernier, plus d’autonomie pour les fédérations nationales», a soutenu le député mauve.

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