Paul Bérenger “pas convaincu” par la présentation de lundi

Paul Bérenger, leader du MMM, précise que son parti n’est pas contre le projet de Metro Express “à condition qu’il soit bien fait.” Aussi, pas convaincu par les explications fournies, lundi, lors de la présentation du projet, le leader des mauves trouve que la population, “qui a vu le gouvernement en poste à l’oeuvre depuis deux ans et demi”, doute que celui-ci puisse faire un succès de ce projet de mode alternatif de transport en commun par voie ferrée. Il s’insurge que, contrairement à ce qui avait été promis, l’étude réactualisée de faisabilité n’a toujours pas été rendue publique. Pour lui, tel qu’il a été présenté, lundi, le projet “offre tous les risques d’une catastrophe financière.”
Paul Bérenger considère que la présentation, lundi, du projet de mode alternatif de transport en commun baptisé Metro Express a été tout sauf convaincante. Alors que, souligne-t-il, le ministre du Transport, Nando Bodha s’est maintes fois engagé à rendre publique l’étude réactualisée de faisabilité réalisée par les consultants de Singapore Corporation Enterprise (SCE), il était, selon lui, “indispensable” de la rendre publique lundi même, lors de la cérémonie de signature du contrat pour la conception et la réalisation du projet.
Le leader du MMM indique que cela aurait permis une comparaison avec l’étude initiale de faisabilité soumise en 2013 par le même cabinet de consultants singapouriens. Il souligne qu’il est ainsi contraint de faire ses commentaires sans avoir pu, d’abord, établir la comparaison entre ce qui est proposé dans les deux études. Dans ses commentaires sur la base de la présentation faite lundi, Paul Bérenger se dit, ainsi, “époustouflé” par le choix des autorités de citer en exemple le tramway d’Édimbourg en Écosse comme modèle de ce qu’elles envisagent pour Maurice.
Le leader des mauves souligne, notamment, qu’à Édimbourg, le projet dont le coût initial était estimé à £ 375 millions pour un tracé de 14 km a fini par coûter £ 676 millions, soit Rs 34 milliards. Il argue que dans ce même cas, le projet a été complété dans un délai contractuel deux fois plus étendu qu’initialement prévu. Il souligne qu’il est question, dans notre cas, d’un tracé long de 26 km. Paul Bérenger remet aussi en question l’affirmation conjointement soutenue par le Premier ministre Pravind Jugnauth et le ministre Bodha à l’effet que le contrat alloué en est un agréé sur un “fixed price basis.”
Pour lui, un tel accord ne peut être “que sur papier.” Le leader du MMM cite, là encore, l’exemple d’Édimbourg où, explique-t-il, à la suite d’un arbitrage indépendant sur plusieurs points, de grosses sommes additionnelles ont dû être payées aux contracteurs. Aussi, pour lui, l’affirmation des autorités à l’effet que pour le Metro Express, pas un sou en plus que les Rs 18,8 milliards agréées ne sera payé à Larsen & Toubro, la société indienne ayant décroché le contrat, n’est qu’un “very bad joke.”
“Rs 18,8 milliards que sur papier”
Paul Bérenger soutient que divers éléments n’auraient pas été considérés dans le prix contractuel comme, selon lui, le nécessité d’une consolidation du pont de Sorèze où le Metro Express passera. D’autant que, dit-il, les autorités ont choisi de ne pas tenir compte des Rs 4 milliards des Preliminary General Costs qui avaient été prévus dans le rapport initial de faisabilité.
Aussi, soupçonne-t-il que ce sont des corps parapublics tels la Road Development Authority (RDA), la Central Water Authority (CWA) ou le Central Electricity Board (CEB) qui devront débourser pour ces travaux préliminaires. Paul Bérenger dit aussi s’étonner que dans leur présentation, les autorités prévoient des “profits miraculeux” dès la première année d’opération du projet. Il doute qu’en dépit du généreux don indien de Rs 10 milliards au projet, celui-ci soit viable.
De même, il s’étonne que les recettes publicitaires amènent des rentrées annuelles de Rs 100 millions alors que, selon lui, les estimations de l’étude de 2013 ne prévoyaient que des recettes de Rs 30 millions. Et cela, dit-il, alors même que par rapport au projet initial, le nombre de trams est passé de 25 à 18. Tout compte fait, Paul Bérenger entrevoit avec ce projet “tous les risques d’une catastrophe financière” qui, selon lui, “nécessitera des milliards de subventions.”
