NOUVELLE DONNE POLITIQUE AU PROCHE-ORIENT: L’espoir de la paix s’effrite !

Selon de nombreux observateurs, l’accession au pouvoir d’un candidat issu de la puissante organisation des Frères musulmans, longtemps interdite en Égypte, risque de modifier significativement la donne géopolitique au Proche-Orient. Déjà, après la chute de Hosni Mubarak en février 2011, le Caire avait joué un rôle de catalyseur dans le processus de réconciliation entre le Fatah, faction modérée de l’OLP et les radicaux islamistes, le Hamas et avait même ouvert le point de passage à Rafah avec la bande de Gaza pour déjouer le blocus imposé par Israël.
Alors que presque tous les quotidiens israéliens exprimaient leur inquiétude à l’annonce des résultats des élections présidentielles égyptiennes le 24 juin dernier, les dirigeants de l’État hébreux, eux, n’avaient, semble-t-il, pas de choix. En effet, après que les pays occidentaux, les États-Unis en tête, ont salué la transition politique en Égypte, Tel-Aviv a rendu hommage au « parcours démocratique » qui a permis à Mohamed Morsi d’être élu à la magistrature suprême, indiquant qu’il « entend poursuivre sa coopération avec le gouvernement égyptien sur la base du traité de paix de 1979 ». Or, il n’est un secret pour personne que la majorité des Égyptiens sont profondément contre ce traité et même si le nouveau président a promis de respecter les accords internationaux signés par son pays lors de son discours d’investiture à la place Tahrir le 30 juin dernier, aucune allusion concrète n’a toutefois été faite au traité de Camp-David.
 Il est évident que sous le précédent régime, l’Égypte, pays le plus peuplé du monde arabe, représentait une force de stabilité sur l’échiquier politique au Proche-Orient. Hosni Mubarak jouissait d’une estime non négligeable auprès de ses homologues occidentaux – Barack Obama avait d’ailleurs choisi le Caire en juin 2009 pour prononcer son discours à l’intention des peuples arabo-musulmans avec lesquels il voulait redorer les relations diplomatiques si malmenées sous l’ère de G.W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001 – et avait même été invité comme observateur au sommet du G20 à Séoul. Cependant, alors que le mouvement de contestation qui allait éventuellement déboucher sur le printemps arabe gagnait en puissance, la Maison-Blanche n’avait d’autre alternative que de soutenir le mouvement qu’elle saluait alors comme « la marche du peuple arabe vers la démocratie ». Le G8 réuni à Deauville l’an dernier avait même accordé $40 milliards à l’Égypte et la Tunisie alors que les trois pays d’Afrique subsaharienne, notamment la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Niger, qui étaient également invités et ont pourtant un plus grand besoin d’aide financière, n’avaient rien reçu. Or, les États-Unis et ses alliés occidentaux doivent aujourd’hui s’en mordre les doigts pour leur soutien à la révolution du Jasmin et du Nil. Car les succès électoraux remportés par les formations islamistes en Tunisie, Égypte mais aussi au Maroc est indicateur qu’un nouvel ordre islamiste a déjà succédé au printemps arabe.
 Créée en Égypte en 1928, l’organisation des Frères musulmans s’est rapidement transformée en mouvement panislamiste avec des branches très structurées à travers le monde arabe. Né de la même confrérie en 1987, le Hamas comptera, sans nul doute, sur ce nouveau et puissant allié au Caire pour tisser une nouvelle résistance envers Israël. D’ailleurs, Mohamed Morsi a, à plusieurs reprises durant la campagne, exprimé sa sympathie à l’égard du peuple palestinien dont les droits, disait-il, sont tout à fait légitimes. D’autre part, force est de constater que si le risque d’une escalade dans le bras de fer opposant Palestiniens et Juifs existe bel et bien, l’on ne peut, en même temps, occulter la politique américaine ambivalente et incohérente qui n’a jamais permis la mise sur pied des conditions sérieuses pour la résolution, une fois pour toutes, du conflit au Proche-Orient. Une lueur d’espoir avait pourtant jailli en janvier 2009 avec l’alternance du pouvoir aux États-Unis, cependant il est regrettable que durant son mandat, Barack Obama n’a fait qu’alterner une rhétorique conciliante et un discours apparemment unificateur avec une inflexibilité idéologique tacite qui a irrité presque toutes les parties concernées dans cet imbroglio géopolitique.

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