PARTIELLE AU NO 18 : Manoeuvres en vue

Le Committee of Supply du Budget 2017/18, dirigé par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et qui démarre cet après-midi à l’Assemblée nationale, devrait être marqué par des interventions du député Roshi Bhadain pour démontrer les échecs, les failles et lacunes du gouvernement. Toutefois, les députés chevronnés de l’opposition – dont Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan, Veda Baloomoody, Shakeel Mohamed et Alan Ganoo, sans compter le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval – se préparent déjà à acculer les ministres sur les dépenses budgétaires prévues pour le prochain exercice financier ou encore leur bilan au sein du gouvernement. Dès l’entrée en matière, il faudra s’attendre à un feu d’artifice avec le budget consacré à la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, et ce en raison de l’Alvaro Sobrinho/State House Connection et des missions à l’étranger. Cet examen en comité du budget pourra difficilement reléguer au second plan les préoccupations au sein des états-majors des différentes formations politiques. Dans la conjoncture demeure la quasi-certitude selon laquelle l’ancien ministre des Services financiers du gouvernement de l’Alliance Lepep démissionnera de l’Assemblée nationale en cette fin de semaine « pour provoquer une élection partielle à Belle-Rose/Quatre-Bornes (No 18) d’ici février 2018 au cas où le gouvernement opterait pour une campagne marathon ».
À 48 heures de la fin de l’examen en comité des Budgetary Estimates 2017/18, coïncidant avec l’échéance de la démission du leader du Reform Party de l’Assemblée nationale, les premières manoeuvres politiques sont en vue sur le terrain pour cette partielle, qui aura la valeur d’un test intervenant littéralement à mi-mandat. En attendant que la Speaker de l’Assemblée nationale, Maya Hanoomanjee, soit en présence de la lettre de démission de Roshi Bhadain, les leaders des partis politiques procèdent déjà à des consultations tous azimuts en vue de déterminer la stratégie « la plus optimale » pour traverser cette épreuve électorale.
Dans le camp du gouvernement, la thèse selon laquelle le MSM « pourrait ne pas être de la course » pour contester un siège, qui était le sien jusqu’au 23 janvier dernier, est considérée comme un “Kite Flyer”. D’aucuns affirment que le moment venu, l’alliance MSM/Muvman Liberater n’aura d’autre choix que de s’aligner au départ lors du Nomination Day à Belle-Rose/Quatre-Bornes.
« Les données politiques ne sont pas les mêmes que celles lors de la partielle au No 8, à Moka/Quartier-Militaire, avec le match entre Pravind Jugnauth et Ashok Jugnauth, et le Parti travailliste au pouvoir se mettant sur la touche, tout en soutenant le candidat du MSM face au MMM. Le siège à contester était pour le MMM. Au No 18, le siège est pour le MSM et, surtout, la démission de Roshi Bhadain constitue un “Direct Challenge” au gouvernement. Pravind Jugnauth pourra difficilement trouver des excuses pour justifier l’absence de candidat avec l’investiture de l’hôtel du gouvernement au No 18 », fait-on comprendre presque unanimement au sein de l’opposition, tout en ajoutant que « dans le pire des cas, le Muvman Liberater pourra assumer le rôle de roue de secours (“Stepney”) ».
Au sein de l’opposition parlementaire, les données devront être précisées dès l’annonce de la démission. L’appel de Roshi Bhadain pour un « front uni » de l’opposition en vue de cette élection partielle est diversement commenté au sein de l’opposition, les principaux partis n’étant en effet pas sur la même longueur d’onde. Le MMM et le Ptr ont déjà indiqué qu’ils contesteront cette joute électorale à Belle-Rose/Quatre-Bornes.
Dans les rangs du PMSD, au vu des relations établies notamment entre le leader de l’opposition et le ministre du MSM démissionnaire depuis le 23 janvier dernier, un consensus semble se dégager en faveur d’un scénario de “Candidate” au No 18 tout en appuyant la candidature du leader du Reform Party. Depuis ces derniers temps, les contacts entre Xavier-Luc Duval et Roshi Bhadain, notamment sur la stratégie de démission, ont été des plus suivis. Mais les instances du PMSD devront ratifier l’option d’absence des bleus sur le bulletin de vote et aussi se pencher sur la formule de soutien au candidat Roshi Bhadain à la partielle, avec le mot d’ordre de voter Roshi Bhadain à son électorat.
Le Muvman Patriotik d’Alan Ganoo pourrait emprunter la même voie que le PMSD en prônant « un mouvement tactique de tacite » derrière Roshi Bhadain au No 18 face au gouvernement. Au MMM, la question de la participation à cette élection partielle est acquise. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Le débat commence à s’agiter autour de l’investiture. Jusqu’à la semaine dernière, le nom de Vijay Makhan, avec sa présence régulière sur le terrain politique, semblait ne souffrir d’aucune contestation.
Ce choix ne serait aussi affirmatif que des militants de Belle-Rose/Quatre-Bornes. Une candidate pourrait venir jouer les trouble-fête lors du dépôt de candidatures. La fille de l’ancien président du MMM, Ramduth Jadoo, se présente comme une alternative valable pour la direction du parti, optant pour une candidature féminine à cette partielle. Mais que ce soit pour Vijay Makhan ou encore la fille de Ramduth Jaddoo, rien n’est encore joué tant que le leader du MMM, Paul Bérenger, ne se sera prononcé, alors que les chances de Satish Boolell d’être candidat sont considérées comme étant relativement minimes.
Pour le Parti travailliste, cette élection partielle constitue une aubaine politique en vue de constater « si la traversée du désert », entamée depuis décembre 2014, est sur le point de prendre fin. Mais le choix du candidat éventuel pourrait donner lieu à des convulsions internes. Le choix logique semble être celui d’Arvin Boolell, mais Navin Ramgoolam, pourrait revoir cette “Revival Strategy” en privilégiant la candidature de Raja Ramdaursing. Dans l’entourage d’Arvin Boolell, on laisse entendre que « dans cette éventualité, la fidélité de Boolell au parti pourrait être revue » et qu’il ne serait pas impossible de le voir briguer le suffrage au No 18 sous une nouvelle couleur politique. Toute décision ne devra être entérinée officiellement qu’à la lumière des annonces officielles. Affaire à suivre…

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