NOVAM POU DRWA ZANFAN MORISIEN : Refuser d’acheter un enfant…

Une Journée internationale des Droits de l’Enfant, un jour par an c’est peu… La protection des Droits de l’Enfant devrait chaque jour être une des préoccupations centrales de l’Etat Mauricien et de tout citoyen car ce sont les enfants d’aujourd’hui qui feront l’avenir du pays. En assurant et investissant dans la protection des droits des enfants, le pays investirait dans le futur de l’Ile Maurice que ce soit au niveau de sa croissance économique, sociale, médicale, culturelle…
Le texte ci-dessous fait partie d’une série rédigée dans le cadre de la Campagne Novam pou Drwa Zanfan Morisien lancée le 4 novembre par le Kolektif Drwa Zanfan Morisien.
KDZM (Kolektif Drwa Zanfan Morisien) regroupe les Organisations Non Gouvernementales (ONG) suivantes : ANFEN, Autisme Maurice, Caritas Ile Maurice, Chrysalide, LEAD, Kinouété, Pédostop, PILS, SOS Papa, T1 Diams, TIPA ainsi que Département de Psychologie et Counselling de l’Institut Cardinal Jean Margéot et deux membres individuels, dont Sabrina Puddoo, psychologue.
Le KDZM prône le respect des droits de l’enfant à Maurice à travers :
– Une meilleure collaboration avec différentes institutions publiques
– Des propositions constructives et des recommandations concrètes pour les amendements légaux et l’allocation des budgets nationaux
– Une grande collaboration avec des organisations internationales (le Comité de l’ONU à Genève qui a reçu le shadow report du KDZM en mars 2014…)
Ressources :
* Convention des droits de l’enfant :  HYPERLINK « http://www.humanium.org/en/convention/text/ » http://www.humanium.org/en/convention/text/
* Convention des droits de l’enfant, version simplifiée :  HYPERLINK « http://www.humanium.org/en/convention/adapted-for-children/ » http://www.humanium.org/en/convention/adapted-for-children/
Aux Etats-Unis, novembre est un mois particulier. Un mois dédié à la sensibilisation sur l’adoption d’enfant. Rêvons… Et si un jour il en était de même à Maurice ?
Revenons à la réalité. Actuellement plus de 550 enfants mauriciens sont placés en alternative care sur décision de justice. Tous bien entendu ne sont pas « adoptables », car la priorité reste le rapprochement familial, une fois la cellule familiale re-stabilisée, dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
Mais certains bébés sont abandonnés par leurs parents biologiques (pour raison médicale, à cause de la précarité sociale aussi malheureusement…) et remis à la Child Development Unit (CDU). Comme il n’existe aucune procédure pour les rendre « adoptables » directement (sauf si les parents biologiques trouvent par chance des parents adoptants directement sans passer par la CDU), ces bébés sont placés en shelter ou dans le meilleur des cas en famille d’accueil (à travers le Foster Care Programme). Ne nous voilons pas la face, les enfants de moins d’un an, ne souffrant ni de handicap, ni du VIH, ni des hépatites, ont davantage de chance de trouver des parents d’accueil que les autres…
Pour les mineurs placés en famille d’accueil (une cinquantaine), ils pourront éventuellement être adoptés après quelques années, si les parents biologiques y consentent et si la famille d’accueil entreprend les démarches légales nécessaires…
Pour les autres enfants, ils grandiront jusqu’à leurs 18 ans dans un shelter…  Imaginez la difficulté que ces jeunes adultes auront à 18 ans pour trouver un travail, un logement, une stabilité émotionnelle et sociale, sans aucun appui familial, ni piston professionnel, ni aide financière à l’installation. Le soutien dépendant des ONG ou du shelter public où ils ont été placés en dernier ou de l’institution de réhabilitation qui les a pris en charge… L’adolescence d’un enfant placé en alternative care étant parfois semée d’embûches, certains séjournent plusieurs années au Rehabilitation Youth Centre ou au Correctional Youth Centre…
Le programme de Foster Care mauricien gagnerait donc à être plus connu et en parallèle le système de l’adoption réformée. A l’avenir, un organisme public et gratuit dédié à l’adoption pourrait :
renseigner les familles biologiques envisageant l’adoption,
informer les candidats à l’adoption,
délivrer les agréments aux Mauriciens en attente d’adoption après un examen de la situation sociale, de la stabilité psychologique du couple ou du célibataire…
tenir une liste des candidats locaux à l’adoption. Selon la Convention de la Haye, l’adoption locale doit être privilégiée sur l’adoption internationale, ce qui n’est pas appliqué actuellement,
tenir un registre des enfants « adoptables » et réviser périodiquement le placement des mineurs résidant en shelter,
faire l’apparentement avec un enfant/des fratries sans que les familles adoptante et biologique ne se rencontrent,
enclencher les procédures légales,
faire le suivi et la formation des familles,
recevoir les enfants à leurs 16 ou 18 ans pour leur remettre les informations que la famille biologique aurait bien voulu leur laisser…
Le Service Social International (SSI), en mission à Maurice en mai dernier grâce au soutien de l’ONG ANPPCAN, a proposé son aide à l’Etat Mauricien pour revoir le système de famille d’accueil et favoriser davantage l’intégration des enfants porteurs de handicaps ou souffrant de troubles du comportement.
Le SSI a également offert son expertise pour la refonte de la législation sur l’adoption en adéquation avec les exigences internationales, afin d’éviter le trafic humain et les abus en matière d’adoption (vente d’enfants, paiement d’intermédiaire…), en vue aussi de favoriser l’adoption locale d’enfant mauricien par des Mauriciens.
L’adoption et le Foster Care, deux domaines que cet organisme international maîtrise parfaitement, après sa riche expérience au Vietnam, à Chypre, en Haïti… Cette proposition de collaboration est une grande opportunité à saisir pour le pays et une source d’espoir pour les enfants placés en alternative care et pour tous les Mauriciens qui attendent depuis plusieurs années de pouvoir adopter un enfant… en se refusant à en acheter un !
Combien de temps encore devront-ils patienter ? Jusqu’à la ménopause ? La législation sur l’adoption d’enfants ne faisant malheureusement pas partie du Children’s Bill, lui aussi attendu depuis plusieurs années, mais annoncé comme en voie de finalisation.

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