PANDÉMIE DU COVID-19 – Séquelles et répercussions : Lockdown total et « peur-panique »

« Des citoyens irresponsables et irréfléchis ! » déplorent des familles

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Ibrahim Koodoruth (sociologue) : « Si une personne a l’assurance qu’elle pourra nourrir sa famille, elle ne fera pas fi du lockdown »

Les longues files d’attente, devant les supermarchés, dans les stations à essence, à la boulangerie et dans d’autres commerces, ainsi que les « caddies remplis à ras bord, avec des produits empilés et stockés, comme si on allait remplir un bunker » ont excédé plusieurs Mauriciens, qui ont souhaité monter au créneau pour déplorer cette « attitude irresponsable et irréfléchie de la part de certains de nos compatriotes ». Un comportement qui, pour le sociologue Ibrahim Koodoruth, s’explique par « la peur-panique qui atteint, en fait, chacun de nous. Néanmoins, certains font la part des choses. D’autres pas. Ce qui arrive, dans ces circonstances de crise, comme on le vit, actuellement, c’est qu’un grand nombre de Mauriciens, pris de peur qu’ils ne pourront avoir suffisamment de quoi nourrir leurs familles, succombent à ces pulsions brutes ».
Ce qui les amène, continue notre interlocuteur, « à développer ces attitudes qui sont décriées par l’ensemble de la population, parce c’est inacceptable de se conduire d’une telle manière. » Le sociologue et chargé de cours à l’Université de Maurice (UoM) souligne : « Nous sommes, avec l’apparition des cas de Covid-19, chez nous, depuis une semaine maintenant, et le ‘lockdown’ qui est devenu total, depuis ce mardi 24 mars, dans une situation totalement inédite, à Maurice. La plupart des Mauriciens, sinon tout le monde, a ressenti la même frayeur, les mêmes doutes et a quasiment paniqué. Nous sommes dans une configuration totalement nouvelle pour nous tous : la toute première répercussion importante a donc été la restriction des mouvements. Alors qu’on a tous l’habitude d’aller au travail, rendre visite aux parents et amis, sortir faire les courses, aller s’amuser, pratiquer du sport, du jour au lendemain, on se retrouve dans une situation où on n’est plus libre de nos mouvements. On est cloîtrés chez nous, certes, mais ce n’est pas comme quand il y a un cyclone : là, c’est visible ce qui se passe dehors est dangereux. » Notre interlocuteur poursuit : « dans le contexte actuel, il fait plutôt beau, et on demande aux gens de ne pas sortir. Certains comprennent les enjeux, d’autres pas. » Le sociologue élabore : « l’ennemi étant ce virus mortel, très virulent, donc invisible, certains ne jaugent pas le danger. De ce fait, malgré toutes les consignes, ils n’en font qu’à leur tête. Mais le plus grave, ce sont ceux qui ont pleinement conscience de la dangerosité du Covid-19 : les images des patients qui souffrent, à l’étranger, le taux de mortalité qui grimpe, les répercussions comme le confinement dans les pays qui ont été les plus touchés jusqu’ici, tournent en boucle dans la tête de ces personnes, et c’est là qu’ils arrêtent de réfléchir avec leur tête, et laissent leurs instincts prendre le contrôle. C’est comme cela qu’on s’est retrouvé avec des files interminables, de personnes pensant qu’ils n’allaient plus avoir à boire et à manger, ont tout simplement emporté le maximum de choses… »
Une situation qui, depuis ce mardi 24 mars, a donc poussé le gouvernement de Pravind Jugnauth à imposer le « total lockdown » sur le pays, avec les répercussions que cela engendre. « Pourquoi la personne panique, de prime abord?, demande le sociologue Koodoruth. Eh bien, si la personne craint de ne pouvoir acheter à boire et à manger, qui est à la base de l’existence, et donc, subvenir aux besoins de sa famille, elle perd la boule ! Par contre, si on met en place une structure de distribution et de livraison d’aliments et de produits de base, un numéro de téléphone où la personne peut appeler et être écoutée, la personne est alors rassurée qu’elle ne sera pas en manque de ce dont elle a besoin, elle ne se déplacera pas, faisant fi des instructions de confinement et de couvre-feu. » Le sociologue émet la proposition : « l’Etat dispose de nombreux véhicules, des vans, par exemple, qui sont affectés aux divers ministères. De même, l’état a la ressource humaine à disposition et est en contact avec les fournisseurs d’aliments, de boissons, et de produits de base. Il y a d’une part le registre dont dispose le ministère de la Sécurité Sociale, pour les plus démunis, et avec ce système de téléphone, les livraisons peuvent être faites carrément à domicile, moyennant que les transporteurs soient bien équipés avec des vêtements qui les protègent. Ils déposent les commandes aux portes des habitants, qui eux, ont mis l’argent dans une enveloppe ou autre conteneur également protégé, aseptisé. Et le tour est joué : pas de contact entre les gens. Chacun s’en sort gagnant. »
Le gouvernement, estime par ailleurs Ibrahim Koodoruth, « n’avait pas d’autre choix que le confinement total. On en est arrivés là, à cause de l’irresponsabilité dont ont fait preuve les uns et les autres, qui n’ont pas agi dans l’intérêt du peuple, mais pour leur gain personnel. » Le chargé de cours à l’UoM rappelle que « personne n’est à l’abri : avec cette situation exceptionnelle et le fait que toutes les données ne sont pas connues d’avance, le monde entier étant actuellement en train d’étudier et de faire ses propres expériences, il convient à notre niveau de mettre en oeuvre des mesures fermes, certes, strictes, aussi, pour le bien de toute notre nation. Et en même temps, il faut surtout planifier ces mesures. Il ne faut pas qu’elles soient perçues comme des sanctions, des pénalités, des punitions. La répression, surtout dans un tel cas de figure comme le nôtre, n’arrange rien. Or, quand on annonce une mesure comme le confinement total et la fermeture de tous les points d’alimentation, sans autre ‘back-up plan’, c’est la double panique ! » Notre interlocuteur propose : « Il faut accompagner les annonces des mesures avec des plans et des structures qui sont mises en place. Là les gens sont rassurés qu’ils ne vont pas souffrir. »

