PALEONTOLOGIE: Un dinosaure ailé séduisait il y a 130 millions d’années avec sa flamboyance

Une équipe sino-américaine de paléontologues a révélé jeudi que le plumage d’un tout petit dinosaure datant de 130 millions d’années avait des couleurs flamboyantes, une première qui montre que ce trait jouait un rôle clé pour la séduction tôt dans l’évolution des espèces.
Les plumes de ce microraptor à quatre ailes gros comme un pigeon avaient des reflets noirs et bleutés comme celles d’un corbeau.
Il se nourrissait d’insectes et vivait dans les arbres de ce qui est aujourd’hui le nord-est de la Chine.
Il s’agit du premier dinosaure dont les scientifiques ont pu reconstituer cette caractéristique de son plumage à partir d’un fossile mis au jour en 2003.
L’iridescence est très répandue aujourd’hui dans la nature. De nombreux insectes, papillons, poissons et oiseaux doivent leurs couleurs flamboyantes à ce phénomène optique qui fait qu’une surface paraît changer de couleur selon l’angle depuis lequel on la regarde prenant les couleurs de l’arc-en-ciel.
« Cette étude donne un regard sans précédent sur l’apparence de cet animal quand il était vivant », souligne Mark Norell, président de la section paléontologie du Musée américain d’Histoire naturelle, un des auteurs de cette communication parue dans la revue américaine Science datée du 9 mars.
« Les oiseaux modernes se servent de leurs plumes colorées pour beaucoup de choses allant de la thermorégulation, au camouflage, en passant par la séduction », explique à l’AFP Matt Shawkey, professeur de biologie à l’Université d’Akron (Ohio, Nord), qui a également participé à l’étude.
Cette découverte montre que « l’iridescence des couleurs était déjà importante pour la séduction relativement tôt dans l’évolution », selon lui.
Le paléontologue souligne également l’importance du fossile de ce microraptor qui représente « très clairement une transition entre les dinosaures et les oiseaux dont il a beaucoup de traits morphologiques ».
« Les caractéristiques uniques des ailes de ce microraptor nous aident aussi à comprendre l’origine du vol », note-t-il.
Des dinosaures, il a les dents, la forme des pattes avant et sa longue queue osseuse et étroite, précise le chercheur.
« Un grand nombre d’hypothèses ont été avancées pour expliquer comment les plumes de ce microraptor étaient orientées et si elles formaient une surface portante permettant de voler ou si elles servaient seulement à séduire », indique Mark Norell.
« Non seulement nous avons pu déterminer la couleur de cet animal mais aussi le fait que ce microraptor, à l’instar de nombreux oiseaux modernes, se servait de la couleur de ses plumes pour donner des signaux visuels aux autres membres de son espèce », se félicite-t-il.
Ces chercheurs ont, grâce à des microscopes capables de scanner des électrons, analysé la forme des mélanosomes à l’intérieur desquels sont fabriquées les mélanines, des pigments protégeant la peau des radiations solaires, et en déduire ainsi les couleurs produites.
« Fort des nombreuses découvertes de fossiles d’oiseaux et de plantes à fleurs, nous savons que le Crétacé (moins 145,5 millions d’années à moins 65,5 millions d’années) était un monde coloré, et maintenant nous savons aussi que le microraptor avait des couleurs nacrées », souligne Ke-Qin Gao de l’Université de Pékin en Chine, autre auteur de l’étude.
« Il y a encore peu d’années, il était inconcevable d’imaginer de faire des recherches comme celle-ci », ajoute-t-il.

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