PARLEMENT: Rajesh Bhagwan frappe d’entrée

Le député qui a marqué cette rentrée est sans conteste Rajesh Bhagwan. Avec sa seule question sur les conditions de service de la directrice du Centre cardiaque, il a provoqué un séisme dont les répliques n’ont pas fini de faire trembler personnes et institutions. La révélation par le ministre de la Santé que Vijaya Sumputh avait bénéficié d’un rehaussement salarial de Rs 100 000, ce qui a porté son enveloppe mensuelle à Rs 323 000, a abouti à la démission forcée de la principale concernée, la révocation du conseil de Trust Fund for Specialised Medical Care et l’institution d’un comité d’enquête sur les conditions de cette augmentation salariale et celles avantageuses d’un renouvellement de contrat dans le dos du ministre.
Si le premier député de Beau Bassin/Petite Rivière a pu obtenir les informations qu’il recherchait, c’est que le nouveau ministre de la Santé issu du Muvman Liberater s’est bienveillamment prêté au jeu de la transparence sur la question précise. Anwar Husnoo a expliqué qu’après sa nomination à la tête du Cardiac Centre le 30 janvier 2015, Vijaya Sumputh, à sa prise de fonctions le 2 février 2015, touchait Rs 200 200 par mois, salaire qui a été augmenté par Rs 15 000 quelques mois après.
 Poursuivant dans la chronologie des événements, le ministre précise que le 18 janvier 2017, soit cinq jours avant son arrivée à la Santé, lors d’une réunion du conseil d’administration du centre cardiaque, il fut décidé d’octroyer une allocation temporaire supplémentaire de Rs 100 000 par mois au motif qu’il y avait Rs 300 000 dans les caisses du centre suivant la démission d’un chirurgien cardiaque. Cela, en attendant que son contrat soit renouvelé.
 En parcourant le procès verbal de cette réunion du board reçu le matin même de ce 28 mars, le ministre a dit avoir constaté qu’une décision avait en fait déjà été prise le 25 janvier d’accorder à Vijaya Sumputh cette augmentation de Rs 100 000 pour porter son salaire mensuel à Rs 323 000.
 Et à Anwar Husnoo de préciser qu’il avait été consulté avant la réunion du 18 janvier et qu’il avait donné son accord pour que son contrat soit renouvelé pour une année seulement et sur les mêmes conditions que le précédent. Le ministre révèle alors qu’il en a discuté avec le Premier ministre et qu’il lui a donné raison sur toute la ligne.
 Il est relancé le 2 mars 2017 sur cette augmentation de Rs 100 000 et, après de nouvelles consultations avec le Premier ministre, il est convenu qu’il n’y aura pas d’augmentation et seulement un renouvellement de contrat qui serait identique à celui initial qui lui avait été accordé.
Effet rétroactif au 1er décembre 2016
N’étant visiblement pas au bout de ses surprises, le ministre révélera cette fois que le 27 mars, il a appris qu’un nouveau contrat avait déjà été offert à Vijaya Sumputh depuis le 25 janvier déjà, pour une période de deux ans et avec l’augmentation de Rs 100 000 et, plus scandaleux, celle-ci avait un effet rétroactif au 1er décembre 2016 et une nouvelle clause fut introduite pour prévoir qu’en cas de résiliation prématurée du contrat, la bénéficiaire devrait être indemnisée à un taux représentant toute la durée du contrat de deux ans.
 Vu que les directives qu’il a données au board n’ont pas été exécutées, le ministre a annoncé qu’il aura des consultations avec son collègue l’Attorney General pour voir s’il ne faut pas instituer un comité d’enquête pour se pencher sur les circonstances dans lesquelles un nouveau contrat a été offert à Vijaya Sumputh.
 S’agissant de la participation active de cette nominée politique aux activités partisanes du Muvman Liberater, Anwar Husnoo a indiqué que le board n’y a pas objecté mais qu’il se propose de lui parler et de lui demander de ne plus participer à des activités politiques à l’avenir.
