OPÉRATION FAST FOOD : Le Gamble de Gulbul

Des rebondissements majeurs sont à prévoir sur le démantèlement d’importants réseaux de trafic de drogue opérant avec une impunité déconcertante. Les fronts de lutte contre la prolifération des importations illégales de drogue et le mécanisme de blanchiment de fonds se consolident avec, d’une part, la commission d’enquête sur la drogue présidée par l’ancien juge de la Cour suprême, Paul Lam Shang Leen, accentuant la pression sur des membres de la profession légale engagés dans des dealings scellés avec des trafiquants de drogue purgeant des peines d’emprisonnement. En complément à cette ligne d’investigation, l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) détient désormais une carte maîtresse en la personne du Passport and Immigration Officer, Basana Reddi, 41 ans, habitant Madame Lolo à Rose-Belle, arrêté dans l’affaire des deux colis d’héroïne d’une valeur de Rs 18 millions cachésdans les toilettes du terminal des arrivées au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport le dimanche 11 juin. Ses premiers aveux explosifs ont ouvert de nouvelles pistes pour l’ADSU avec l’arrestation de Shahebzada Azaree, aussi connu sous le sobriquet de Dade et membre associé du Mauritius Turf Club depuis avril 2016. De son côté, l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) s’occupe des cas de blanchiment d’argent avec le prisonnier Peroumal Veeren tirant les ficelles de la prison. Véronique Bélus, une proche de la Marraine de Flic-en-Flac, a été épinglée au cours de la semaine écoulée pour le délit de blanchiment de fonds avec un appartement dans la résidence Lotus au Morcellement Safeland pour un montant de Rs 2,9 millions.
Me Raouf Gulbul, ce Senior Bar-at-Law et VVIP avec des connexions politiques au plus haut niveau, dont le nom était cité depuis le début de l’année par rapport aux travaux de la commission d’enquête, pourra difficilement échapper à une prochaine “invitation à audition” de cette instance. Ce rendez-vous pourrait se présenter comme le gamble de la carrière professionnelle et politique du Chairman de la Gambling Regulatory Authority (GRA) et de la Law Reform Commission. D’aucuns affirment qu’après la prochaine séance de la commission, où Parwiza Amina Bibi Jeeva, “amie intime” de Peroumal Veeren condamnée à 16 ans de prison pour trafic de drogue, devra être entendue, le candidat battu de Lalyans Lepep aux dernières élections générales et un des Legal Advisers du Premier ministre et leader du MSM, Pravind Jugnauth, n’aura d’autre choix que de changer de stratégie en abandonnant au moins les fonctions officielles qu’il occupe. S’il n’est pas forcé de le faire par la force des choses bien avant cette échéance accablante pour celui qui aspirait en toute légitimité à un titre de Senior Counsel vu sa longue carrière au barreau.
À ce jour, la première salve a été tirée contre Raouf Gulbul par trois proches de Parwiza Amina Bibi Jeeva, en l’occurrence le père, Anwar Jeeva; Altaf, son jeune frère, et Goolam, son oncle. Dans leurs dépositions, ils n’ont pu s’expliquer à cette époque  l’intérêt “désintéressé” de cet homme de loi dans l’arrestation de Parwiza Jeeva. Dans un premier temps, Me Gulbul avait pris contact avec Goolam Jeeva, qui a soutenu devant la commission que “je n’ai jamais dépensé un seul sou pour lui (Me Gulbul) payer ses honoraires.”
De leur coté, Anwar et Altaf Jeeva ont soutenu  qu’”aucun membre de la famille n’a les moyens de payer pour retenir les services de Me Gulbul.” Le père de Parwiza Jeeva devait indiquer que “quand je suis allé voir ma fille au poste de police de Stanley où elle était détenue, elle m’avait dit que c’est son ‘patron’, en l’occurrence Peroumal Veeren, qui  allait payer Me Gulbul.”
Outre la prochaine audition de Parwiza Jeeva, qui viendra donner de plus amples détails au sujet des ramifications Gulbul/Veeren, d’autres témoins – sans oublier la Junior qui en sait beaucoup – se préparent à éclairer la commission d’enquête sur cet axe transcendant les différents clans dans le trafic de drogue. La question qui devra être élucidée est de savoir si ces “faveurs” par le truchement de l’homme de loi visaient à s’assurer que le parrain des parrains ne soit pas dénoncé avec preuves à l’appui. Il y a encore à approfondir des allégations autour de la zone d’ombre de financement des activités politiques de certains avec l’argent de la drogue.

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