NINE-YEAR SCHOOLING—POSITION DES MANAGERS DES COLLÈGES PRIVÉS: Heureux pour les apprenants mais inquiets pour leur avenir

Jusqu’ici, rien n’a transpiré des préparatifs et de la stratégie que compte adopter le gouvernement pour la mise en oeuvre du Nine-year schooling. Mais la Fédération des Managers des collèges privés, un important partenaire de l’État pour le secondaire, partage ses réflexions sur le sujet dans un document à l’intention du gouvernement. Les membres de cette fédération adhèrent au concept qui devrait, selon eux, offrir aux enfants mauriciens un programme d’études « bien agencé et équilibré » et qui viserait aussi leur développement global. Mais leur crainte reste que le gouvernement ne s’approprie ce projet. « Should government convert State Secondary Schools into Schools for years 7 to 9 and thus, by excluding Private Secondary Schools ‘nationalise’ education till the age of 14 ? » questionnent les responsables des collèges privés dans ce document.
La fédération n’est pas opposée au Nine-year schooling parce que le système, selon elle, « donne de résultats positifs » dans les pays qui ont adopté l’idée. Cela marche dans ces pays parce que les conditions y sont réunies, disent-ils néanmoins. Selon les dirigeants de cette fédération, les enfants travaillent à leur rythme et font des progrès d’une manière constante sans avoir à subir, tout au long de leur parcours, la pression des examens, qui ont pour but principal la sélection. Sans compter que le cursus leur donne l’occasion de s’exprimer dans plusieurs domaines et permet le développement global de la personne. Les managers ajoutent qu’il y a aussi un suivi du progrès de chaque enfant et que le système prévoit un accompagnement et une assistance particulière pour ceux ayant besoin de classes de rattrapage pour acquérir les « essential learning competencies as well as desirable learning competencies ». L’apprentissage se déroule dans un environnement où l’échec scolaire ne stigmatise plus les apprenants durant les premières années de leur vie.
La Fédération des Managers, sur un ton affirmatif, estime qu’il est temps de changer un système éducatif élitiste, « devenu obsolète et qui étouffe la créativité et l’esprit innovateur », deux éléments clés, selon eux, pour s’adapter dans le monde du travail d’aujourd’hui.
Certes, les dirigeants de cette fédération de managers des collèges privés sont convaincus des bienfaits du Nine-year schooling, espérant ainsi qu’il signerait la fin du CPE, système résolument « trop élitiste ». Mais ils se posent toutefois beaucoup de questions quant à sa mise en pratique et la réussite d’un tel système dans le contexte mauricien. Leur première interrogation porte sur l’endroit où les élèves passeront ces neuf premières années de scolarité, qui comprennent le volet de l’éducation primaire et qui sont suivies d’une première étape dans le secondaire. En principe, l’enfant entrera à l’école à cinq ans et sera âgé de 14 ans au bout de ce parcours de neuf ans. « Will this basic education of nine years be imparted in a single institution ? » demande la fédération dans le document. À son avis, une telle option ne serait pas faisable en raison des différents groupes d’âges des élèves (les plus jeunes âgés de 5-6 ans, les préadolescents et les plus grands, de 12-14 ans). Les managers soulignent les différences dans le développement physique et psychologique de ces trois différents groupes d’enfants. « It is obviously hazardous », disent ces pédagogues, de mettre ensemble les apprenants du groupe 5-1 ans et ceux de 12-14 ans. Ces professionnels du secondaire ajoutent qu’une éventuelle cohabitation de ces deux groupes d’âge nécessiterait impérativement le réaménagement des locaux et l’installation de nouvelles infrastructures. « Children belonging to these two age groups require different infrastructural facilities to suit their physical build like toilets, furniture and playgrounds as well as educational facilities like laboratories or workshops », écrit la fédération. Celle-ci soulève aussi la question de la sécurité, mentionnant, à titre d’exemple, les riques de bulluying et autres bousculades, qui surviennent de temps en temps dans la cour de récréation. La fédération estime qu’il est plus “safer” que ces deux groupes d’élèves évoluent chacun dans un espace séparé. Elle fait remarquer que, même dans les pays où les neuf premières années de scolarité se déroulent dans une seule école, il y a un espace spécifique pour les six premières années et un autre pour les trois années restantes,
Le gouvernement envisagerait-il de prendre complètement à sa charge ces neuf années de scolarité ? Voilà une autre question capitale qui taraude la fédération, parce que certains pays ont privilégié cette option. La fédération exprime cette crainte ouvertement dans ce document de réflexion : « Should government convert State Secondary Schools into Schools for years 7 to 9 and thus, by excluding Private Secondary Schools ‘nationalise’ education till the age of 14 ? This is neither possible nor advisable. » La fédération rappelle alors, dans le document, le rôle et la contribution marquante des collèges privés dans le développement du pays en soulignant que leur présence date de la période pré-indépendance. « Private colleges have also provided a diversity of educational experiences, suiting the specificities and needs of various segments of mauritian society », souligne-t-elle. Fort de ce savoir-faire, mais aussi au nom de l’équité, dit la fédération, « the private ought to be made a partner of the State » dans l’avènement du Nine-year. Elle ajoute que cette participation du privé permettra au gouvernement de faire des économies en n’ayant pas à construire d’écoles dans des régions où il n’y a uniquement que des établissements privés.
Certains membres de la fédération confient au Mauricien que deux faits, dans le secteur secondaire, ont éveillé cette crainte d’un risque de mise à l’écart du privé. Ils évoquent ainsi la création des Juniors Schools dans les années 70’, à l’époque où Kher Jagatsingh était ministre de l’Education, et font allusion aussi à la construction, cette fois plus récente, d’une quarantaine de collèges d’Etat aux quatre coins du pays sous le règne de Steven Obeegadoo. « Cette construction massive s’est faite d’une telle manière qu’on se retrouve aujourd’hui avec plusieurs collèges dans une même région et avec des collèges privés et d’Etat à proximité l’un de l’autre. Dans une même région, le gouvernement MMM-MSM avait prévu des collèges de Form I à V et des écoles pour des classes de Form VI uniquement. Avec ce grand nombre de collèges d’Etat, on se demande si le gouvernement ne va pas s’approprier le plus gros morceau du Nine-year schooling », dit un de nos interlocuteurs.
Par ailleurs, cette Fédération des Managers est composée de quatre associations du secondaire privé, à savoir la Roman Catholic Secondary School Union, l’Union of Managers of Private « A » Secondary Schools, la Managers of Private Secondary Schools Union et l’Association of Confessional Secondary Schools (établissements confessionnels non-catholiques). Sur les 87 fully grant-aided secondary schools, une soixantaine sont membres de cette fédération, soit 70%.

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