Ocorian Forum : Londres veut rassurer Port-Louis sur l’impact du Brexit

  • Le haut commissaire, Keith Allan: « Des propos comme « huge crisis » concernant les exportations mauriciennes vers la GB ne sont pas justes »
  • La signature de l’accord commercial entre le Royaume-Uni et les pays du groupe AfOA reportée à la semaine prochaine

Le haut-commissaire britannique, Keith Allan, a donné l’assurance hier qu’il n’y aura pas de crise en ce qui concerne les exportations de Maurice vers le Royaume-Uni. Il participait hier à une table ronde organisée dans le cadre de l’Ocorian Forum (ex-Axas Forum) aux côtés d’Usha Dwarka-Canabady, secrétaire aux Affaires étrangères, et de Carla Osorio, de la délégation de la Commission européenne. La table ronde était présidée par Raju Jaddoo, membre du board de l’Ocorian AMEA.

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Le haut-commissaire britannique a fait part de son « optimisme » concernant l’avenir du continent africain, soulignant la volonté du Royaume-Uni de conclure de plus en plus d’accords de partenariat et d’investissements avec des pays africains. Il a rappelé qu’en marge du sommet des chefs de gouvernement et des chefs d’État du Commonwealth, la Banque d’Angleterre avait signé un accord de coopération avec la Banque centrale du Ghana.

Keith Allan a expliqué que le Royaume-Uni voit Maurice comme « un centre financier pour les investissements en Afrique ». D’ailleurs, le Royaume-Uni est déjà très impliqué dans le secteur des services financiers mauricien. « Nous avons plusieurs banques opérant dans l’île, ainsi que des “fund managers”, des compagnies spécialisées en devises étrangères et des négociants britanniques. Ils servent aussi bien les intérêts de Maurice que ceux de Grande-Bretagne », a-t-il observé.

Il a reconnu que Maurice a un plan stratégique ambitieux pour l’Afrique et que le Royaume-Uni dispose également de son plan pour l’Afrique. Par conséquent, les pays peuvent travailler en partenariat sur le continent. « La Grande-Bretagne traite aussi bien une base de gouvernement à gouvernement qu’à travers des compagnies comme Ocorium », dit-il.

Le chef de la mission britannique a annoncé que la signature d’un accord commercial entre la Grande-Bretagne et les pays de l’AfOA, qui comprend les Seychelles, Madagascar et les Comores, initialement prévue cette semaine aura lieu définitivement la semaine prochaine. Il a expliqué au Mauricien que ce report serait dû à une question de traduction du document en français.

Keith Allan a indiqué que ce traité est « très important, aussi bien pour la Grande-Bretagne que pour des pays comme Maurice ».

Il ajoute : « Il permet de poursuivre les relations commerciales avec le Royaume-Uni, quelles que soient les circonstances dans lesquelles se produirait le Brexit. C’est une bonne nouvelle qui ajoutera l’élément de confiance dans les relations commerciales entre Maurice et la Grande-Bretagne ainsi que la stabilité dont nous avons besoin. »

À propos des échanges commerciaux entre Maurice et le Royaume-Uni, Keith Allan a tenu à rassurer les Mauriciens à l’effet que « contrairement à ce qui a été rapporté dans la presse locale, il n’y aura pas de “huge crisis” concernant les exportations mauriciennes vers la Grande-Bretagne ».

Il poursuit : « De tels propos ne sont pas justes. » Il a rappelé que le Royaume-Uni est le principal marché d’exportation de Maurice, qui n’exporte pas uniquement du sucre mais aussi d’autres produits comme le textile et le thon en boîte, ainsi que d’autres produits comme les bijoux. En outre, il y a de plus en plus de commerce de services entre nos deux pays.

Rebondissant sur les propos tenus par le haut-commissaire britannique, Usha Dwarka-Canabady a lancé : « We are safe. » Elle s’est réjoui qu’il ait fallu seulement trois sessions de travail entre la Grande-Bretagne et Maurice pour finaliser le traité commercial, qui sera paraphé la semaine prochaine. Ce qui démontre la volonté la Grande-Bretagne de travailler avec les pays africains. La diplomate mauricienne a lancé sur le ton de la plaisanterie que « si vous avez des problèmes de frontière avec l’Union européenne, vous n’aurez qu’à exporter vers Maurice et nous réexporterons vers l’Union européenne ».

Au chapitre de la “Development finance”, Usha Dwarka-Canabady s’est appesantie sur les modalités nécessaires pour être éligible à ces fonds. Maurice en raison de son niveau de développement n’est pas qualifiée pour l’aide financière de l’ODA. Elle a suggéré que, dans le cadre de l’aide financière apportée pour le développement, les organisations internationales doivent souvent avoir recours à des expertises pour assurer la mise en œuvre du projet, qui peut avoir une portée sur la santé et l’environnement, entre autres. Elle s’est demandée si ces organisations peuvent avoir recours aux expertises mauriciennes.

« Ce qui irait dans le sens de la coopération Sud/Sud et permettrait en même temps à Maurice de bénéficier de ces aides », a-t-elle dit. Elle a aussi insisté sur la nécessité que les critères d’éligibilité pour bénéficier de la “development finance” de l’ODA soient revus et ne soient pas basés sur le PNB “per capita” uniquement.

Toujours concernant l’Afrique, Usha Dwarka-Canabady a observé que l’Union européenne veut encourager les investissements européens en Afrique. « Pourquoi ne pas encourager également les pays ACP ? Pourquoi ne pas encourager Maurice à investir également ? » s’est-elle demandée. Pour attirer des investissements en Afrique, dit-elle, il faut des garanties.

« Or, à Maurice, nous avons l’Africa Fund, nous avons des “credit guarantee schemes”, des “Trade rebate schemes”, et des subsides sont prévus pour la participation dans des foires commerciales en Afrique, entre autres. Nous avons également des Special Purpose Vehicles pour canaliser les fonds vers des pays comme le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Kenya. Ces SPV ne sont pas des produits du hasard, car ils sont été créés pour le Ghana, par exemple, à la demande du président du Ghana. Nous pouvons agir comme facilitateur pour les investissements dans ce pays et ailleurs. Par conséquent, l’aide de l’UE à Mauritius Africa Fund consisterait une garantie additionnelle pour les investisseurs en Afrique », a dit Usha Canabady.

Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères travaille activement sur l’expansion de son empreinte diplomatique en Afrique à travers le renforcement de son réseau consulaire et, éventuellement, en vue de l’ouverture d’autres missions diplomatiques. Une deuxième table ronde, présidée par Mahen Govinda, avait réuni Mathieu Mandeng, de la Standard Bank, Hercu Bloem, de GroCapital Holdings, et Louis Nallet, de Skylar Investment Ltd. Il a été entre autres question des connexions aériennes entre Maurice et les pays africains.

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