Pas de confinement pour la démocratie

Alors que les Chrétiens à travers le monde entrent en Semaine Sainte, qui débouchera sur la célébration de la fête de Pâques dimanche prochain, le pays s’inscrit, pour sa part, dans sa troisième semaine de confinement.

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En une semaine, le COVID-19 – qui pourrait avoir fait son entrée dans le pays durant la première semaine de mars – a poursuivi sa propagation. Le nombre de cas confirmés de virus ne fait que grimper chaque jour alors que le nombre de décès s’élevait à sept en fin de semaine. Lentement mais sûrement, la population commence à comprendre le danger que représente le COVID-19 alors que les autorités multiplient les exhortations pour inviter la population à rester en confinement. Mais comment le faire si on ne sait pas si on aura de quoi manger le lendemain? C’est pourquoi la prise d’assaut des supermarchés et boutiques lors de leur réouverture jeudi était inévitable surtout en cette période. Beaucoup s’accordent à dire qu’ils n’auraient même pas dû fermer. Toutefois, il faut continuer à insister que le confinement soit respecté et que les protocoles stricts d’hygiène et de distanciation sociale soient scrupuleusement respectés. Rendons hommage à tous ceux qui multiplient les efforts pour protéger les Mauriciens, pour ralentir la propagation du virus et permettre à la vie de continuer malgré toutes les contraintes.

Par ailleurs, dans une démocratie comme Maurice il est normal que les débats sur la pertinence de la stratégie du gouvernement et la nécessité d’une plus transparence accrue se poursuivent. D’ailleurs, tous les partis de l’opposition, même les plus critiques,  considèrent qu’ils prônent l’intérêt du pays et qu’ils sont disposés à apporter leur contribution. D’ailleurs, on a vu que les appels lancés par Xavier-Luc Duval en faveur de la sécurité des retraités – qui, finalement, n’auront pas à se déplacer pour toucher leur pension à la poste – ont été entendus.

Outre les déclarations faites de part et d’autre, le Parlement constitue le cadre officiel permettant à l’opposition d’interpeller le gouvernement. La fermeture de l’Assemblée nationale en attendant la levée du Lock Down a été diversement accueillie. L’ancien président de la République, Kailash Purryag, affirmait cette semaine que l’exemple vient d’en haut et qu’on ne pouvait inciter la population à rester en confinement alors que les parlementaires continuaient à travailler comme si de rien n’était, mettant leur propre santé et celle du personnel du parlement en danger. En plus des procédures suivies pour suspendre le Parlement, ce qui est contesté, la question qui se pose est : peut-on créer un vide dans l’opposition et empêcher que le gouvernement ne rende compte des initiatives et décisions prises pendant cette période de crise sanitaire?

Plusieurs propositions ont été formulées comme pourquoi ne pas maintenir un Parlement squelettique en respectant le quorum requis durant lequel le gouvernement pourrait répondre aux questions de l’opposition. Xavier-Luc Duval et Navin Ramgoolam sont en faveur d’un Parlement virtuel comme le parlement européen. Paul Bérenger a proposé hier l’institution d’un comité parlementaire habilité à questionner le gouvernement sur les mesures qui ont été prises et qui seront mises en œuvre. L’idée derrière toutes ces propositions est de créer une intelligence collective et nationale afin de mieux s’équiper intellectuellement et démocratiquement pour faire face à la situation. Est-ce que chacun pourra mettre son ego de côté et dépasser l’enfermement politique pour accepter une collaboration sincère? Il serait dangereux de mettre la démocratie en confinement.

Alors que la situation actuelle se présente comme une montagne à gravir, terminons par une pensée de Confucius : « Le bonheur n’est pas au sommet de la montagne mais dans la façon de la gravir ».

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