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Des citoyens : « Irresponsables et irréfléchis ! »

De voir de longues files d’attente devant les supermarchés, les boulangeries, pharmacies, stations-service, et autres commerces, « où la plupart des personnes ne respectaient pas les précautions barrières, c’est révoltant ! Ce sont des comportements de personnes irréfléchies et irresponsables, qui ne pensent qu’à leur petite personne et se fichent s’ils font courir des risques à tout le monde, ce faisant. Pire, ils se mettent eux-mêmes en danger !», s’indignent ces Mauriciens. « Ce n’est pas là une attitude d’adulte mature et digne d’un père ou d’une mère de famille, soutient Kristel, employée de banque. Celle-ci qui se rend quotidiennement au travail malgré le couvre-feu et le confinement total, parce qu’elle travaille dans les services essentiels, renchérit : « c’est un comportement regrettable. Comment peut-on agir de la sorte en 2020 ? Est-ce que les gens ont oublié de réfléchir, de se servir de leurs méninges ? Kot nou pe ale ?» Même sentiment de colère chez Devianee, employée de bureau : « Nous avons tous des familles à nourrir, des enfants et des personnes âgées à notre charge. Est-ce pour autant une raison d’aller vider les rayons des supermarchés, quand on sait que dans de telles conditions, on joue avec notre santé et la leur ? Non, j’ai vu avec mes propres yeux des gens se comporter très mal, et faire comme s’ils n’allaient plus jamais pouvoir acheter des choses ! C’est révoltant. »
Shabnam, institutrice, est excédée : « Comment peut-on se permettre d’agir avec autant de légèreté devant ses propres enfants ? Quel signal, quel exemple on leur donne ? Je me suis rendue à quelques reprises aux supermarchés, avant le lockdown, et après, parce qu’avec toutes mes obligations, et le fait que nous n’ayons pas de voiture, ce n’était pas pratique d’acheter une certaine quantité de choses. Mais ce que j’ai vu m’a fendu le cœur… Jamais je n’aurais pensé que mes compatriotes pourraient être aussi égoïstes et insensibles.»
Ces Mauriciennes disent d’ailleurs regretter que « au final, le Premier ministre n’a eu d’autre choix que de tout fermer ! Si dimounn ti reflesi avan ek sanz zot konportma, pa ti pou ariv sa. »
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Covid-19 — PwC : et yoga pour éviter le stress !

Chaque entreprise se débrouille avec les moyens du bord pour maintenir le ‘business continuity’ comme on dit. Certaines veillent également au bien-être de leurs employés pendant cette période où le moral des salariés prend un sérieux coup. Par exemple, chez PwC, plusieurs initiatives sont prises pour essayer de maintenir le bien-être des employés. « En ces temps de négativité, de peur et d’incertitude, c’est clair que le virus a un impact sur le moral et la santé mentale de nos collaborateurs, » souligne Anthony Leung Shing, Country senior partner. A cet effet, tout est mis en œuvre au sein du cabinet pour maintenir un contact constant avec les collègues, que ce soit par équipes ou par ‘assignment’. Une plate-forme interne a même été mise en œuvre pour partager des nouvelles, des commentaires et vidéos amusantes. Le travail n’est certainement pas négligé pour autant car les appels vidéo et autres ‘virtual meetings’ se font sur une base régulière. D’ailleurs, un ‘Webcast’ s’est tenu ce jeudi en utilisant la plateforme intranet de PwC sur laquelle se sont connectés les employés et durant laquelle Anthony Leung Shing a partagé des messages importants et répondu à toutes les questions sur le déroulement du travail et sur les arrangements pour la bonne continuation des services offerts par le cabinet. En outre, pour oublier le stress du Covid-19, la firme a maintenu ses initiatives liées au bien-être des employés, notamment ses séances de gym du lundi et de yoga (le jeudi). À la différence cette fois, Covid-19 oblige, que ces séances ont été organisées via Google Meet. Lundi dernier donc, c’est une séance de gym virtuelle qui a réuni tous les employés et ce jeudi, ce fut du yoga virtuel, animé par le professeur habituel. Question de garder le moral au beau fixe et d’éviter le stress…

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