OPÉRETTE: Aux sources du french cancan

Sans photos et d’une seule encre, une affiche vintage apparaît en ce moment qui fait penser aux outils publicitaires d’un autre temps. Le passant ou l’internaute y remarquera une mouche qui s’immisce entre les caractères… Encore un tour de Jupiter qu’il sera possible de découvrir dans une version mauricienne de l’opéra-bouffe Orphée aux enfers du 24 au 31 juillet prochain. Véronique Zuel sera Eurydice et Jean-Michel Ringadoo rien moins que le terrible Pluton et son incarnation bucolique Aristée…
L’Orphée aux enfers mauricien peut une nouvelle fois se concrétiser grâce à la fidèle contribution des nombreux bénévoles tels que les choristes de l’Opera Choir of Mauritius et même certains solistes qui ne touchent pas de cachet, mais dont la passion pour l’art lyrique demeure illimitée. Dans le même esprit, les quarante musiciens du Winterthur Symphonic Youth Orchestra (WSYO) viendront de Suisse sans cachet, grâce au mécénat pour les billets d’avion et à l’hospitalité mauricienne pendant leur séjour.
Chaque oeuvre lyrique montée à Maurice depuis une dizaine d’années bénéficie ainsi d’une conjugaison complexe de professionnels et de bonnes volontés qui sera cette fois-ci déclinée par l’Indian Ocean Performing Art (IOPA), nouvelle entité dédiée aux arts musicaux dirigée notamment par le chanteur Ricardo Ramiah. Orphée aux enfers a été produit deux fois à Maurice huit ans après ses premières représentations à Paris en 1858, ce qui témoigne autant de son succès public à l’époque que de l’intérêt des Mauriciens pour cette forme lyrique alors assez novatrice…
Peut-être que l’esprit parodique de cette satire du Second empire (Napoléon III y était pastiché…), et les fléchettes adressées à d’autres compositeurs qui se seraient intéressés à Eurydice, correspondait à l’esprit d’un certain public mauricien enclin à la moquerie voire même à l’esprit critique. Avec cette oeuvre, Jacques Offenbach a certes choqué, mais très vite conquis le public, lançant ce qu’il a dès lors lui-même nommé l’Opéra-bouffe, avec un sens de l’humour assez extravagant. Outre quelques airs célèbres, cette oeuvre a d’ailleurs non seulement fait école dans un nouveau genre, mais aussi par exemple, involontairement enfanté des déclinaisons populaires telles que le french cancan…
Du rire et de la sincérité
La préparation de cette nouvelle version d’Orphée aux enfers entre actuellement dans sa phase intensive sous la direction de Ludivine Petit, qui signe ainsi sa troisième mise en scène à Maurice. Après le J & J Auditorium pour La Traviata, puis le Vanilla Park pour Dido & Aeneas, elle découvre cette fois-ci les contraintes et facilités du Théâtre Serge Constantin, dont l’équipement a été rehaussé dernièrement. « Nous étudions actuellement différentes options de mise en scène que nous validons ou éliminons selon les cas », expliquait-elle à la presse mercredi. Parmi les questions à résoudre, se pose par exemple celle de choisir la formule la plus appropriée pour le placement de l’orchestre, probablement sur scène ou à la place des premières rangées de sièges…
Et bien sûr plus généralement comment cette oeuvre d’Offenbach peut-elle se matérialiser tout à son avantage avec environ vingt-cinq choristes, sept solistes, une quarantaine de musiciens, et cette idée folle d’incarner l’Olympe et ses dieux tout autant que les arcanes de l’enfer… non sans s’inspirer du monde d’aujourd’hui. Avouant sa fascination pour le personnage d’Eurydice, « qui ne reconnaît d’autorité qu’à son destin et ses sentiments », Ludivine Petit est aussi particulièrement frappée dans cette oeuvre par « l’alternance de moments profanes et d’autres de grande intensité avec des personnages qui se livrent très sincèrement. » Le rire est là inévitablement, une certaine sophistication également.
Parmi les bonnes volontés qui apportent leur touche au projet, il faut aussi signaler la contribution pour les costumes d’une nouvelle venue à Maurice, la styliste Ve Kessen-Soltman. Les quelques précisions données pour l’heure laissent penser à un stylisme inspiré du monde d’aujourd’hui au moins pour les costumes. Quant aux décors, la contribution d’Eelco de Jong est annoncée avec un appel aux possibilités de la vidéo. Aussi évoque-t-on des scènes chorégraphiées qui pourraient étonner.
Pour son Orphée, Offenbach a créé le personnage de « l’opinion publique » dont le rôle est assuré par Ricardo Ramiah. Celle-ci exerce une influence notable sur le destin d’Orphée et Jupiter… Véronique Zuel, Jean-Michel Ringadoo et Katrin Caine aux côtés d’Andrew Glover et Michael Gann qui font le déplacement, auront bien des choses à nous en chanter et peut-être aussi rire.

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