OPÉRATION « LAKAZ LERWA LION »: La résidence de Soornack (Rs 30 M) sous-évaluée

La résidence achetée par Nandanee Soornack à Floréal en 2011 au coût annoncé de Rs 30 millions retient l’attention du Central CID dans le cadre de l’enquête sur des délits de trafic d’influence contre l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam. Depuis la mi-journée, la No 2 du Valuation Office, Roshnee Bissessur, qui avait assuré la suppléance au poste de Valuation Office à cette époque, est interrogée Under Warning au QG du Central CID. L’enquête du Central CID dans la Mauritius Duty Free Paradise Saga, avec des commissions de Rs 100 millions versées sur des comptes en banque en Suisse, a atteint un stade avancé. Les pièces à conviction compilées constituent l’ossature du dossier devant être transmis aux autorités en Italie pour l’extradition de Nandanee Soornack, soupçonnée d’être de connivence avec l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam dans cette affaire de commission représentant 4,2 % du chiffre d’affaires de la Mauritius Duty Free Paradise Ltd, calquée sur le modèle appliqué par Dawood Rawat sur les différentes entités du groupe BAI.
Depuis ces dernières semaines, le dossier de l’acquisition de la résidence des Maingard par Nandanee Soornack au coût de Rs 30 millions préoccupe les limiers du Central CID. Ces derniers soupçonnent l’achat de cette propriété immobilière d’être la conséquence d’un deal avec un important promoteur foncier engagé dans l’exécution d’un projet de RES d’envergure dans la région de Rivière-Noire. Les dernières informations en date indiquent que ce domaine dans une des régions résidentielles les plus prestigieuses avait fait l’objet d’une sous-évaluation.
Ainsi, après analyses des éléments de Nandanee Soornack au Valuation Office sur cette propriété, le Central CID a décidé de procéder à l’interrogatoire Under Caution de Roshnee Bissessur, celle qui avait pris la barre avec la suspension de Yodhun Bissessur, Chief Valuation Officer, impliqué dans une affaire de surévaluation de la clinique MedPoint de Rs 75 millions à Rs 140 millions.
Dans le cas de la propriété immobilière acquise par Madam Ou Kone ki Mwa, Roshnee Bissessur est accusée d’avoir sous-évalué cette transaction en faveur de l’ancienne partenaire d’affaires de Rakesh Gooljaury. La No 2 du Valuation Office, qui a retenu les services de Me Virendra Ramchurn, subissait encore son interrogatoire Under Warning en cours d’après-midi.
D’autre part, l’interrogatoire d’Iqbal Mallam-Hasham par les enquêteurs du Central CID, sous la supervision de l’assistant commissaire de police Heman Jangi, devrait précéder la convocation de Serge Petit, ancien Chief Executive Officer d’Airports of Mauritius Ltd (AML), et également « board member » de Mauritius Duty Free Paradise Ltd et d’Airport Terminal Operations Ltd (ATOL). En tant qu’ancien CEO de la SIC, Iqbal Mallam-Hasham, qui a été rattrapé par l’opération « Daylight Robbery » avec l’écroulement de l’empire de Dawood Rawat, sera entendu au même titre que les précédents membres du conseil d’administration.
Jusqu’à la fin de la semaine dernière, le Central CID a entendu la Senior Chief Executive Doreen Fong-Wen-Poorun, la Permanent Secretary Premila Roy et l’ancien CEO de la MDFP, Rohit Ramnawaz, lesquels ont été interrogés sur différents aspects du deal contracté par la MDFP avec la société Dufry, de Suisse, pour la fourniture de produits hors taxes et le contrat de gestion des boutiques hors taxes au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport et au Sir Gaëtan Duval Regional Airport, à Rodrigues.
À ce stade, la seule inculpation provisoire dans l’affaire Dufry n’a été logée en Cour de Port-Louis que contre Navin Ramgoolam en attendant la conclusion des démarches pour le rapatriement de force de Nandanee Soornack, qui a cherché refuge en Italie le jour même de la proclamation des résultats des élections générales du 10 décembre dernier. Les trois membres du Top Management de la MDFP, qui ont été convoqués par le Central CID, n’ont été nullement inquiétés sur le plan des inculpations provisoires.
Avec les deux prochains rendez-vous, soit ceux d’Iqbal Mallam-Hasham et de Serge Petit, sur les dessous et les instructions pour le « Sales Agency Agreement » avec la société Frydu, incorporée en Suisse au nom de Nandanee Soornack – avec subséquemment pour actionnaires Frank Gleeson et Laurent Obadia –, l’enquête au pénal devra franchir une étape cruciale. Toutefois, deux autres obstacles devront être contournés, à savoir l’entière collaboration du Dufry au sujet des directives pour le versement des commissions de Rs 100 millions sur des comptes spécifiques en Suisse et, ensuite, le feu vert de l’Office of the Director of Public Prosecutions pour instruire des procès devant la Cour intermédiaire contre les suspects, dont l’ancien Premier ministre.
Pour ce qui est de l’authentification des documents en possession de la société Dufry ou encore les détails formels des six virements bancaires en Suisse à être versés en tant qu’exhibits dans le dossier à charge, les autorités devront avoir recours aux dispositions de la Legal Mutual Assistance avec la Suisse. Ce volet international est présenté comme un « time-consuming exercise » vu que les autorités demandent à être convaincues de la pertinence des demandes à être honorées.
D’autre part, le bras de fer engagé entre la police et le bureau du DPP, suite à l’arrestation avortée de Satyajit Boolell, Senior Counsel, en marge de la Sun Tan Hotels Saga, constitue une donne majeure par rapport aux prochaines étapes de cette enquête de même que d’autres menées par le Central CID avec l’opération « Lakaz Lerwa Lion ». Le fait incontournable demeure que toute enquête de la police, de même que celle de l’Independent Commission against Corruption (ICAC), doit impérativement recevoir l’aval du DPP, que ce soit pour des procès au pénal ou autre, et que la décision du DPP, aux termes de la Constitution, ne peut être contestée.

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