NEW YORK | Climate Action Summit 2019—Anousha Purbhoo-Junggee, porte-drapeau de la jeunesse à l’ONU

La jeune Mauricienne: « Sakili et Recycle-Moi sont mes bébés, deux projets que j’ai conçus et grandis et les présenter devant le monde entier ne peut que me rendre fière»

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Lalita Purbhoo-Junggee, plus connue comme Anousha, fait la fierté de Maurice et surtout de la jeunesse mauricienne. Elle est la seule jeune activiste mauricienne à avoir décroché un “green ticket” pour participer au Climate Action Summit 2019 sur les cent alloués dans le monde entier par les Nations unie. Et dire ce n’est nullement une mince affaire pour cette jeune femme, élue de la Total Startupper 2019. Une expérience et une ouverture sans égal.

Lors de son passage à New-York, Anousha Purbhoo-Junggee a eu l’occasion de présenter ses deux projets, Sakili et Recycle-Moi, le premier consistant à recycler les “billboards” usés pour faire des sacs et le second à fabriquer des serviettes hygiéniques biodégradables à base de fibre de bambou. Un instant réussi et qui restera à jamais gravé: cette photo avec le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres et surprise de se voir en Une de l’hebdomadaire Week-End le lendemain matin. Un voyage qu’elle n’est pas près d’oublier aussitôt.

Le secrétaire de l’UN avait offert 100 “green tickets” à des jeunes activistes dans le domaine du changement climatique à travers le monde. Anousha fait partie d’un réseau de jeunes qui milite dans le cadre du Sustainable Development Goal (SDG) 13, qui est le changement climatique. C’est ainsi qu’elle a eu la chance d’être choisie parmi les 100 jeunes à participer au Climate Action Summit 2019. « Je suis une des activistes militant dans le contexte du SDG 13. Pour moi, les actions climatiques sont très importantes. Je reçois régulièrement des informations sur ce qui se passe dans le monde ainsi que les mesures prises. Je participe aussi à plusieurs séminaires et conférences dans le domaine. Je suis un membre très actif dans le réseau. Probablement c’est la raison pour laquelle j’ai été choisie », dira Anousha.

Par ailleurs, des 100 jeunes ayant eu droit à des “green tickets”, Anousha est la seule entrepreneuse. « Les 99 jeunes étaient seulement des activistes. Ils ne travaillent pas comme moi. Je suis activiste et femme entrepreneuse ayant lancé deux projets dans le respect de l’environnement et du changement climatique. Ma participation au Sommet visait à présenter mes deux projets : Sakili (transformer des “billboards” usés en sacs à dos ou à main) et Recycle-Moi (fabrication de serviettes hygiéniques biodégradables à base de pulpe de bambou, adaptées au climat local) », précise-t-elle. Pour rappel, le projet Recycle-Moi lui avait permis de remporter le concours local Total “Challenge Startupper” en mars dernier.

Anousha a ainsi présenté ses deux projets au cours du Youth Climate Change Summit 2019 à New York, devant un parterre de jeunes activistes, des chefs d’État ainsi que des diplomates. « Le sommet des jeunes était ouvert à tous. Tous les participants au Climate Action Summit 2019 pouvaient y assister. J’ai animé une présentation devant une audience de 400 participants. Mon objectif était de sensibiliser les jeunes participants et de les aider à développer un business dans le respect de l’environnement. Je devais leur expliquer comment avoir un revenu tout en militant en faveur de la protection de l’environnement. Comme, par exemple, ouvrir une entreprise et fabriquer des produits biodégradables. Après ma présentation, j’ai eu l’occasion de répondre aux questions des participants. J’ai aussi eu la chance d’avoir des personnes expérimentées venir me conseiller sur notamment comment exploiter et améliorer mon entreprise », ajoute Anousha.

