NOORESH JUGLALL : De l’ambition à en revendre

Alors que les courses à Maurice se retrouvent au creux de la vague, quelques-uns de nos jeunes compatriotes eux, se font tout doucement une petite place au soleil sur la scène internationale, plus particulièrement en Asie. C’est  le cas de Nooresh  Juglall , 23 ans, originaire de Sainte Croix qui, ces jours-ci, vit une merveilleuse expérience  à Singapour.  Nous l’avons rencontré le week-end dernier à Krangi (Singapour) — entre deux courses — où il exerce avec détermination et motivation son métier de jockey professionnel. Charmant, courtois et animé d’une magnifique ambition, ce jeune homme qui a bien la tête sur les épaules s’est fixé un objectif: il se voit déjà en haut de l’affiche internationale tout en étant conscient qu’il faudra bosser dur pour atteindre les sommets.
« Quand je suis arrivé à Singapour en juin dernier ce fut un choc pour moi, je ne m’attendais pas que ce serait aussi difficile. Seul dans un pays étranger, c’était pour moi commencer à zéro. Trouver un logement, se fixer et en même temps travailler comme free-lance pour avoir des montes. It was very very hard and so difficult to adapt to the new environment that I had thoughts to give it up. »
Mais sa détermination prendra le dessus et malgré des débuts dans des conditions plus ou moins incertaines, Nooresh Juglall va petit à petit se frayer une voie dans l’arène de Krangi. « La compétition ici est féroce, il y a des jockeys qui viennent de partout, Australie, Angleterre, France, Amérique Latine, Afrique du Sud et comme free-lance pour obtenir des montes il faut être non seulement régulier à l’entraînement mais aussi se montrer disponible et enthousiaste à tous. Durant mon apprentissage en Afrique du Sud j’étais attaché à une écurie, et à l’entraînement je ne montais que pour mon établissement. Ici, il faut continuellement aller chercher les montes et quand vous avez affaire à des top jockeys, croyez-moi ce n’est pas facile. »
Après un peu plus de trois ans d’apprentissage en Afrique du Sud (à la South African Jockey’s Academy) où il fut couronné en deux occasions «apprenti champion», Nooresh Juglall aura accumulé plus de 286 victoires et a connu bien des succès dans les épreuves de Groupe.  Il a même remporté le Triple Crown, une compétition réservée aux pouliches de trois ans pour le compte de l’écurie d’Ormond Ferraris avec Cheery On Top, remportant le Gauteng Fillies Guineas (Groupe 2 – 500,000 Rands), la South Africa  Fillies Classic (Groupe 1 – 1m Rands) et les South Africa Oaks (Groupe 2 – 750,000 Rands). Il compte également à son palmarès la plus prestigieuse épreuve sur polytrack (sand) The Emerald Cup Classi’ (600,000 Rands) sur 1450 mètres avec The Mouseketeer.
Au début de cette année il décide enfin d’aller tenter sa chance à Maurice, après avoir refusé une offre de devenir le jockey No. 1 de Ramapatee Gujadhur lors de la saison 2013, jugeant que de terminer son apprentissage à ce stage était primordial, et il se dit satisfait de sa performance pour l’écurie Hurlywood ayant récolté 6 victoires et 17 places au début de cette saison.
Remarqué par Peter Shaw et Leslie Khoo
« La compétition à Maurice est très rigoureuse. La piste est très exigeante, la dernière ligne droite n’est pas très longue. On ne peut pas se permettre de faire une erreur de jugement car on n’a pas le temps de se rattraper. Cela dit, j’ai bien aimé mon séjour à Maurice et je compte même monter au Champ de Mars lors du deuxième week-end d’octobre quand je serai au pays pour préparer les festivités pour mon mariage.»
