NOUVELLE ANNÉE ACADÉMIQUE: L’UoM, c’est reparti

Presque 11 000 jeunes ont repris le chemin de l’Université de Maurice hier. Ces derniers mois, la plus grande institution d’éducation supérieure de l’île a souvent fait l’actualité après le départ inattendu de l’ancien vice-chancelier, le Pr Konrad Morgan. Une certaine appréhension régnait au sein du campus quant à celui qui le remplacerait ou encore ce qu’il adviendrait de l’ambitieux projet de restructuration laissé par le Pr Morgan. Si au niveau de la formation et de la qualité des cours offerts, l’université de Maurice s’est toujours démarquée et peut être fière d’être parmi les top universities, sa gestion laisse à désirer. Avec la nomination d’un nouveau vice-chancelier 100 % mauricien, et un Council récemment renouvelé, c’est reparti pour une nouvelle quête en vue d’apporter des changements. Éclairage…
Les longs mois de mouvements à l’Université de Maurice auront laissé des traces, non seulement dans les têtes des étudiants et du personnel de l’institution mais aussi chez tous ceux qui perçoivent l’UoM comme une université réputée et où chaque année, ils sont plus de 7 000 à vouloir obtenir une place pour y poursuivre des études tertiaires. D’ailleurs, la rentrée hier déjà a démontré l’engouement de ces jeunes pour faire partie de la grande famille de l’UoM. Chaque année, pour la rentrée, l’on s’attend à ce qu’il y ait du nouveau. Or ces jeunes se heurtent tous les ans à la même réalité : une université qui a plusieurs défis à relever, ne serait-ce qu’au niveau du changement de mentalité en dépit du grand potentiel et des compétences qu’elle possède. Sur le campus de Réduit, pour cette rentrée, il y aura du travail à abattre. Le nouveau maître à bord de l’institution a eu, depuis sa nomination le 20 juin dernier, un temps d’adaptation pour lui permettre de prendre connaissance des choses qui méritent une attention particulière, et il devra intervenir dans plusieurs domaines.
À chaque nouvelle rentrée, l’on promet de nouveaux locaux à l’UoM mais depuis bientôt deux ans, le problème est resté le même. Le manque de place est devenu un problème de plus en plus inacceptable pour une université qui se veut être l’Université nationale du pays. Plusieurs projets enclenchés depuis des années ont été mis au placard. Au sein du campus, l’on attribue cette incapacité d’aller de l’avant avec un projet au fait que chaque fois qu’il y a un nouveau vice-chancelier, ce dernier présente de nouveaux projets et les anciens vont au placard. Quelque temps de cela, avec le projet de création l’Open University of Mauritius, l’Université de Maurice avait signifié son intention d’occuper une partie de l’ancien bâtiment de la Mauritius Broadcasting Corporation, mais celui-ci encore tarde à se concrétiser. De plus, en ligne avec son objectif de former davantage de jeunes, l’UoM a un projet vieux de plusieurs années de former les médecins à Maurice. Une fois de plus, c’est le manque de place qui entrave l’aboutissement de ce projet. Si le ministère de tutelle avait à son niveau identifié un endroit jugé approprié pour l’ouverture de cette école de médecine, c’est l’Université de Maurice qui se montre réticente cette fois-ci.
Statu quo
Si au niveau du ministère, l’on tente d’évacuer tous les problèmes de l’université susceptibles d’entraver son bon déroulement, il y a une certaine autonomie dont l’institution dispose qui la rend souvent maître de ses propres décisions. Le manque de place est un problème que l’institution devra vite régler car il y va aussi de sa sécurité. Un Health and Safety Audit effectué sur le campus l’année dernière démontrait d’ailleurs qu’il n’y avait pas de lieux adéquats pour entreposer des produits de laboratoire jugés dangereux. Or, s’agissant des infrastructures et des logistiques sur le campus, il faudrait peut-être un tout nouveau planning ou encore un budget additionnel.