Ayant vu, dit-il, le présent gouvernement à l’oeuvre depuis deux ans et demi “avec, notamment, d’innombrables soupçons de malversations”, la population, selon Paul Bérenger, doute qu’il peut faire un succès de ce nouveau mode de transport en commun par voie ferrée. Même s’il concède que le contrat est dorénavant bel et bien signé, le leader des mauves pense que le PM aurait dû avoir sollicité un mandat de l’électorat avant d’aller de l’avant avec ce projet. D’autant que, dit-il, son actuel mandat arrive techniquement à terme en 2019 et que lors des dernières élections, le gouvernement au pouvoir avait fait campagne contre le projet de Metro Léger.
Citant l’exemple de ce qui se faisait, dit-il, du temps du gouvernement MSM/MMM de 2000 à 2005 quand, assure-t-il, en matière de projet de mode alternatif de transport, tout se faisait “scientifiquement et par étapes”, Paul Bérenger affirme, quand même, que le MMM est en faveur du principe d’un Metro Express “qui n’est, en fait, qu’un Tramway Express” à la condition que le projet soit “bien fait.” Paul Bérenger pense qu’il est toujours temps de rendre publique l’étude réactualisée de faisabilité. “Mieux vaut tard que jamais”, dit-il à ce sujet.
Par ailleurs, alors qu’il était, au départ, question que l’opération des lignes soit confiée à Delhi Metro Corporation, Paul Bérenger rappelle qu’il avait, lui, suggéré que pour des raisons pratiques, une seule société soit chargée tout à la fois de la conception du projet, de sa réalisation technique et de sa mise en opération. Selon lui, cela aurait évité qu’un opérateur tiers ne trouve à en redire quant à ce qui aura été préalablement conçu et mis en place.
Carburants: “Hausse inacceptable
et injustifiée”
Commentant, dans un autre ordre d’idées, la hausse décidée, vendredi, des prix de l’essence et du diesel à la pompe, Paul Bérenger parle de décision “inacceptable et injustifée” compte tenu, dit-il, de la stabilité des prix du carburant sur le marché intermational. D’autant que, rappelle le leader du MMM, au mois de février dernier, les prix de l’essence et du diesel avaient déjà connu une majoration de 10%, soit le pourcentage maximal de hausse autorisé en un temps par la loi.
Alors que, souligne-t-il, le Build Mauritius Fund a été aboli et ses fonds énormes transférés au budget national, Paul Bérenger estime qu’à défaut, les autorités auraient pu, au moins, décider de l’abolition de la surcharge de Rs  4 par litre de carburant.
Le leader du MMM regrette, par ailleurs, le “manque de dialogue” des autorités de la Santé dans le litige qui les oppose ces jours-ci aux syndicats des médecins par rapport à l’entrée en vigueur du Shift System. Paul Bérenger dénonce surtout ce qu’il estime être “le comportement enfantin” du ministre de tutelle, Anwar Hunsnoo, qui a insisté pour que les syndicats soient représentés aux négociations par trois représentants, et non cinq. Aussi, demande-t-il au ministre qu’il “change d’attitude” et “débloque la situation.”
Même si, pour lui, “les médecins n’y sont pour rien”, le leader des mauves reconnaît, par ailleurs, que les patients des hôpitaux publics “souffrent beaucoup” du présent système de Santé. Il enchaîne en se disant “choqué” par l’affaire d’un appareil de respiration artificielle qui aurait été “prêté” à une clinique privée. Une “pratique courante”, selon un porte-parole se prononçant sous le couvert de l’anonymat. Citant l’exemple de l’hôpital de Flacq, il a dénoncé le fait que, selon lui, certains hôpitaux régionaux sont plus sous équipés que d’autres.
ÀWeek-End qui lui faisait remarquer qu’il y a aussi des régions qui ne disposent même pas d’un hôpital régional, le leader du MMM a répondu: “Nous ne pouvons avoir des hôpitaux partout.” Paul Bérenger annonce, enfin, qu’il viendra “en temps et lieu” avec une conférence de presse pour parler exclusivement de “l’échec” du gouvernement et du ministre des Services publics Ivan Collendavelloo par rapport à leur promesse d’une fourniture d’eau potable en 24/7 à toute la population.

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