 Il n’en a fallu pas plus pour que Rajesh Bhagwan exprime son indignation. « Choquant hold-up de l’argent public », lance-t-il avant de poser la question supplémentaire fondamentale quant à l’identité de ce président du board qui ne serait autre qu’un membre du ML et également un conseiller municipal de ce parti à Beau- Bassin/Rose-Hill. Oui, ce Monsieur Ramjee est bien le Chairman confirme le ministre de la Santé. Et, lorsque le député du MMM insiste, il précise aussi qu’il est un conseiller municipal aux villes soeurs.
 Intervention du transfuge Zouberr Joomaye pour essayer de couvrir Vijaya Sumputh avec une question sur le salaire du chef du service médical du centre, ce à quoi le ministre répond que c’est dans les mêmes proportions que celui de la directrice du centre.
Reprise de l’interrogatoire de Rajesh Bhagwan sur le volet des activités politiques pour dire que la veille même Vijaya Sumputh était au N°20 pour un rassemblement “fiasco” et que cela tranche avec le cas de Brinda Thanacody-Soburrun, la directrice du Mauritius Examination Syndicate qui était en orange sur une estrade partisane à Bois Chéri, qui fut invitée à mettre un terme à de telles sorties.
Le “own-goal”  de Ravi Rutnah
Le whip de l’opposition, Dan Baboo, parlera de « jackpot » et demandera au ministre de saisir l’ICAC, mais ce dernier rappelle qu’il a déjà annoncé qu’il envisageait un comité d’enquête. Prenant le relais, Aadil Ameer Meea, qui déplore que « miracles happen for some people only », recherche le montant de la totalité des salaires et allocations de Vijaya Sumputh, tandis que le ministre explique que tout est compris dans les Rs 323 000.
 Ne ratant jamais une occasion de se faire remarquer ou de voler au secours de ses collègues du ML, Ravi Rutnah se croira très inspiré en demandant à Anwar Husnoo de donner le salaire du directeur précédent. La réponse sonnera comme une gifle lorsque le ministre dira qu’il était de Rs 170 000, soit presque la moitié de celui de Vijaya Sumputh.
 Pour conclure sur une note encore plus piquante, Rajesh Bhagwan saluera le travail fait par les médecins de ce centre avant de dire que « this lady has polluted the atmosphere there bacause she has obtained and still obtaining the backing of the previous minister, Anil Gayan » et l’inviter à démissionner. Ce dernier se met debout et demande à la Speaker d’amener le député à retirer ses propos, mais Maya Hanoomanjee décide de l’ignorer royalement.
 La séance de reprise avait démarré avec l’élection de Sanjeev Teeluckdharry au poste de Deputy Speaker et de Bashir Jahangeer comme Deputy Chairman of Committees et un hommage rendu à deux élus disparus, le MSM Anand Choolun et le travailliste Balmick Gokulsing.
 Pour sa première PNQ, Xavier Duval avait choisi le Métro Express et vu le ton offensif adopté pour les besoins de la télévision probablement, il a eu quelques échanges assez piquants avec Nando Bodha. S’il a assez adroitement fait une allusion à la vulgarité langagière de SAJ et qu’il s’est étonné que la soirée du lancement du Métro Express a coûté Rs 7 millions, le ministre des Infrastructures publiques n’a pas manqué de rappeler les Rs 25 millions dépensées pour la présentation de “Maurice, c’est un plaisir”. Le leader du PMSD a tout de même obtenu que ceux à qui on a demandé d’évacuer leurs terres et leurs maisons soient traitées avec plus de considération.
 On aura aussi relevé lors du Question Time que Roshi Bhadain autant que Rajesh Bhagwan se sont intéressés au cas du frère d’un Senior Adviser qui disposerait de Rs 190 millions dans le SCBG et que le nouveau ministre des Services financiers, Sudhir Sesungkur, a laissé entendre qu’il y aurait une enquête sur la vente de Britam Kenya.

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