I thought you were already married ? «Yes, I am. I had a civil wedding but due to my obligations I can only have my wedding ceremony in December. So I have asked the Singapore Turf Club for a week release to go to Mauritius to get the ball rolling for the end of December. The season only finishes on the 14th of December here»
Abordant le sujet de la commission d’enquête sur l’organisation des courses à Maurice Juglall se refuse à tout commentaire : «I have no idea about that ! »
Pour Nooresh Juglall qui a déjà participé à des compétitions dans d’autres pays dont le Zimbabwe, Qatar et Macau, Singapour était sans doute la scène idéale pour débuter sa carrière internationale. Il avait fait une demande de licence auprès du Singapore Turf Club et aussitôt que les autorités singapouriennes lui donnèrent l’aval — il a obtenu un permis pour trois mois — il prit sa chance à deux mains. Il débarqua avec son épouse dans ce pays dont il ne connaissait presque rien, sinon qu’il était là pour vivre sa passion et voir ses rêves se réaliser… Mais la dure réalité dans un environnement nouveau et compétitif à bloc lui fait comprendre très vite qu’il faudra se surpasser pour se faire remarquer. Et d’entrée, le jeune Juglall surprend tout le monde. A sa toute première et seule monte de la journée à Krangi le 15 Juin dernier sur Majestic Moments, il gagne. Un peu à la manière de Karis Teetan qui, lui aussi, avait gagné sa toute première course à Hong Kong en septembre dernier. Ce premier succès aussi plaisant et rassurant qu’il fut ne devait portant pas ouvrir toutes le portes pour le jeune mauricien. Les deux semaines suivantes il ne connaîtra pas de réussites mais loin de se décourager, il multiple les montes à l’entraînement et se fait remarquer par son sérieux et sa résolution de s’affirmer. Tout d’abord par les entraîneurs Leslie Khoo et Peter Shaw (entraîneur de Rocket Man, considéré comme le meilleur coursier de tous les temps à  Singapour) et après quelques victoires convaincantes, plus de la moitié des 26 établissements qui exercent à Singapour commencent à faire appel à ses services. Comme un bonheur ne vient jamais seul il commence à accumuler des réussites et connaît le dimanche 12 août dernier à Krangi sa plus belle journée remportant un triplé pour le Sud-africain Peter Shaw. En quatre mois Nooresh Juglall a connu 21 victoires et 39 places à Singapour et la plus belle récompense vint le 21 Septembre dernier quand il accrocha sa première victoire de Groupe dans Committee’s  Prize (1600m – Groupe 3 – $200,000.00) sur Magneto, toujours entraîné par Peter Shaw. Il occupe actuellement la 9e place au classement des jockeys.
«Je voudrais pouvoir monter à Hong Kong, en Australie et même en Europe»
« I’m very happy with the way things have been going for me so far. I came here knowing nobody and had to work very hard. Some trainers have given me the opportunity and I hope that I have not let them down. So far I have won 21 but the most important thing for me at this stage is that the Singapore Turf Club has renewed my licence for another three months. Also the Group 3 win last week has given me more faith in my ability to do very well here. My ambition is to obtain a licence for the whole season next year and have a crack a becoming champion jockey in Singapore. » ?Il a de l’ambition à en revendre et dans ce métier qui ne pardonne pas facilement les errements, le jeune Mauricien possède, lui, tous les atouts pour réussir. Fidèle à sa devise «Never give up, keep working hard because it’s a hard game and be proud of yourself», il confie:
« Je voudrais pouvoir monter à Hong Kong, en Australie et même en Europe. Ici, à Singapour, face aux jockeys de classe mondiale et dans un environnement très compétitif j’apprends beaucoup. Je suis les conseils des entraîneurs et j’observe beaucoup les autres jockeys. Je ne laisse filer aucune occasion. Avec un peu de chance je pourrais connaître d’autres succès de Groupe avant la fin de l’année et ainsi consolider mes chances d’obtenir un permis de long séjour ici. »  
Maintenant qu’il s’est adapté il dit bien se plaire à Singapour. « Now I know what to except and I will keep working hard to achieve my dreams. » Avec le soutien de son épouse Chaaya et de ses parents (qui sont même venus passer quelques jours avec lui à Singapour) Nooresh Juglall, avec cet appétit de succès qui l’anime, n’a plus qu’à laisser son « riding do the talking». A l’hippodrome de Krangi ces jours-ci il ne passe pas inaperçu d’autant plus qu’il porte fièrement à l’arrière de ses ‘breeches’  le quadricolore mauricien, comme pour bien faire comprendre qu’il est originaire de l’île Maurice.
Nooresh Juglall est à Maurice cette semaine, mais il ne demeure pas moins vrai qu’il sera à l’écoute de toutes les nouvelles en provenance de Singapour et surtout sur ses montes probables dans les deux prestigieuses épreuves de Groupe 1, faisant partie du triple crown, qui se profilent à l’horizon : Le Raffles Cup (1600m – $500,000.00 le 26 Octobre) et La Singapore Gold Cup (2200m – $1.35m le 16 Novembre). Et si l’ambition et la volonté étaient les critères prépondérants au succès, nous serions prêts à parier que Nooresh Juglall aurait son mot à dire dans ces deux classiques…

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