C’est avec une fierté légitime et un grand bonheur que la Mauricienne a présenté ses deux projets. « Sakili et Recycle-Moi sont mes bébés. Deux projets que j’ai conçus et grandis. Les présenter devant le monde ne peut que me rendre fière. Même les critiques, je les accepte positivement dans le but d’améliorer mes projets », dit-elle. Mais, Anousha souligne qu’elle affichait sa plus grande fierté quand elle devait dire aux participants qu’elle vient de Maurice, une petite île dans le continent africain avec une population de 1,2 million. « Quand je leur disais que je suis de Maurice, les participants me demandaient où se trouve mon pays et le nombre d’habitants. Je leur répondais avec une grande fierté pour leur dire que Maurice, bien que petite, réalise bien de grandes choses », fait-elle ressortir.

Anousha dit avoir rencontré une délégation mauricienne à ce sommet à New York mais que les délégués ignoraient tiut de sa présence à cet aussi important événement. « Je me suis sentie si fière à cet instant. Je suis une Mauricienne qui n’était ni chef d’État ni diplomate mais j’ai eu la chance d’être là avec de hautes personnalités. Je l’ai toujours dit. Il faut qu’on accomplisse une grande chose dans la vie pour que notre potentiel et talent soient reconnus. C’est ce qui s’est passé dans mon cas. Tant que je militais contre les répercussions du changement climatique dans ma maison, j’étais une parfaite inconnue. Mais quand je suis partie à New York pour ce sommet, j’étais devenue une vedette », souligne-t-elle.

Anouska ajoute qu’elle n’est pas près d’oublier ce qu’elle a vécu à New York. Pour elle, c’était un grand défi qu’elle a relevé avec succès. « J’ai pris le plaisir de savourer ce petit goût de succès. Ma famille est aux anges. Mon père, tailleur de profession, ne comprenait pas ce que j’allais faire à New York. Mais grâce à un article publié dans Week-End du dimanche 22 septembre dernier, il s’est rendu compte que sa fille avait réalisé un grand accomplissement. Ma mère comprenait un peu mais ne savait rien de l’envergure. Après l’article dans Week-End, mes proches ont commencé à chercher sur Internet ce que c’est le Climate Change Action Summit et ils pouvaient être fiers, d’autant qu’ils ont compris que j’étais à un événement réunissant tous les grands leaders du monde : Emmanuel Macron, Donald Trump, Narendranath Modi, Imran Khan, Jacinda Ardern, Angela Merkel, entre autres », relate la jeune entrepreneuse et activiste.

Et de poursuivre qu’elle ne savait comment réagir face à toutes ses personnalités internationales. « Était assise à côté de moi la princesse de Maroc et je ne le savais pas. C’est une autre participante qui m’a informé. Quand finalement j’ai pu réaliser où j’étais et qui j’allais rencontrer, c’était une immense joie. J’étais fascinée par tout ce je voyais devant moi. Et quand j’ai raconté tout cela à ma famille, elle était impressionnée », souligne-t-elle. Anousha indique aussi que tous les leaders politiques présents à ce sommet n’ont montré aucun signe d’arrogance. « J’étais surprise de les voir présenter. Ils sont des gens abordables. Ils sont tout le contraire de nos politiciens locaux et tout ce dont nous sommes témoins à l’Assemblée nationale à Maurice. Ils étaient bien préparés mais sont restés humbles. Ils sont tous venus avec un plan d’action et ils ont eu droit à trois minutes pour le présenter. J’étais déçue de constater, malgré la présence d’une délégation, que Maurice n’est venue avec aucun plan d’action et n’a rien présenté. Pourtant, une délégation de Seychelles a présenté son plan d’action », soutient Anousha.

Revenant sur son voyage, Anousha raconte qu’elle est arrivée à New York le vendredi 20 septembre. Elle s’est aussitôt rendue au quartier général de l’UN pour récupérer son laissez-passer. « D’une part, j’étais contente mais en même temps j’avais peur. Les rues de New York étaient toutes fermées car une centaine de chefs d’État allaient passer dans le quartier pour venir assister à l’UN General Assembly. Il y avait des policiers partout. C’était à la fois impressionnant et effrayant », dit-elle. Ce n’est pas la première fois qu’Anousha se rend à New York, mais elle précise qu’elle était excitée de se rendre au bureau de l’UN. « New York n’a jamais été ma destination favorite mais ce voyage sera à jamais gravé dans mon mémoire », souligne-t-elle.