Longuement attendu, le projet de restructuration de l’UoM a refait surface après plusieurs années avec l’arrivée du Pr Morgan. Le projet d’élaborer un nouvel organigramme pour l’UoM date de plusieurs années, la même structure étant utilisée depuis la création de l’établissement il y a plus de 40 ans. Le besoin d’un nouveau plan de restructuration se fait de plus en plus ressentir avec la hausse chaque année du nombre d’étudiants et d’employés. L’un des principaux objectifs du plan concerne la décentralisation des responsabilités à tous les niveaux, y compris celui des cinq facultés. Cela permettra d’améliorer l’efficacité de l’administration tout en diminuant la lourdeur administrative. Un semestre après le départ du précédent VC, ce plan déjà approuvé, que l’on appelle le plan Morgan, tarde à être mis en oeuvre. En dépit de la nomination d’un Implementation Committee pour faciliter la mise en oeuvre du plan et de plusieurs réunions de l’UoM Council, c’est toujours le statu quo. L’appel à candidature pour plusieurs nouveaux postes cités dans le plan de restructuration se fait toujours attendre, bien qu’il eût été annoncé avant que l’UoM ne parte en vacances le 18 juin dernier. Ainsi, avec la nouvelle année académique, un nouvel espoir règne sur le campus, quant à la mise en application du plan.
Par ailleurs, l’UoM a récemment fait face à plusieurs problèmes internes qui ont secoué ses fondations. L’exercice de promotion a provoqué quelques mois de cela des remous parmi les chargés de cours. Plusieurs estimaient qu’ils n’ont pas bénéficié d’un traitement juste lors de l’exercice de promotion. La doyenne de la Faculté d’Agriculture, Françoise Driver, avait même soumis sa démission. Ainsi, ce nouveau semestre, le Council devra aussi se pencher sur les doléances afin d’apporter justice à ceux qui se sont sentis lésés durant l’exercice de promotion. Un comité travaille d’ailleurs sur cette affaire. Une enquête sur un doyen de faculté, accusé d’abus de pouvoir, est actuellement en cour. À noter que le premier rapport de l’audit sur l’Université de Maurice avait révélé un manque de transparence dans l’exercice de recrutement et de promotion. Le prochain rapport est dû sous peu et déterminera si depuis l’institution a fait des efforts dans ce contexte.
Catch-up exams
Dans quelques mois, les étudiants de l’UoM seront appelés aux urnes pour élire un nouveau représentant de la Student Union. Celle-ci a accompli bon nombre de projets, dont la rénovation du Raized Plaza et l’achat de 475 nouveaux ordinateurs. Parmi les autres projets qui sont en voie d’exécution figurent l’aménagement d’une Study Area au coût de Rs 750 000, l’aménagement d’un photocopy point à la Faculté d’Engineering, le bus shelter et des lockers pour les étudiants du MGI. Pour ce nouveau semestre, l’Union des étudiants prévoit d’autres changements avant la fin de son mandat. Un projet prioritaire sur lequel travaille ce groupe de jeunes est les catch-up exams en vue de permettre aux étudiants qui ont des resit dans un ou plusieurs modules de reprendre les examens sans avoir à refaire tout un semestre.
Par ailleurs, quelques semaines après la grande rentrée universitaire l’année dernière, l’institution avait connu un triste incident avec le décès d’un étudiant dans un bassin non loin du campus. Les cas d’agression sur des étudiants qui se sont aventurés aux alentours du campus sont communs. À l’époque où le Pr Morgan était vice-chancelier, il avait annoncé la création d’un poste de police sur le campus afin d’avoir plus de sécurité et une surveillance constante sur ce qui se passe à proximité du campus. Les incidents ont perduré mais il n’y a toujours pas de poste de police. L’Université de Maurice aura aussi à miser sur la sécurité de ses étudiants et de son personnel.
Créée à l’époque de l’Indépendance, l’école d’agriculture qui deviendra l’Université de Maurice d’aujourd’hui a su faire ses preuves au fil des années. Cette institution a formé plusieurs personnes de calibre et a eu à sa direction plusieurs intellectuels de renom. Ces derniers temps, estime-t-on, c’est le poids d’un système qui a duré trop longtemps qui a fait que les choses se sont mal passées. Alors que l’on prône partout le changement afin d’être plus efficace, les étudiants et le personnel sont tous d’accord qu’il est temps que l’Université de Maurice sorte de son cocon et affronte le changement comme une grande.

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