Parlement : Soft Opening

Durant la semaine écoulée, le “soft opening” des débats parlementaires sur le discours-programme du gouvernement pour les cinq prochaines années n’a pas manqué d’attirer l’attention. Cette reprise était comme toujours très attendue et beaucoup s’attendaient à un face-à-face entre le gouvernement et l’opposition parlementaire sur les grands dossiers du moment. On a eu droit, certes, à un premier affrontement entre le leader de l’opposition, Arvin Boolell, et le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, sur le coronavirus. Les deux parlementaires faisaient leur baptême du feu dans les fonctions qu’ils sont appelés à occuper durant les prochains mois. Le ministre s’est tiré d’affaire tant bien que mal, donnant l’impression d’un technicien qui maîtrise son dossier et qui sait également gérer son image médiatique en projetant l’image d’un ministre qui est à la fois au four et au moulin. Le leader de l’opposition, qui est rompu à la politique, a montré ses dents en attaquant le ministre sur les lacunes et les manquements du protocole mis en place avec l’aide de l’OMS pour endiguer ce virus qui fait vaciller l’économie mondiale. Arvin Boolell aura du chemin à faire en vue de s’imposer au Parlement comme leader d’opposition “on his own” sans être au service de son leader extraparlementaire. C’est à ce niveau que ses principaux adversaires politiques semblent vouloir l’attaquer comme l’a fait le Premier ministre qui, au moment où le leader de l’opposition a demandé que l’opposition fasse partie du high powered committee sur le coronavirus, a lancé « to le ki Ramgoolam expilse twa ? »

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Pour ce qui concerne les débats sur le discours-programme, on a eu droit à l’équipe junior des deux côtés de la Chambre. Si certaines interventions sont sorties du lot et ont été applaudies par les deux côtés de la Chambre, on ne peut dire autant pour d’autres, ils ont encore des leçons à apprendre du National Youth Parliament. Même si les débats ne changeront pas grand-chose dans le discours-programme, ils sont l’occasion de jauger le poids des intervenants, de leur capacité à apporter de nouvelles idées et de représenter dignement ceux qui les ont élus en novembre dernier, que ce soit du côté de la majorité que de l’opposition. A ce stade, même le Premier ministre hésite à livrer les membres de son équipe aux mains de l’opposition en donnant priorité aux débats sur le discours-programme au lieu des interpellations parlementaires, en évitant de convoquer le Parlement les mardis. Il sait que l’opposition ne leur fera aucun cadeau. Il tient à suivre personnellement leurs interventions, quitte à fermer le Parlement pendant son absence du pays au grand dam de l’opposition. Nous attendons avec impatience l’arrivée de l’artillerie lourde des deux côtés de la Chambres et espérons de vrais débats sur les défis auxquels le pays est confronté tant sur les plans local qu’international.

Les effets négatifs du coronavirus sur l’économie mondiale et mauricienne sont un des sujets sur lesquels nous souhaitons entendre l’analyse de nos parlementaires. Une première évaluation a déjà démontré les effets négatifs qu’auront les mesures prises pour protéger le pays contre le coronavirus sur l’industrie touristique avec un manque à gagner de près de Rs 2,4 milliards, l’interdiction des importations de Chine ne sera pas sans effets sur le secteur manufacturier. Le secteur du commerce informel qui dépend des importations de Chine souffrira également. Les dispositions prises par les autorités locales sont également suivies avec attention. Rien ne doit être laissé au hasard. Sans tomber dans la démagogie, il est du devoir de l’opposition d’agir comme un chien de garde pour s’assurer qu’il n’y a aucune lacune ou manquement de part et d’autre.

Terminons par ce constat de l’ambassadeur de Chine à Maurice, Sun Gongyi, dans un message diffusé dans la presse hier. « L’épidémie de pneumonie causée par le nouveau coronavirus est un diable et il faut la combattre. Dans un monde globalisé, les destins et les intérêts de tous les pays sont étroitement liés. Face à la crise de santé publique, ce n’est qu’avec la solidarité que nous pourrons véritablement défendre les intérêts communs de tous les pays. Après la tempête, c’est le soleil qui nous attend. »

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