Ce qu’elle a retenu du sommet sur le climat

Anousha dit avoir suivi toutes les présentations avec beaucoup d’attention. « J’ai eu un déclic quand un présentateur a fait ressortir que nous ne sommes pas obligés de sortir de chez nous et descendre dans les rues pour manifester et combattre le changement climatique. Il a expliqué que le combat réside dans nos actions quotidiennes. Puis il a mis l’accent sur comment éduquer les gens. Dans une autre présentation, nous avons été sensibilisés sur la manière de réduire l’utilisation de combustibles fossiles. Autrefois, les gens marchaient pour aller à la boutique mais aujourd’hui, ils utilisent leur véhicule. Alors pourquoi ne pas adopter à nouveau notre habitude à l’ancienne ? », se demande-t-elle.

En ce qui concerne Maurice, Anousha dit réaliser qu’en tant qu’île tropicale, elle est l’une des premières victimes du changement climatique. « Malheureusement, j’ai réalisé que les Mauriciens ne sont pas suffisamment informés au sujet des répercussions du changement climatique. Il est temps que les mesures nécessaires soient prises et que nous sensibilisions les Mauriciens sur le retour des habitudes anciennes. Il y a définitivement une urgence à Maurice car nous entendons souvent parler de la hausse de la température. Plusieurs développements se font à Maurice et les Mauriciens ont tendance à croire que tout va bien », dit-elle.

Et d’ajouter qu’il est temps que les Mauriciens cessent de critiquer la station météorologique de Vacoas pour toutes les calamités naturelles. Elle préconise plutôt un changement des mentalités car l’instabilité climatique à Maurice est due au changement climatique.

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Meilleur souvenir

Le meilleur souvenir qu’elle garde de ce voyage : les quelques minutes passées en compagnie du Secrétaire général de l’UN, Antonio Gueterres. « C’est un homme impressionnant et très humble. Il venait de compléter sa présentation et a tenu à parler aux jeunes activistes. Il dit avoir étudié le dossier de chacun d’entre nous et avance que nous méritons d’être là. Il était entouré de ses agents de sécurité et il était difficile de l’approcher. Je lui ai demandé si je pouvais prendre un selfie avec lui, au grand étonnement de ses agents de sécurité. Mais il a accepté et c’était le plus beau moment de ce voyage », déclare Anousha. Elle dit avoir été impressionnée par le Premier ministre du Pakistan également, Imran Khan, qui a parlé du problème d’eau dans son pays. « J’ai eu plusieurs grands moments au cours de ce voyage », dit-elle.

Après cette expérience réussie à New York, Anousha est retournée à Maurice le mercredi 25 septembre. De retour à Maurice, elle s’est remise au boulot et se prépare pour le lancement officiel de ses serviettes hygiéniques biodégradables Recycle-Moi prévu le 16 octobre prochain. Du 12 au 14 novembre prochain, elle participera à une conférence de l’Onu à Nairobi où elle présentera à nouveau ses deux projets Sakili et Recycle-Moi.

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Qui est Anousha ?

Originaire de Tranquebar, Anousha, aujourd’hui âgée de 30 ans, est la fille unique d’un tailleur. Après ses études, elle a pris de l’emploi comme journaliste. Elle a travaillé dans plusieurs médias avant de tout abandonner pour devenir entrepreneuse. Avec son époux, Nazeem, elle a fondé l’agence 1950, spécialisée dans la “screen printing” et la conception de “billboards”, et la compagnie Sakili, spécialisée dans la transformation de “billboards” en sacs à dos et sac à main. Puis la compagnie Eco Hustle Co Ltd a vu le jour et elle a réalisé le projet Recycle-Moi. Parallèlement, elle milite pour la protection de l’environnement. De nos jours, elle croque à pleines dents le succès.

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