PANDÉMIE DE COVID-19 | En quête d’un « New Normal »

Business Mauritius confirme :

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Textile avec annulation de commandes

Tourisme au point mort jusqu’à septembre

Construction marquée par des chantiers abandonnés

Alors que des premiers signes d’une éventuelle sortie de confinement sanitaire pointent à l’horizon au vu des dernières tendances affichées par rapport au nombre de cas positifs au COVID-19, le diagnostic de l’impact sur l’économie se précise. Certes, l’état des lieux dressé par le ministère des Finances et le plan d’action pour la phase post-couvre-feu demandent à être validés par le gouvernement lors des prochaines délibérations du conseil des ministres, avec ou sans l’étape des consultations, en vue du premier budget à être présenté par Renganaden Padayachy. Toutefois, les premiers éléments du diagnostic établi par les capitaines de l’industrie sous l’égide de Business Mauritius indique que les trois principaux secteurs économiques, à savoir le textile, le tourisme et la construction, sont extrêmement fragilisés tout en soulignant que « au-delà de l’aspect purement sanitaire, toutes les entreprises locales, membres ou non de Business Mauritius, petites ou grandes, subissent l’impact violent du COVID-19 sur l’économie ». De son côté, le sous-comité Economic Recovery de Business Mauritius, sous la présidence de Gilbert Gnany, Chief Strategy Officer du MCB Group, se dit prêt avec « des solutions potentielles pour aider à préserver la viabilité des entreprises ».

Les premières tendances exprimées dans les premiers jours du Lockdown à compter du 19 mars, trois entreprises sur cinq appréhendant de graves problèmes de trésorerie et deux sur cinq devant recourir à des compressions de personnel, pourraient s’avérer encore plus pessimistes avec l’amorce de la cinquième semaine de chômage technique au sein de l’économie en général. Etant tributaire des marchés extérieurs pour ses biens et services, Maurice ne pourra pas envisager de réenclencher la machinerie économique même avec la confirmation de l’élimination des risques de propagation du Virus sans Frontières.

Avant de passer à l’étape de l’élaboration d’un Rescue Package pour l’économie, Business Mauritius, se basant sur les informations communiquées depuis le début de ce mois par ses membres, fait comprendre que trois des principaux piliers de l’économie sont en panne. Ainsi, avec des enseignes internationales comme Gap, Primark et Macy’s, des principaux clients du secteur de la confection, frappées de plein fouet par la pandémie du coronavirus, « toutes leurs commandes ont été annulées, donc beaucoup d’usines de textile seront en difficulté ». Le Quote Per Se est de Business Mauritius.

Au sein de l’industrie touristique, ceux qui avaient osé gloser au tout début de l’épidémie sur la résilience de ce secteur, doivent aujourd’hui s’en mordre les doigts pour leur cavalière imprudence. Le tourisme et l’hôtellerie seront au point mort pour les prochains six mois, avec une hypothétique recomposition de ce secteur intervenant probablement au plus tôt en septembre prochain. Unanimement, les membres de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Île Maurice (AHRIM), qu’ils soient petits et grands, concèdent ce fait et préparent depuis quelque temps déjà des Contingency Plans pour faire face à cette conjoncture des plus inédites.

D’ailleurs, le tourisme est « heavily dependent » de la reprise des dessertes aériennes, en particulier entre Maurice et les principaux marchés, que ce soit en Europe ou en Extrême-Orient. Pour l’instant, il n’y a que très peu d’indications quant à une reprise des opérations au Sir Seewoosagur International Airport. D’ailleurs, la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, a reporté au 15 mai toute décision sur un retour dans les airs pour ses aéronefs sauf pour une éventuelle reprise de la desserte sur Rodrigues vers le 4 mai, à l’expiration de la période de confinement sanitaire prolongée.

Un autre secteur économique, qui avait fait preuve ces dernières années de robustesse avec un taux de croissance à double chiffre, pourrait connaître une stagnation cette année. Business Mauritius estime que « le secteur de la construction va stagner avec des projets qui risquent de ne pas démarrer ». Avec la crise subséquente à la pandémie de Covid-19, les boards des principaux conglomérats, qui ambitionnaient de se lancer dans des projets de construction, n’auront d’autre choix que de se raviser et revoir les plans initiaux. D’abord, parce qu’en un trimestre, les perspectives économiques ont changé du tout au tout avec de gros problèmes de trésorerie (Cash Flow) surgissant, et ensuite les banques devant se montrer moins généreuses en termes de prêts à être accordés.

Le rôle de soutenir le secteur de la construction devra revenir au secteur public. La question, qui se pose, est si la phase II de Metro-Express entre Rose-Hill et Curepipe pourra générer la synergie requise pour atteindre cet objectif. D’ailleurs, le projet de relier Rose-Hill à Quatre-Bornes d’ici à la fin de cette année demande à être revu en raison des retards accusés jusqu’ici. Le calendrier de travail pour boucler le corridor urbain jusqu’à Curepipe devra être aménagé alors que le mystère du coût initial de Rs 18,8 milliards du Metro-Express devrait retenir une attention particulière en raison des engagements financiers envisagés par le gouvernement sous forme d’Assistance Schemes.

Et cela sans compter que les constructions résidentielles, une des locomotives en terme d’investissements et de roulement bancaire, devraient montrer des signes d’essoufflement car la marge financière des ménages sera réduite avec la récession, qui plane sur l’économie.

Du côté des observateurs de la scène économique, les effets multiplicateurs de ce coup d’arrêt sur ces piliers, que ce soit en termes de chômage et de manque de revenus pour alimenter la consommation, sont à surveiller et devront être « addressed » lors de la présentation du budget de 2020/21 à l’Assemblée nationale.

Dans l’immédiat, le comité Gnany de Business Mauritius s’est déjà penché sur divers scénarios en vue de jeter les bases d’un « New Normal » pour l’économie. A ce stade, le secteur privé prévoit un package de mesures, qui seront présentées au gouvernement « comme solutions potentielles pour aider à préserver la viabilité des entreprises mauriciennes ».

Le document COVID-19 Latest Updates de Business Mauritius définit les grandes lignes de ce package, soit

des aides différentes aux particuliers pour compenser le manque à gagner ou la perte d’emplois ;

des mécanismes de financement pour accroître la liquidité et l’offre de crédit

des garanties de prêts accordées par le gouvernement ;

des types de moratoire potentiels pour le remboursement des prêts ;

des méthodes d’assouplissement des exigences de fonds propres et de liquidités, et

des stratégies à être adoptées par les groupes hôteliers, la compagnie aérienne nationale et d’autres industries clés, déjà à l’Intensive Care Unit financière et économique.

Tout en s’appesantissant sur le fait que « tout est encore à l’étude », Business Mauritius mise sur « le génie mauricien » même si « cette redéfinition des normes constitue un immense défi pour Maurice ; mais si d’autres pays ont pu le faire, Maurice y parviendra, si les parties concernées travaillent ensemble ».

En tout cas, le vaste chantier de reconstruction de l’économie de Maurice, affectée par la pandémie du Virus sans Frontières, ne devrait laisser « no stone unturned » dans cette nouvelle édification…

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