OBSERVATOIRE DES DROGUES: PILS conteste le rapport

La présentation du tout premier rapport réalisé par l’Observatoire des Drogues, au Parlement, cette semaine, continue à susciter de vives réactions. L’ONG PILS émet ses réserves et déclare « ne pas cautionner tout ce qui est dit dans ce rapport », appuyant son argument du fait que « le processus de validation n’a pas été totalement démocratique et transparent ». L’ONG soutient également que « ce document n’a aucune valeur analytique ». « Alors que le ministre martèle à qui veut l’entendre qu’il faut du « evidence based material », en revanche le rapport de l’Observatoire des Drogues se limite uniquement à balancer des chiffres sans aucun exercice de réflexion ni d’analyses. C’est bien dommage… »
« À aucun moment, le rapport final n’a été distribué aux associations pour une analyse approfondie et validation interne avant le lancement », déplore PILS. L’Observatoire des Drogues a été constitué, à Maurice, en septembre 2015. Il se compose de techniciens du ministère de la Santé, ainsi que d’autres partenaires de l’état, mais aussi de la société civile, notamment les ONG.
PILS dénonce « le déni autour de la question des décès liés aux drogues de synthèse ». L’ONG remarque que « ce document se cantonne principalement au rapport des certificats de décès, sans analyser davantage le contexte de ces morts par overdose ». Et de se demander si « des investigations plus poussées ont eu lieu pour pouvoir affirmer qu’il n’y a pas de cause à effet… » Qui plus est, PILS note que « ce type d’analyse est fondamental afin de mieux saisir l’impact des drogues synthétiques chez nous. Ainsi, les annonces répétées à l’effet que la situation n’est pas alarmante nous interpellent. Au-delà du nombre controversé de morts, les admissions en milieu hospitalier dues à la consommation de drogues synthétiques ont augmenté de 188 % proportionnellement cette année comparé à l’année dernière ». Les travailleurs sociaux et animateurs de PILS relèvent que « personne ne voudra que « mort par overdose » soit inscrit sur le certificat de décès d’un proche ou d’un parent. Nous avons vérifié auprès d’anciens policiers et il s’avère que dans la pratique, ces documents portent officiellement les termes « oedème pulmonaire » pour justifier le décès ». Vu le contexte actuel de « prolifération des drogues synthétiques », ajoute l’ONG, « nous trouvons cela terriblement réducteur de ramener le problème au seul certificat de décès ».
Dans ce contexte, soutient PILS, « un document tel qu’un rapport d’un Observatoire des Drogues devrait avoir une portée et une teneur à caractère beaucoup plus analytique que l’exercice présenté au Parlement cette semaine ». Ainsi, « on s’attendait de ce rapport qu’il soit un document qui nous donne de la matière, du « evidence-based », comme le serine le ministre Gayan a tout bout de champ… Et justement, avec les chiffres contenus, il y a de quoi faire des analyses afin de définir des pistes de travail pour nous les ONG ».
PILS regrette également que « pour la réalisation de ce rapport, les responsables n’ont pas retenu les études que nous avons réalisées. C’est à la veille de la validation du rapport que nous avons été notifiés que ce que nous avons soumis comme données n’était pas valable… Et pourtant, il s’agit d’une étude commanditée par PILS et réalisée par TNS Analysis, des professionnels dans le domaine… » L’ONG souligne que « ce rapport a mis beaucoup plus d’emphase sur des données comme le nombre d’arrestations et les saisies de drogues, que sur la consommation elle-même, alors que nous voulons savoir si nos politiques en matière de drogues, et les actions lancées par les autorités ont eu un impact sur la consommation, l’offre et la demande de drogues et la santé des Mauriciens. Nous trouvons ces omissions regrettables ».
Dans le même esprit, PILS déplore que « ce rapport ne donne aucune interprétation de la hausse du taux d’incidence au VIH chez les injecteurs de drogue en 2015. Aucune mention n’est faite non plus de l’arrêt de l’induction au programme de méthadone, malgré le fait que ce traitement soit sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS ». Au final, estime l’ONG, « il semble que nous n’avons fait que de la figuration pendant tout ce temps et nous n’approuvons pas du tout cela ».

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