NOTES DE VOYAGE : Les manchots de Philip island

A chaque fois que je suis allé à Melbourne, on m’avait dit que mon séjour serait incomplet si je n’allais pas passer une journée à Philip Island. A chaque fois, pour des raisons diverses et variées — non disponibilité des amis, mauvais temps, manque de temps — je n’ai pu suivre la recommandation. Cette année, deux amies ont décidé de prendre les choses en main et m’ont emmené passer une journée dans l’île aux Pingouins, comme on la surnomme parfois. Tous ceux qui me l’avaient dit avaient raison : Philip Island est une expérience unique à ne pas rater pour tous ceux qui ont l’occasion de passer par Melbourne.
Aller à Philip Island, m’ont dit mes amies, est une expédition qui nécessite certaines précautions. Il s’agit d’abord de réserver et payer les tickets par téléphone — $A 22 par personne — pour éviter les mauvaises surprises et ensuite se munir du costume adéquat. Quand elles m’ont montré l’anorak en cuir doublé de fourrure, le bonnet et le foulard en laine et les gants assortis, je me suis dit qu’elles exagéraient. Bien que le printemps de Melbourne peut comprendre des températures tombant jusqu’à 8°, il ne fallait tout de même pas se déguiser en bonhomme Michelin pour aller voir des pingouins! Elles se sont contentées de sourire, avec une ironie dont je comprendrais le sens plus tard, et nous nous sommes mis en route. Philip Island se trouve à 90 minutes de voiture de Melbourne. Cette île située au sud de Victoria est reliée au continent par un pont de 640 mètres, compte plus de 7000 habitants et reçoit chaque année des centaines de milliers de touristes. 60 % de sa superficie, qui est de 100km², sont utilisées pour l’élevage du bétail. Le reste est le territoire des manchots pygmées, des lions de mer, de koalas et d’une multitude d’oiseaux. Mais quand on arrive à Philip Island — nom d’un ancien gouverneur britannique — l’île ressemble à une île comme les autres avec son port de pêche, ses cafés, ses fast food, ses magasins, ses bungalows, ses hôtels et ses parkings pour caravanes destinées aux touristes. Il faisait froid quand nous sommes arrivés au début de l’après-midi, mais c’était un froid supportable, surtout avec quelques bières pour accompagner un fish and chips servi sur une terrasse faisant face à la mer.
Philip Island donne directement sur l’océan Antarctique, ce qui explique que le froid augmente au fur et à mesure que le soir tombe. Depuis des siècles, le sud de l’île est habité par des colonies de lions de mer, d’oiseaux et des fameux manchots — que l’on appelle communément des pingouins. En attendant d’aller au poste d’observation, nous nous renseignons sur les habitudes de ces petits oiseaux grâce au site internet de Philip Island Nature Parks que l’on peut capter sur téléphone portable sur toute l’île grâce au wi-fi. « Les manchots vivent en colonie et se reproduisent en couvant des oeufs qu’ils installent dans les cavités rocheuses et sablonneuses des plages du sud de l’île. Ils se nourrissent de petits poissons, de calmars et de krill — une espèce de crevette — pour lesquels ils voyagent et plongent la majorité de leur temps. Ils partent tôt le matin pour aller pêcher tandis que leur partenaire reste dans le nid pour couver les oeufs et passent la journée en mer nageant jusqu’à 100 kilomètres pour attraper leur ration quotidienne de poissons. Ils retournent dans leurs terriers tous les soirs pour se reposer et pour nourrir leurs partenaires et leurs petits. » Depuis le début du siècle dernier, les Australiens, de plus en plus nombreux, viennent assister au retour de pêche des manchots, retour qu’on a fini par baptiser « The Pinguin parade. » Le Phillip Island Nature Parks, une association à but non lucratif ayant pour projet la protection de l’environnement et des animaux sauvages vivant sur l’île est responsable de la gestion et de la conservation du site. Il a fait construire des infrastructures adaptées au mode de vie des manchots et ouvertes au public. Le prix des billets — $A 22 par adulte — sert à financer directement les activités de conservation. Après avoir tourné dans l’île, et admiré les milliers d’oiseaux qui y vivent et les magnifiques paysages dans lesquels ils évoluent, nous arrivons enfin au centre d’observation du Philip Island Nature Parks. Il est composé d’un centre disposant d’un musée, de centres de projection et de librairies consacrés aux manchots. Il comporte aussi des restaurants et des boutiques qui permettent aux centaines de milliers de touristes qui y passent de se restaurer et de ramener des souvenirs. Sur des écrans des informations sont diffusées sur l’heure probable d’arrivée des manchots et les portes menant vers les lieux d’observation ne sont ouvertes qu’une heure avant alors que le soleil se couche au loin sur l’Antarctique.

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