PAUVRETÉ : Verger, la cité qui ne sort pas de l’impasse

Avoir un toit au-dessus de la tête est le moins qu’une famille peut espérer. Mais qu’en est-il de celles qui vivent sous un toit à moitié effondré ou dans deux pièces sans électricité, et sans de quoi se mettre sous la dent ? Difficile d’y croire dans une ère où Maurice embrasse nombre de développements économiques et infrastructurels. Pourtant, c’est le cas de quelques familles à la Résidence CHA à Verger, Goodlands.
À la Résidence CHA à Verger dans le nord-nord-est de l’île, le temps semble être figé. Rien ne ressemble au Goodlands que tout le monde connaît. Attirant au premier abord pour son Historique Marine, le village cache une autre vérité : celle de la réalité de certains habitants qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. ? “Nous vivons dans ces trois petites pièces que vous voyez. Nous avons perdu tous les meubles que nous possédions car la dalle fuit. Quand il pleut, l’eau s’accumule et détruit nos effets personnels. Dans pas longtemps, nous n’aurons plus de toit”, déplore Kevin Geanmore, 26 ans, issu d’une famille pauvre et d’une fratrie de quatre enfants.
À peine le seuil de la demeure des Geanmore franchi, on aperçoit une petite demoiselle assise sur l’une des deux uniques chaises que possède cette famille. À 14 ans et comme tous les ados de son âge, elle est loin d’imaginer ce qu’endurent ses frères aînés pour subvenir aux besoins de la famille et pour sortir de la misère. “Après le décès de mon père, nous sommes restés livrés à nous-mêmes. La vie est devenue encore plus compliquée. Ma mère ne peut malheureusement pas travailler car elle est malvoyante. Avec mes frères, nous faisons tout ce que nous pouvons pour que ma petite soeur n’ait pas à vivre tout ça. Elle est très jeune. C’est important pour nous qu’elle aille à l’école décemment et qu’elle ne manque de rien”, se lamente Kevin. Par manque d’argent, ils ne peuvent offrir à leur soeur le confort d’une vraie maison.
Au jour le jour.
Ne pouvant compter sur un travail stable, ils essaient tant bien que mal d’avoir un quotidien meilleur. “Cela fait longtemps que nous dormons sur des matelas à même le sol et tous dans une chambrette. Nous protégeons nos vêtements contre l’eau dans un meuble presque démoli”. Debout dans la pénombre de sa modeste cuisine, le jeune homme ne compte pas lâcher l’affaire. Il nous montre les quelques briques posées à l’arrière-cour de leur terrain. “Nous espérons vite sortir de là où nous vivons. C’est dangereux d’y vivre. Ce n’est pas évident de trouver les sous pour les vivres et d’acheter les matériels de construction. Nous nous sommes arrêtés au soubassement”.
Un sentiment d’abandon.
À quelques mètres des Geanmore, les Pierre Louis sont d’autres oubliés du développement. Il suffit de regarder leur bicoque pour comprendre dans quelles conditions ils vivent. Brunette Pierre Louis partage deux pièces et une paillote en tôle avec cinq autres membres de sa famille. “Depuis trente ans, je vis au jour le jour et avec rien en poche. Je mendie pour avoir de quoi manger ou sinon c’est ma soeur et ma belle-soeur qui me nourrissent. Je n’ai ni plaque à gaz ni électricité chez moi. Chaque jour est une vraie bataille”, dit-elle en nous faisant faire le tour de ses deux pièces sens dessus dessous et parsemées de résidus de bougies. Comme elle, Deepah Pierre Louis, sa belle-soeur, vit dans la crainte de voir le plafond de la chambre qu’elle partage avec sa mère handicapée s’effondrer. “Je m’occupe de ma maman et avec sa pension, nous nous achetons de la nourriture. La vie de tous les jours s’est transformée en un calvaire”.
“Personn dan site pa ed nou”, se lamente Sylvie Pierre Louis, soeur de Brunette. Sans le généreux soutien du patron de cette dernière, elle n’aurait jamais pu finir ce qu’elle a essayé de construire depuis plusieurs années. Le tas de débris laissés à l’entrée est tout ce qui reste de son ancienne maison. “Pour l’instant je suis obligée de louer une maison non loin d’ici car je n’ai plus un coin où dormir. Dans quelques mois, j’aurai enfin une maison convenable. Sans l’aide de mon chef, je n’aurais pu jamais finir la construction. Il s’occupe de tout”, dit la jardinière.

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